"Hypolite Worms, en adjoignant la Banque à la Maison,
lui donna une seconde naissance, et à la lettre, la recréa."
Francis Ley, fondé de pouvoirs de la Banque Worms, 1978
1919
Reprise des lignes régulières avec les 13 unités rescapées et le renfort de navires affrétés : ancrés au Havre et à Bordeaux, les services maritimes couvrent la façade occidentale de la France, et assurent la desserte régulière de Nantes, Brest, Boulogne et Dunkerque. L'activité est soutenue par les besoins en matériaux nécessaires à la reconstruction des régions de l'Est et du Nord. Réouverture des liaisons entre Dieppe et Grimsby, entre Newport, Swansea (canal de Bristol), Caen et Le Havre. Grangemouth, deuxième port d'Écosse, est intégré à ce réseau. Participation de la Maison à la constitution du Consortium économique, agricole et forestier de la Russie et de la Pologne (début d'année).
Guerre russo-polonaise (février 1919-mars 1921)
Ouverture d'une succursale à Rotterdam (mars), où se concentre un trafic considérable de navires, occasionné par les prochaines expéditions en France des charbons de réparations de la Ruhr (200 à 250.000 tonnes par mois) et l'importation massive par la Hollande de marchandises américaines, mouvement auquel la Maison prend part en même temps qu'elle relance sa liaison maritime avec Le Havre, interrompue durant les hostilités. Une succursale est également fondée à cette époque, à Hambourg. Rachat d'une usine de fabrication de briquettes et de boulets de charbon à Bayonne (avril).
Guerre gréco-turque (mai 1919-juillet 1923)
Traité de Versailles (28 juin) : création de la Société des Nations, remaniement des frontières européennes (restitution de l'Alsace-Lorraine à la France, octroi à Dantzig du statut de ville libre, émergence de la Pologne, Tchécoslovaquie, Yougoslavie, Finlande, États baltes...), démantèlement de l'empire ottoman (Irak, Jordanie, Syrie, Liban...), sanctions économiques à l'encontre de l'Allemagne (occupation de la Ruhr par les troupes belges et françaises...)
Baisse de la production minière en Angleterre et chute des exportations (- 52%), lesquelles se trouvent soumises à des mesures de restriction : établissement d'une liste de "prioritaires" à qui les autorités britanniques accordent le droit de chargement
Pourparlers avec le Coal Controller en Angleterre qui refuse de reconnaître à la Maison sa qualité d'"exportateur" (juillet). Enquêtes conduites par Bordeaux et Bayonne en vue d'introduire la houille espagnole sur les marchés locaux ; les charbons américains apparaissent également comme un remède pour combler le déficit important de la production minière française. Ouverture d'une succursale à Anvers (août), port vers lequel est dérivée une partie des expéditions des charbons allemands de la Ruhr ; l'établissement est chargé de l'agence des navires Worms de la ligne de Bordeaux. Fondation d'une succursale à Dantzig, choisi comme tête d'une ligne nouvelle sur la Pologne et la Prusse orientale, avec escale éventuelle à Königsberg. Démarches auprès de l'administration en Angleterre et en France pour obtenir les licences d'exportation de charbon (octobre). Pression des industriels bayonnais en vue d'obtenir le rétablissement des liaisons maritimes avec les ports français (novembre). Installation de la Maison à Arkhangelsk, afin de marquer sa place sur le trafic russe. Voyage du "Séphora-Worms" de Boulogne à Riga avec du matériel de guerre à l'aller, et du lin au retour ; achèvement de la construction des bâtiments et des installations des chantiers navals du Trait, où une mutuelle de santé, La Fraternelle, est créée (décembre).
1920
Élection d'Hypolite Worms comme membre du conseil d'administration et du comité exécutif du Comité central des armateurs de France. Poursuite du mouvement d'implantation en Europe centrale : à Varsovie et à Prague (février), établissements ayant pour mission de drainer du fret dans l'arrière-pays pour alimenter les lignes de Dantzig et de Hambourg ; création de la succursale de Duisbourg, située au coeur de la Ruhr, où la Maison réceptionne, pour le compte des services publics (Société gazière d'achats en commun des charbons et Office des charbons des secteurs électriques) les « charbons de réparations » dont elle prend en charge le transport jusqu'à Anvers, Gand ou Rotterdam et qu'elle expédie, après transbordement, de Dunkerque à Marseille ; des agences sont également ouvertes à Lille et à Strasbourg, afin de prendre part au transit de marchandises par Dunkerque, Boulogne, Le Havre, Anvers et Rotterdam ; conjointement, la succursale de Bordeaux essaime à Toulouse et à Rochefort pour intensifier la vente du charbon au détail, et une agence voit le jour à Lyon. Participation à la fondation de la Chambre de commerce franco-polonaise (mars).
Embargo sur les exportations de charbon depuis Cardiff, Newcastle et l'Écosse (février-mars)
Multiplication par 6 du cours moyen de la tonne de houille vendue par les négociants-importateurs
Pose de la première quille (cale n°3) aux Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime (6 mai) ; faillite de l'entrepreneur en charge de la construction de 240 logements au Trait, seule une rue est terminée et une quarantaine d'habitations reste inachevée. Non moins de 40 établissements secondaires sont inscrits au registre analytique au nom de Worms & Cie (septembre), la Maison est agent central - entre autres - de Cosmopolitan Line (U.S. et Europe) ; Steven Line (U.K. et continent) ; Det Bergenske Dampskibsselskab (côte ouest de Norvège) ; Société anonyme de Varsovie pour le commerce et la navigation... Nomination d'Hypolite Worms au sein du Comité consultatif des charbons (novembre). Rachat par celui-ci des parts détenues dans le capital par Marie Lucy Errington Josse, décédée le 6 mars 1919.
1921
Acquisition des "Caudebec", "Jumièges" et "Yainville" ; navires adaptés aux chargements lourds ou encombrants (ciment, chaux, plâtre, fer, dont les régions dévastées ont besoin), ils sont affectés à la ligne sur la Baltique et au transport du bois de Pologne. Ouverture d'un comptoir à Haïfa (Israël) depuis Port-Saïd, et d'une agence à Limoges, depuis Bordeaux, pour fournir les porcelainiers. Inscription de la construction navale dans l'objet social de la Maison (janvier).
Alliance militaire franco-polonaise (19 février)
Participation à la constitution de la Société normande de distribution d'eau, de gaz et d'électricité, fondée par la Société lyonnaise des eaux et de l'éclairage (février).
Grève conjointe des syndicats des mineurs, des cheminots et des transporteurs
au Royaume-Uni (avril)
Ébranlée par les arrêts répétés de la production des houillères britanniques, la Maison est approchée par les producteurs des mines de la Sarre, qui tentent de s'imposer contre les charbons anglais, à Marseille et à Bordeaux notamment ; des négociations s'engagent au fil desquelles le siège, pour éviter qu'un concurrent n'emporte le marché, donne un accord de principe mais à la condition d'obtenir l'agence exclusive pour la vente des fournitures de soute. La Maison se charge par ailleurs de l'envoi dans la Sarre de 120.0000 à 250.000 tonnes par an de poteaux de mines landais, par l'intermédiaire des succursales de Bordeaux et de Rotterdam, laquelle organise avec Duisburg et Anvers le transport des charbons sarrois sur la France. Annonce dans les journaux locaux du départ du Havre des vapeurs "Suzanne-et-Marie" pour Dunkerque et Dantzig, "Pomerol" pour Hambourg, d'une desserte de Brême, du départ des "Listrac" pour Rotterdam et Anvers, "Bidassoa" pour Boulogne et Bordeaux, "Haut-Brion" pour Nantes, "Pessac" pour le canal de Bristol, "Ville-de-Caen" pour Brest et Lorient, "Ita" pour Dublin et "Cérès" pour l'ouest de la Norvège-Islande, ces trois derniers cargos étant affrétés (novembre). Lancement de la première unité construite par les Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime (29 novembre), le "Capitaine-Bonelli", cargo-charbonnier de 4.700 tonnes, destiné à la société de navigation, Les Armateurs français ; la mise à flot a lieu en présence de nombreuses personnalités, dont Alphonse Rio, sous-secrétaire d'État à la Marine marchande, Hypolite Worms, Georges Majoux et Henri Nitot, secrétaire général des ACSM. Et la presse de décrire le Chantier érigé sur 24 hectares, avec ses huit cales de construction, ses ateliers, sa scierie... et aussi la nouvelle cité conçue pour accueillir une population passée de 380 à 3.000 habitants et comptant 200 maisons ouvrières, divisées en plus de 300 logements, toutes agrémentées d'un jardin, une école ménagère, un dispensaire, des magasins, un cinéma...
Réduction de moitié des exportations de charbon vers la France durant l'année ; cette pénurie et la crainte qu'elle inspire enclenche un mouvement de surproduction des houillères françaises
1922
Lancement par les Chantiers du Trait du "Chef-Mécanicien-Armand-Blanc" pour le compte de la Société commerciale du Nord (février). Après la ligne sur Dantzig et Königsberg (que la Compagnie générale transatlantique tente de concurrencer), création d'un seconde service sur les Pays baltes, comprenant une desserte Le Havre-Reval (Tallinn, Estonie) et Riga (Lettonie), et des escales éventuelles à Memel, Libau... ; le premier départ sur la Lettonie est effectué par le "Yainville" (mars). Inauguration d'un service (étroitement lié à la Compagnie générale transatlantique) sur les ports compris entre Dunkerque et Bordeaux par un armement nouvellement créé, la Compagnie nantaise de navigation à vapeur ; en riposte, "La-Mailleraye", caboteur acheté en Hollande et spécialisé dans le tramping, est placé en renfort sur la ligne Worms. Reprise par Asiatic Petroleum Cy, filiale du groupe Shell, de l'organisation que Worms & Cie a constituée depuis 1898, en sa qualité d'agent général en Égypte, Palestine et Syrie (soit 65 agences ou sous-agences créées par la Maison, au Moyen-Orient) - conservation par la succursale de Port-Saïd de la consignation des tankers et des opérations de transit par le Canal (avril).
Conférence de Gênes (10 avril-19 mai) regroupant les représentants de 34 pays (à l'exception des États-Unis) et visant à rétablir la stabilité monétaire par la mise en place d'un système de conversion des monnaies soit en or, soit en une devise-clé
Lancement au Trait du "Capitaine-Le-Diabat" pour le compte de la Société commerciale du Nord (mai). Négociations avec le ministère de la Marine au sujet du contrat d'approvisionnement, à Beyrouth, des bâtiments de la division navale basée en Syrie (juillet). Mise en service du "Léoville" (septembre) et du "Sauternes" (novembre), premiers d'une série de 4 cargos de faible tonnage, mais relativement rapides, commandés par la Maison aux ACSM et destinés à livrer des marchandises diverses le long des côtes françaises. Abandon de l'accord de représentation avec les Mines de la Sarre, à Marseille, où les navires étrangers préfèrent faire leurs soutes en charbon anglais et alors qu'un nouveau rival, la Société nouvelle d'affrètement (subordonnée au PLM) s'installe dans le port phocéen (octobre). Création, au Havre, de la Direction générale des services maritimes, confiée au commandant Robert Delteil, cette initiative est prise en raison de l'extension des lignes de navigation. Dissolution de la Société d'études industrielles et commerciales à la fondation de laquelle la Maison a participé en 1918 (décembre).
1923
Entrée en flotte du cargo "Pontet-Canet" (ex-"Viola", cédé par l'État). Mise à l'étude de différents projets de transport de charbon de Ludwigshafen (en face de Mannheim sur le Rhin) à Bordeaux, via Rotterdam, et de poteaux de mines sur wagons depuis Bordeaux à Ludwigshafen. Livraisons occasionnelles de charbon de la Sarre, à Marseille et à Bordeaux, où la Maison veut rester importateur de charbons anglais. « Il n'est pas de bonne politique pour nous, estime-t-elle, d'essayer d'implanter [ce] charbon au détriment de nos combustibles anglais. » Lancement par les Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime, du "Barsac" (janvier) et du "Cérons" (juin), troisième et quatrième unités de la série inaugurée en 1922 (janvier). Réouverture par le "Sauternes" du service direct Bordeaux-Anvers qui existait avant guerre : les départs auront lieu tous les 14 jours, et, s'intercalant avec ceux de la ligne Bordeaux-Dantzig, permettront d'assurer des relations hebdomadaires entre Bordeaux et Anvers (mars). Lancement par les ACSM du "Capitaine-Jean-Laborie" pour le compte de la Société commerciale du Nord (20 mars) et du "Dionée" pour le compte de la Compagnie africaine d'armement (27 novembre) - nouveau programme de construction de logements donnant naissance au quartier baptisé "Les Américains", au Trait, mise en service du "car bleu" permettant le désenclavement du village. Accord avec la Nantaise visant à éteindre la concurrence exercée par cette compagnie sur les lignes Worms entre Dunkerque et Bayonne (août). Fondation d'une agence à Gand (Belgique) et à Alexandrette (Syrie) ; fermeture de celles de Saint-Nazaire, Lille, Arkhangelsk et Le Caire (novembre). Report des succursales d'Alger et de Port-Saïd sur les activités maritimes en vue de compenser le recul inéluctable du charbon dont Worms demeure le principal fournisseur dans la zone du Canal.
Retour en force du charbon anglais sur le marché français : inquiété par l'agressivité de ses concurrents, le Royaume-Uni augmente ses exportations dans des proportions jamais atteintes, ce mouvement vient compenser le déficit causé en mai par la grève des mineurs de la Ruhr
1924
Lancement par les Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime, du "Vaccares" pour le compte de la Société anonyme de navigation Daher (5 janvier), du "Balidar", pour celui de la chambre de commerce de Dieppe (3 septembre) et du "Leo", armé par Det Bergenske Dampskibsselskabs A/S - Norvège (14 décembre) ; transformation de La Fraternelle en société de prêts immobiliers afin de permettre à la population du Trait d'accéder à la propriété. Naufrage du "Hypolite-Worms", le plus ancien navire de la flotte (42 ans), suite à son abordage par le vapeur anglais "Sarthe", au large du cap de La Hève (Le Havre). Prise de contrôle de la Compagnie rouennaise de déchargements, en partenariat avec Powell-Duffryn et par l'intermédiaire de la Compagnie charbonnière de manutentions et de transports (mai). Livraison par les Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime du "Château-Lafite", premier de deux navires spécialement conçus en vue de desservir les ports de la Baltique, y compris Petrograd (juin).
Fermeture momentanée ou définitive, au cours du 1er semestre, de 300 à 400 puits miniers en Angleterre. Nomination de Winston Churchill en tant que Chancelier de l'Échiquier (mai). Dévaluation du franc-or qui ruine la bourgeoisie rentière française (juin)
Adoption du plan Dawes : réévaluation du montant et rééchelonnement du paiement des réparations de guerre dues par l'Allemagne sur cinq ans, évacuation de la Ruhr par les troupes belges et françaises... (juillet)
Dépôt au conseil de Prud'hommes du Havre de la marque "Boulets Worms" et "Anthraboulets Worms" (juillet). Fermeture de l'agence de Beyrouth et cession du matériel d'acconage(1) à la Société France-Méditerranée (décembre). Concurrence de la Compagnie générale transatlantique sur la ligne de Dantzig. Ouverture d'une succursale à Mersina, en Turquie. Projet de création de dépôts charbonniers à Port Soudan et à Perim (mer Rouge) en représailles de la concurrence exercée depuis ces ports contre la succursale de Port-Saïd. Projets d'entente avec plusieurs mines allemandes. Intense activité de la Maison en mer du Nord suscitée, d'une part, par les achats, pour compte français, de charbon auprès du Kohlensyndikat d'Essen ou de groupes industriels tels que Klöckner-Duisbourg..., et, d'autre part, par la consignation de navires, ainsi ceux de la Compagnie navale Delmas-Vieljeux assurant la livraison à Rotterdam de cargaisons de bois de l'AOF.
Augmentation de la production des houillères françaises. Abondance du charbon sur le carreau des mines de la Ruhr et de la Pologne.
1925
Entrée de Worms & Cie (aux côtés de Lazard Frères & Cie) dans la Société financière française et coloniale, holding du groupe Octave Homberg, spécialisée dans le développement des relations commerciales avec les pays d'outre-mer - particulièrement l'Indochine. Nomination d'Hypolite Worms à la présidence de la section de cabotage national et international du Comité central des armateurs de France (janvier). Lancement par les Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime, du cargo "Château-Yquem", sister-ship du "Château-Lafite" (février), du "Lynx", pour le compte de Det Bergenske Dampskibsselskabs A/S - Norvège (22 mars) et du "Lucie-Delmas", pour celui de la Compagnie Delmas Frères et Vieljeux (6 mai).
Retour de la livre anglaise à la convertibilité en or sur la base de 1914 (mai-décembre) : cette mesure aboutit à la déflation, au chômage et à la grève qui va paralyser
la Grande-Bretagne en 1926
Départ en retraite de Georges Majoux, associé spécialement chargé des Chantiers du Trait ; sous sa conduite, 24 unités, de divers types, ont été lancées, et le village du Trait est devenu une "cité-jardin" ouvrière de près de 4.000 personnes ; les droits de G. Majoux sont cédés à Hypolite Worms (2/3) et à Michel Goudchaux (1/3) et un nouvel acte de société est signé : 20 succursales sont dénombrées en France et 17 à l'étranger ; la flotte se compose de 23 navires qui totalisent 43.350 tonnes, soit 40% de plus qu'en 1914. Lancement par les ACSM du "Nova", armé par Det Bergenske Dampskibsselskabs A/S - Norvège (26 juillet), du "Rennes", destiné aux Chemins de fer de l'État (23 août) et du "Ostrevent", propriété de la Société des hauts-fourneaux, forges et aciéries de Denain & Anzin (30 septembre). Nomination d'Hypolite Worms au poste de trésorier du Comité central des armateurs de France. Vers cette époque, le chef de la Maison fait part à l'un de ses amis, René Thion de La Chaume, président de la Banque de l'Indochine, de son désir d'ouvrir la gérance de la société à une personnalité extérieure et, ainsi, de renforcer l'équipe dirigeante.
1926
Achat du cargo "Rheinland", mis en service, en septembre, sous le nom de "Lussac" ; il est, avec "Château-Lafite" et "Château-Yquem", utilisé au transport de bois, cellulose et, occasionnellement, de charbon, entre les ports baltes, polonais et français. Élection d'Hypolite Worms au conseil d'administration de la Société française d'entreprises de dragages et de travaux publics - SFEDTP, filiale du groupe Homberg (janvier).
Grève générale en Grande-Bretagne (février-novembre)
Lancement par les Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime, du "Fleurus" pour le compte de Anticosti Shipping Co., Ltd - Canada (28 mars) et du "Soroka", pour le compte de Det Norsk Russiske D/S A/S - Det Bergenske Dampskibsselskab A/S - Norvège (21 novembre). Signature d'un contrat avec la flotte soviétique marchande, Sovtorgflot, par lequel la Maison Worms s'engage à créer et à exploiter, entre Le Havre et/ou Dunkerque, d'une part, et Leningrad, de l'autre, une ligne de navigation régulière, avec départs bimensuels directs, pour le transport des marchandises de "Sovtorgflot" ou de toute autre organisation soviétique établie en France ou en URSS, que celle-ci pourrait confier à "Sovtorgflot" (mai) ; ce service est assuré par les cargos "Yainville", "Jumièges", "Château-Latour", "Caudebec", "Château-Palmer"... Vente à la démolition du "Séphora-Worms", après 35 ans de navigation (novembre).
Chute des livraisons de charbon anglais à la France de 8 millions en 1925 à 2 millions et demi de tonnes ; les 10 mois de grève, par le blocage des chemins de fer et des ports, la paralysie de la navigation, ont entraîné une désorganisation complète du secteur, à l'assaut duquel les houillères continentales se sont lancées
Achat de charbon par les succursales implantées en Allemagne et en Pologne à des producteurs du cru ; entrée en relation avec les Établissements Trautmann (Alsace) dont la Maison reçoit des approvisionnements palliatifs en provenance de la Ruhr et de la Belgique. Décès de Louise Emma Delavigne, fille de Séphora et d'Hypolite Worms (1er du nom) et soeur de Lucien Worms (10 décembre). Cession de la participation de la Maison dans la Société financière française et coloniale.
1927
Desserte de plus en plus espacée de Riga ; en revanche les services maritimes sont régulièrement maintenus sur Dantzig, et plus occasionnellement sur Königsberg et Reval. Liste des agents et correspondants de la Maison, dans les ports où elle n'est pas implantée : Salmon Frères à Lorient, Delmas Frères et Vieljeux à la Rochelle, C.M. Powilewicz à Nice, E. Arnaud à Mazamet, Louis Villeneuve à Sète, The Steven Line à Édimbourg, James & Hoder à Bristol, John Moses (Newport) Ltd à Newport, L.G. Joffreys & Co. à Swansea, Browne Gevelke & Co. à Londres, John Sutchiffe & Son à Birmingham, David Alexander & Sons à Dundee, W. Mac Calla & Co. à Belfast, John O'Sullivan & Sons à Port-Talbot, Minhe à Gand, SA de Varsovie pour le commerce et l'industrie à Lods (Pologne), Det Bergenske Dampskibsselskab à Bergen (Norvège), Steimeyer & Co. à Brême, M. Heinrich à Berlin. Lancement par les Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime, des morutiers "Adriatique" et "Caucasique" pour le compte de La Morue française & Sécheries de Fécamp (1er février). Études sur l'importation du charbon, le maintien ou l'augmentation des droits de douane, réflexions menées avec des organisations professionnelles et les Pouvoirs publics (février-juin). Discours prononcé par Hypolite Worms, aux Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime, à l'occasion du lancement du pétrolier "Loing" pour le compte de la Marine nationale (4 avril). Du Trait est également lancé le "Keret", pour le compte de Det Norsk Russiske D/S A/S - Det Bergenske Dampskibsselskab A/S - Norvège (19 avril). Entrée chez Worms & Cie, de Jacques Barnaud, ancien élève de l'École polytechnique et inspecteur des Finances (mai) ; avant de prendre ses fonctions de directeur général, il effectue un "tour de Maison", qui le conduit aux Ateliers et Chantiers du Trait, puis dans les agences implantées en Angleterre et en Égypte.
Adoption par le gouvernement Poincaré d'une mesure d'exception : le décret du 25 mai 1927, qui soumet les importations de charbon au régime des licences, en clair, au contingentement(2).
Confirmation de Robert Delteil dans ses fonctions de directeur général des Services maritimes. Ouverture d'une agence à Swansea (juillet). Lancement par les Chantiers du Trait des automoteurs citerne "Meuse" (7 juillet), "Moselle" et "Seine" (1er août) pour le compte de l'Union normande. Projet de transporter par mer du charbon en provenance des mines du Nord et du Pas-de-Calais à destination des ports de la Manche et de l'Atlantique : la Compagnie des chemins de fer du Nord souhaite ainsi créer un trafic entre Boulogne et les ports de l'Atlantique. Envoi par Klöckner Reederei & Kohlenhandel GmbH de ses conditions de vente ; cette société deviendra l'intermédiaire de Worms pour ses approvisionnements en charbons allemands (septembre) ; 20.000 tonnes par an sont expédiées à la succursale d'Alexandrie qui les réceptionnent, les déchargent des navires et les met sur wagons.
1928
Achat du navire "Hillglade", rebaptisé "Normanville". Participation à la création de la Société canadienne French and Foreign Investing Corporation (Québec), holding contrôlé par Lazard et chargé de gérer un portefeuille de participations dans des affaires industrielles françaises ou étrangères.
Vote de la charte pétrolière plaçant sous monopole d'État les activités pétrolières : la distribution et le raffinage sont concédés pour des durées respectives de trois et dix ans
aux majors de l'industrie (loi du 30 mars)
Nomination de Jacques Barnaud en qualité de directeur général de la Maison (mai). Lancement par les Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime, du pétrolier "Orkanger", pour le compte de Westfal-Larsen & Co. A/S - Norvège (20 mai) ; avec ses 8.029 tonneaux bruts, ce navire est à l'époque le plus grand construit aux chantiers du Trait, dont Henri Nitot est nommé directeur. Étude pour la création d'un département de banque : devant l'importance prise par le mouvement des fonds de la société, se pose la question des avantages que les départements maritimes, combustibles et de constructions navales pourraient retirer de l'offre de services bancaires à leurs clients (facilités pour le paiement du fret, crédits, escomptes, avances sur marchandises, octroi de délais de paiement...). En outre, « la Maison Worms pourrait prendre des participations dans certaines grosses affaires ou intervenir dans des émissions d'actions ou d'obligations pour compte de compagnies de gaz, d'électricité, d'emprunt de ville et se réserver ainsi la fourniture exclusive du charbon et des transports. Un champ d'activité assez important pourrait être ouvert en Pologne, où l'installation de succursales déjà anciennes permet à la Maison de connaître les usages et la clientèle et d'être à même de répondre aux besoins du pays... » (31 mai). Dans un but exploratoire et d'information, Hypolite Worms et Jacques Barnaud consultent Frédéric Bloch-Lainé et André Meyer, de Lazard Frères, et demandent à André Homberg et Léon Leblanc, de la Société Générale, de leur fournir un cadre de banque.
Stabilisation du franc par Poincaré (25 juin)
Entrée dans la Maison de Ferdinand Vial (4 juillet), ancien inspecteur et directeur d'agences de la Société Générale, avec le titre de chef des Services bancaires, lesquels reçoivent une dotation de 10 millions de francs.
Création des Services bancaires (juillet)
Disparition de Prague de la liste des succursales : pourparlers avec la Maison Danzas en vue de lui céder l'organisation Worms en Tchécoslovaquie.
Vote de la loi Loucheur (13 juillet) : l'intervention financière de l'État permet aux particuliers d'emprunter à des taux réduits et favorise, ainsi, l'accession à la propriété.
Consentement par le Crédit foncier de prêts à la navigation maritime (loi du 1er août)
Désengagement de la Maison de son rôle de promoteur immobilier au Trait grâce aux mesures prises par les pouvoirs publics en matière de financement de logements populaires. Offre de services de la Société charbonnière belgo-westphalienne pour le charbonnage des vapeurs à Anvers et à Gand (août). Licence non exclusive pour la France, les colonies et protectorat, prise en commun par les ACSM et les Ateliers et Chantiers de Bretagne pour les installations de turbines à vapeur d'échappement système Bauer-Wach (octobre). Concurrence exercée par BVN/Saga sur les ventes de charbon au Maroc et en Tunisie, où ils disposent d'un quasi-monopole ; la Maison espère voir se concrétiser les engagements de Schiaffino à organiser des services sur ces deux pays (novembre-décembre). Accord en vue de créer un service commun entre Brême/Hambourg et les ports français avec le Norddeutscher Lloyd, qui vient de lancer une ligne régulière entre Hambourg et Brême, exploitée par la Roland Linie (novembre-janvier 1929). Nomination de Pierre Abbat au poste de sous-directeur des Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime ; lancement du pétrolier "Megara", armé par l'Anglo-Saxon Petroleum Company Ltd. Entente avec la Compagnie générale transatlantique concernant le trafic sur Dantzig et Gdynia. Livraisons à l'Office des secteurs électriques indifféremment en charbons anglais et allemands. Début de l'importation des charbons polonais : 40.000 tonnes ont été vendues au cours de l'année, uniquement pour un usage domestique.
1929
Enquête commerciale en Pologne par les Services charbons : formation éventuelle d'un cartel entre les principaux concurrents de la Maison afin d'« essayer de truster l'importation des charbons » de Haute-Silésie, produits qui, par leur qualité et leur débouché sur le marché intérieur et à l'exportation, sont susceptibles de rivaliser avec la houille anglaise dont les producteurs sont affaiblis par une politique de bas prix (dumping) ; éventualité pour la Maison de « traiter certaines fournitures (constructions navales) avec le gouvernement polonais », qui, confronté à des difficultés de trésorerie, propose de payer une partie de ces fournitures en charbon ; renseignements sur les principales sociétés charbonnières, telle la Bergenske, dont le concours est jugé « précieux » en raison de son volume d'affaires ; référence à G. Le Roy Ladurie, directeur de la Banque franco-polonaise, à Katowice... Organisation du transport du minerai polonais à partir de Dantzig où le département charbons est constitué en société sous le nom d'Akotra. Entrée dans les Services bancaires de Guy Erwyn Marin (janvier). Participation à l'augmentation de capital des Établissements Marret, Bonnin, Lebel & Guieu (fondeurs d'or et clients des Services maritimes pour des transports d'or et d'argent), qui demandent à Worms & Cie de prendre la gérance du syndicat bancaire constitué pour l'émission des nouvelles actions, principalement destinées au développement de la branche bancaire spécialisée dans les opérations traitées avec les diamantaires ; G. Erwyn Marin représente la Maison au conseil. Proposition de reprise d'une ligne circulaire de navigation dans la Baltique suite à la recrudescence de l'activité dans le port de Leningrad (rupture du contrat avec la "Sovtorgflot") ; démarchage de la Société africaine d'importation de charbon et de briquettes du Nord et du Pas de Calais - Safic (février). Participation à la création, à Paris, de la Compagnie charbonnière Klöckner, pour le commerce d'importation et de vente des combustibles en France et à l'étranger, société filiale de la société allemande du même nom, dont la succursale de Port-Saïd est l'agent réceptionnaire depuis 1927 (mars). Lancement par les Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime, du "Basque", premier d'une série de torpilleurs construits pour la Marine nationale (25 mai). Discours prononcé par H. Worms, à l'occasion du « voyage d'études de la commission instituée par l'Association des grands ports français », sur la nécessité pour la survie de la construction navale en France d'être soutenue par l'État ; création à Rotterdam de la Société franco-néerlandaise de finance et de commerce, ayant pour objet les affaires de banque et la participation aux transactions industrielles et commerciales (juin). Gabriel Le Roy Ladurie rejoint les Services bancaires en qualité de fondé de pouvoirs (juillet). Participation, en liaison avec le groupe Lazard Frères et la Société générale, à la création de l'Union immobilière pour la France et l'étranger - Unife, spécialisée dans les transactions immobilières ; lancement par les Chantiers du Trait, du "Mérignac", vapeur Worms conçu spécialement pour desservir les petits ports bretons (octobre).
"Black Thursday" ("Jeudi noir" - 24 octobre) : effondrement de la bourse de New York, déclenchement d'une crise économique mondiale sans précédent
Création de la Direction générale des services charbons, confiée à Louis Vignet (novembre). Cession à Jacques Barnaud de parts de capital de Worms & Cie dont il devient, ainsi, associé gérant aux côtés d'Hypolite Worms et de Michel Goudchaux (décembre). Prémisses du plan de sauvetage de la Compagnie havraise péninsulaire de navigation à vapeur (société exploitant des lignes sur l'Espagne, le Portugal et l'Algérie, sur l'océan Indien et Madagascar, et sur l'océan Pacifique et la rive occidentale de l'Amérique du Sud) : entrevue entre l'un de ses responsables, M. Cangardel, et le chef de la Maison, le premier espérant obtenir du second une augmentation de capital permettant à la CHP, au bord de la faillite (déficit de 4 millions et demi en 1929), d'éteindre les créances occasionnées par la commande de deux cargos aux Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime ("Ville-de-Tamatave" et "Ville-de-Majunga" dont les quilles ont été posées en mai). Retrait de la Société française d'entreprises de dragages et de travaux publics. Les charbons anglais représentent encore 85% des ventes des Services charbons.
1930
Participation à l'augmentation de capital de la Société méditerranéenne de combustibles, d'affrètement et de transit, gérée par Schiaffino & Cie ; entrée au conseil d'administration de la Compagnie charbonnière dunkerquoise, à laquelle est confié le charbonnage des vapeurs Worms à Dunkerque (janvier). Discours prononcé par Hypolite Worms, lors du lancement par les ACSM du "Charles-Schiaffino", « premier bateau construit en France pour un armement algérien, la Société algérienne de navigation pour l'Afrique du Nord, Charles Schiaffino & Cie » (mars). En réponse à la demande du gouvernement, conduite du plan de sauvetage de la Compagnie havraise péninsulaire à laquelle la chute vertigineuse des frets risque de porter un coup fatal : Hypolite Worms réunit un groupe d'investisseurs qui participent au capital d'une société fermière à laquelle sont loués pour une durée de 15 ans les navires, les installations et l'organisation commerciale de la CHP ; dénommée Société d'exploitation de la Compagnie havraise péninsulaire de navigation à vapeur, cette structure est présidée par le chef de la Maison ; les Services maritimes assurent la gérance technique de la flotte et la gestion des agences (avril-juin). Entrée en flotte du "Pomerol", un mois après la vente du vapeur du même nom (juin), et mise en service de son sister-ship "Médoc" (mai), principalement affecté au service entre Le Havre et la Scandinavie. Participation à l'augmentation de capital et entrée au conseil d'administration de la Société française de recherches au Venezuela, société créée en 1929, en relations étroites avec divers milieux pétroliers nationaux (Pechelbronn) et internationaux et particulièrement la Pétrofina. Participation avec ce même groupe à la création d'une société de recherches pétrolières en Iran, la Société franco-persane de recherches (juin). Prise d'une importante participation dans la Société lyonnaise des eaux et de l'éclairage (second semestre). Livraison par les chantiers David & William Henderson & Co., Ltd (Glasgow) des vapeurs "Château-Larose" et "Château-Pavie" (août et septembre). Participation au capital de l'Omnium colonial, à l'occasion d'une réorganisation financière de cette affaire possédant notamment des intérêts à Madagascar, l'un des fiefs de la Havraise Péninsulaire ; fondation, avec le Crédit foncier d'Algérie et de Tunisie et le groupe Schneider, de la Compagnie financière maritime ; réorganisation des Établissements Marret, Bonnin, Lebel & Guieu dont la branche bancaire spécialisée dans les opérations traitées avec les diamantaires se trouve durement touchée par un krach : moratoire accordé par les banques et restructuration des activités et du capital de la société (octobre). Participation à la constitution, à Amsterdam, de la Compagnie centrale des prêts fonciers (fin d'année). Au cours de l'année, la Maison est entrée au capital de la Sociéta Importazione Combustibili, située à Milan et spécialisée dans le négoce de combustibles ; elle a également participé aux avances consenties à Félix Potin et à l'augmentation de capital de l'Union immobilière pour la France et l'étranger - Unife. Elle a par ailleurs importé 15% de la houille polonaise introduite en France.
1931
Création par les Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime d'un nouveau département pour la construction des réservoirs de pétrole et l'exploitation d'un brevet de toits flottants, dits toits Wiggins ; obtention auprès de la Maison Krafft & Weichardt, à Brême, de la licence exclusive des rampes d'amerrissage pour avion, système Hein, laquelle permettra de fournir à la Marine militaire plusieurs voiles d'amerrissage de ce type (février) ; lancement des cargos "Ville-de-Tamatave" et "Ville-de-Majunga", pour le compte de la Compagnie havraise péninsulaire de navigation (22 janvier et 19 juillet), et des sous-marins "Antiope" et "Amazone" pour la Marine nationale (18 août et 28 décembre). Délégation de Guy Erwyn Marin auprès des Établissements Marret, Bonnin, Lebel & Guieu, fortement ébranlés par la crise diamantaire et boursière (février). Participation à l'emprunt international lancé par la Compagnie centrale de prêts fonciers ; souscription à l'augmentation de capital du Portefeuille industriel, société holding dévolue à la gestion des actifs de la famille Petsche, l'un des magnats de l'électricité (avril). Cession par le Consortium de Paris à Worms & Cie d'un fonds de commerce de banque, sis 47, boulevard Haussmann (juillet).
Durcissement des droits d'entrée des marchandises sur le territoire français : le décret du 10 juillet 1931 soumet les importations charbonnières à la délivrance d'autorisations préalables, leur volume total ne devra pas excéder 25 millions de tonnes par an ; le rétablissement du contingentement a pour but essentiel de sauvegarder les houillères françaises, victimes depuis 1929 d'un dumping effréné de la part des producteurs étrangers
Désarmement de 4 vapeurs sur les 7 affectés aux lignes en mer Baltique, conséquence du contingentement appliqué aux bois de cette région et du refus d'autoriser la Maison à charger, hors contingent, et en qualité d'importateur de charbon, de la houille polonaise.
Abandon par le Royaume-Uni de l'étalon or : la livre perd un tiers de sa valeur (septembre)
Suppression par la Compagnie générale transatlantique de l'escale de Bordeaux sur ses lignes de New York et du Pacifique Sud : les Services maritimes qui sont l'agent de cet armement dans différents ports, perdent ainsi une partie du fret transportable et l'aliment représenté par les transbordements dans le port girondin ; mise en dissolution anticipée et en liquidation amiable de la Compagnie havraise péninsulaire de navigation à vapeur (octobre). Concurrence de la Maison Mory notamment au Havre et à Dunkerque (novembre). Projet d'entente avec la Compagnie nantaise de navigation à vapeur (suite de l'accord de 1923) : manutentions à Dunkerque et à Boulogne pour le compte de cette compagnie. Entrée des Services charbons au capital de la Société d'approvisionnement pour le chauffage central, située à Paris. Vente au cours de l'année de 1.200.000 tonnes de charbon dans l'Hexagone ; début de l'importation en France du charbon du Tonkin, dont la qualité rivalise avec celle des célèbres anthracites gallois. Rachat au groupe Homberg, submergé par un krach financier, de la Société française d'entreprises de dragages et de travaux publics - SFEDTP (décembre), cette opération menée avec Lazard Frères et la Banque de l'Indochine, a été précédée par d'autres durant l'année : participation au développement en France de la société hollandaise, Compagnie générale de prêts fonciers, en accord avec le Groupe Kreuger ; reprise au Groupe Bauer-Marchal & Cie du contrôle de la Société immobilière du boulevard Haussmann.
1932
Entrée de Worms & Cie au capital de la Société maritime de charbonnages, située au Havre et spécialisée dans le négoce de combustibles. Absorption de la Société française de recherches au Venezuela par la Société pétrolière française de Caracas. Participation des Services bancaires à l'augmentation du capital de la compagnie Air-Orient, au conseil d'administration de laquelle entre Jacques Barnaud, siège auquel il accède également au Portefeuille industriel (janvier).
Relèvement par le Royaume-Uni de ses barrières douanières (février)
Renflouement de la Société française des sablières (créée en 1920 pour l'exploitation de sablières situées à Gennevilliers). Concurrence acharnée au Maroc sur les charbons industriels (Société marocaine des charbons, Mory et Safip) et sur les charbons domestiques ; réduction des ventes de charbon de soute du fait de la crise et de la concurrence de Gibraltar et d'Oran. Lancement du sous-marin "Oréade" pour le compte de la Marine nationale (23 mai). Proposition du ministère de la Marine marchande de créer une liaison entre Marseille et Riga, via Bordeaux et Le Havre, à laquelle la Maison ne donne pas suite en raison du manque de fret auquel elle est confrontée. Décès de Virginie Marie Adèle Houcke, veuve de Lucien Worms (juin) ; ses droits de commandite sont partagés entre son fils, Hypolite Worms, et ses deux filles. Construction par les ACSM de réservoirs pétroliers, activité développée en raison de la crise qui frappe les chantiers navals (juillet). Entrée dans les Services bancaires de Raymond Meynial (octobre), jeune inspecteur de la Société générale, en remplacement de Guy Erwyn Marin, nommé administrateur délégué des Établissements Marret, Bonnin, Lebel & Guieu. Signature d'un accord entre cette entreprise (dont le montant des créances dépasse le capital social) et leurs banquiers : fixation d'un délai de 5 ans pour l'apurement définitif des engagements. Vente du "Suzanne-et-Marie" à la démolition (octobre) et du "Haut-Brion" (novembre). Participation à l'augmentation du capital de la compagnie Air-Union (novembre). Liquidation volontaire de l'Omnium colonial. Diminution du trafic sur les lignes maritimes : le tonnage correspond à la moitié de celui transporté en 1929 ; contrecoup de la politique de contingentements, il baissera régulièrement jusqu'en 1939.
Les armements maritimes sont assaillis depuis 1931 par une crise de grande ampleur, ayant pour causes : la surcapacité de la flotte, l'accroissement des charges, le protectionnisme douanier, la concurrence des pavillons étrangers, la situation des changes... et pour symptômes : la chute des frets, la baisse du trafic, le désarmement, le chômage des équipages, des dockers, des chantiers navals, le déficit grandissant des compagnies...
Aussi celles-ci réclament-elles que l'État les aide
Nomination d'Hitler comme chancelier allemand (30 janvier), dissolution (1er février)
et incendie du Reichstag (28-29 février), proclamation du IIIème Reich (15 mars)
Accord conclu, à Brême, avec Argo Reederei en vue de constituer un pool pour le transport de phosphates sur les ports français (janvier). Entrée de Worms & Cie au capital de la Compagnie charbonnière dunkerquoise, spécialisée dans la vente des charbons de soute. Intervention dans Estrellas Mining and Finance Corporation, société canadienne créée en 1927 pour la prospection et l'exploitation de gisements miniers, la vente de tous minerais et métaux, et possédant des intérêts dans des affaires minières et agricoles, des compagnies de chemins de fer, d'électricité... Représentation en France des mines du Hongay (Charbonnages du Tonkin) ; la Maison obtient l'exclusivité de la vente de ce charbon. Lancement, par les Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime, du sous-marin "La-Sybille", pour le compte de la Marine nationale (28 janvier). Constitution de la Société centrale pour l'exploitation des lignes aériennes (mai), en application de la politique de concentration des sociétés de navigation aérienne (loi du 11 décembre 1932), laquelle aboutit à la création d'une compagnie unique (août), avec participation de l'État dans la gestion et le contrôle ; dénommée Air France, cette nouvelle structure regroupe diverses sociétés, telles Air-Union et Air-Orient dont la Maison détient une part de capital ; en tant qu'actionnaire fondateur d'Air France, celle-ci est représentée au conseil d'administration en la personne de Jacques Barnaud.
Proposition de loi Tasso (3 juillet) : allocation accordée à la Marine marchande sous pavillon français, calculée sur le tonnage brut des flottes subventionnées et versée par la caisse de compensation, sur les fonds provenant des surtaxes douanières. Divers problèmes agitent la profession et les média, telles la nécessité de constituer des états-majors et des équipages exclusivement français pour bénéficier de l'aide et surtout l'exclusion des bénéfices de cette loi de la "navigation réservée", qui inclut le cabotage
Discours d'Hypolite Worms prononcé aux Chantiers du Trait, à l'occasion du lancement du navire de recherches océanographiques, "Président-Théodore-Tissier", seul bâtiment de ce type construit avant-guerre et destiné à l'École navale : « Je ne puis vous cacher l'inquiétude profonde que j'éprouve à considérer la situation actuelle de la construction navale française » (juillet). Agence des Messageries maritimes confiée à Worms & Cie Hambourg (août) ; la Maison représente également cet armement à Bordeaux et à Hambourg, ainsi que Delmas à La Rochelle-La Pallice.
Remaniement du texte de la loi Tasso en fonction des modifications
apportées par le CCAF (20 octobre)
Vente du "Château-Lafite" à la Marine nationale (novembre 1933). Réorganisation comptable et administrative des succursales charbons - répartition de l'activité en 4 branches : ventes de charbons, fabrication et ventes d'agglomérés, consignations de navires, manutentions pour les tiers. Apport de l'actif de l'ancienne Compagnie havraise péninsulaire de navigation à vapeur - en cours de liquidation - à la Société d'exploitation de la CHP, à charge pour celle-ci de régler le passif ; suite à cette opération, en janvier 1934, la Société d'exploitation, devenue indépendante, modifie son objet social pour se livrer à une exploitation directe et prend le titre de Nouvelle Compagnie havraise péninsulaire - NCHP, cette restructuration étant conduite sous l'égide de Worms & Cie, son principal animateur (décembre).
1934
Constitution du service charbons de Rouen en une succursale distincte compte tenu de son importance croissante. Nomination de la Maison comme administrateur du Comptoir européen de crédit, société fondée par un syndicat d'entreprises françaises, à la tête duquel se trouve Pétrofina, et ayant pour objet de veiller à la compensation des règlements d'affaires traitées avec le gouvernement soviétique : vente de pétrole russe en garantie de commandes passées aux industriels français (février).
Vote de la loi Tasso (30 mars-12 juillet) : aide au réarmement des flottes de cabotage, de long-cours et de grandes pêches par le versement de primes d'exploitation dont l'importance décroît selon que le tonnage du navire augmente
La promulgation de cette loi soulève de vives critiques dans la mesure - entre autres - où elle défavorise les navires de plus de 500 tonneaux, les plus usités pour le cabotage national et international, tels les cargos Worms qui exploitent la ligne Bordeaux-Le Havre-Hambourg, service déficitaire depuis plusieurs années ; en outre le trafic franco-algérien, assimilé au cabotage national, est peu, voire pas aidé. Entérinement par l'assemblée générale extraordinaire de la Société d'exploitation de la compagnie havraise péninsulaire, de sa transformation (depuis le 2 janvier 1934) en Nouvelle Compagnie havraise péninsulaire - NCHP, dont Hypolite Worms est nommé président (fonction qu'il conservera jusqu'à sa mort, en 1962) ; ainsi, la Maison double-t-elle son activité de cabotage par l'exploitation d'une compagnie de navigation au long cours, desservant le golfe Persique, l'océan Indien et Madagascar (mars) ; des accords de pool sont négociés entre la NCHP et la Société des services contractuels des Messageries maritimes, puis avec la Scandinavian East Africa Line. Vente du "Yainville" (avril). Lancement par les Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime du cargo "Le-Trait" (juillet), sister-ship du "Médoc" et "Pomerol", surnommé "le bateau des chômeurs" car la Maison le fit construire pour donner du travail au personnel menacé de licenciement par la crise qui sévit dans le secteur depuis 1930 et contraint les Chantiers, dont le carnet de commandes est vide, à réduire le personnel et les achats extérieurs ; le marasme est tel que les ouvriers sont occupés à des travaux dans la cité. Entrée dans les Services bancaires de Lucien Guérin, spécialisé dans les affaires avec les pays nordiques et Scandinaves (juillet).
Mort d'Hindenburg : Hitler se fait plébisciter comme président (3 août)
Participation à la constitution de la Compagnie minière coloniale, filiale de la Banque de l'Indochine, dont le rayon d'action s'étend aux colonies, pays sous protectorat ou territoires sous mandat français d'Asie, d'Afrique et d'Océanie (août) ; entrée dans le capital de la Société indochinoise d'exploitations minières et agricoles, fondée à Hanoi, et dans celui des Entreprises Albert Cochery, à l'occasion de l'augmentation de capital de cette société ayant pour objet la fabrication et la vente de goudrons et de tarmacadam (octobre). Création à Marseille de la Compagnie de courtage d'assurances et de gestion, en vue d'assurer le placement et la gestion des risques de la Maison Worms (novembre). Intervention dans la réorganisation financière de la Société d'entreprises de grands travaux hydrauliques - EGTH, dédiée à l'exploitation en France, dans les colonies et protectorats, de tous travaux hydrauliques. Fort ralentissement de la succursale de Rotterdam à la suite de la chute des importations de charbons de la Ruhr, problème aiguisé par le fait qu'en vertu d'accords passés entre les gouvernements allemand et belge, ce port perd sa position de leader au profit d'Anvers.
Rattachement des Sarrois à l'Allemagne (janvier)
La direction des Services charbons s'oriente vers la vente de combustibles liquides. Acquisition du contrôle partiel du Portefeuille industriel (janvier). Lancement par les Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime du sous-marin "Vénus", armé par la Marine nationale (avril). Mariage de la fille unique d'Hypolite Worms, Marguerite Viviane Worms, avec Robert Wilfred Kenneth Clive, fils de l'ambassadeur d'Angleterre au Japon (20 avril).
Traité franco-soviétique d'assistance mutuelle (2 mai)
Ouverture d'un compte-courant chez Worms & Cie par la Société tunisienne de l'hyperphosphate Réno (juin).
Accord anglo-germanique autorisant l'Allemagne à se doter d'une flotte (18 juin)
Souscription des Services bancaires à la totalité de l'augmentation de capital de la Société française de métrographie (août). Lancement par les ACSM du pétrolier "Shéhérazade" pour la Compagnie auxiliaire de navigation, navire dont le port en lourd de 18.500 tonnes constitue un record mondial (octobre). Fin de la liaison France-Espagne par Bordeaux et Bayonne : ce service secondaire, qui a toujours été déficitaire, s'est trouvé mis à mal par la politique de restriction imposée aux importateurs par le Royaume-Uni. Concurrence du chemin de fer à l'encontre des services maritimes à Bordeaux, où l'activité est affaiblie par l'arrêt de la ligne Bordeaux-Casablanca par la Compagnie générale transatlantique ; de même à Rouen, où la Maison effectue les manutentions pour le compte de cette compagnie, la CGT, qui exploite une ligne entre ce port et le Maroc, envisage de supprimer l'escale au Portugal. En revanche, un accord de pool sur la desserte Le Havre-Nantes-Portugal est conclu avec la Compagnie nantaise de navigation à vapeur, dont la Maison assure la représentation au Havre.
Ordonnances concernant l'application des lois raciales dans l'empire allemand
(1er septembre-novembre)
1936
Reprise, avec la Société Générale, de la part de Lazard Frères dans l'Union immobilière pour la France et l'étranger - Unife. Obtention auprès du ministère du Commerce par un groupe d'industriels dont Worms, d'une garantie de paiement concernant une commande du gouvernement turc pour la construction de sous-marins, tracteurs, canons et mitrailleuses. Au cours de cette période, la Maison devient distributeur en France des charbons de l'État turc par l'intermédiaire et pour le compte de la Société commerciale franco-turque. Fondation, avec le concours de MM. Johns I. Jacobs, de la Société de courtage et d'affrètement pétroliers - Socap, en vue d'améliorer le ravitaillement de la France en produits pétroliers (janvier). Participation à la création de la Société des transports maritimes pétroliers - STMP : crédit accordé à son président, Pierre Poulain, afin d'acquérir le pétrolier "Brumaire" (février). Blocage des tarifs pratiqués par les entreprises de cabotage pendant la durée des études menées par le comité "fer-air-mer" (février), institué par la loi du 30 octobre 1935. En plus de la concurrence exercée par les chemins de fer, le cabotage national se trouve pénalisé par les subventions allouées aux lignes internationales : ainsi, le transport des marchandises de La Pallice au Havre s'avère-t-il plus coûteux que celui des cargaisons prises à Bordeaux et transbordées au Havre sur les cargos de la Compagnie générale transatlantique à destination de New York (février).
Occupation de la Rhénanie par la Wehrmacht (7 mars)
Acquisition du contrôle la Société française des huiles combustibles, Huilcombus, que les Services charbons se chargent de réorganiser (avril).
Victoire du Front populaire aux législatives en France (26 avril-3 mai)
Participation à la constitution de la Société financière pour le commerce avec l'étranger, dont le but est de favoriser et de financer les opérations commerciales entre la France et l'étranger (mai). Redressement de la Société tunisienne de l'hyperphosphate Réno : réduction, puis augmentation de capital (mai). Projet de regroupement à Nantes des opérations de la succursale avec celles des Messageries maritimes (mai).
Vaste mouvement de revendications sociales et salariales : grève générale, paralysie des ports, occupations d'usines.... Élection de Léon Blum à la présidence du Conseil (4 juin 1936-21 juin 1937). Lois sur les congés payés et les conventions collectives (11-20 juin), instauration des 40 heures de travail hebdomadaire (12 juin), institution de délégués ouvriers dans les établissements industriels ou commerciaux (24 juin)...
Le suivi de ces événements et l'application de la nouvelle réglementation donnent lieu à un échange abondant de correspondance entre Paris, les succursales du Havre, de Bordeaux et Marseille, les filiales (Huilcombus, Compagnie charbonnière du Midi, NCHP...), les confrères de la Maison et les organisations syndicales des secteurs concernés. Remplacement de Ferdinand Vial par Gabriel Le Roy Ladurie à la direction des Services bancaires (juin). Aide financière apportée au Groupe Hubert, spécialisé dans les transmissions électromécaniques (juillet).
Guerre civile en Espagne (17 juillet 1936-1er avril 1939)
Vote de la deuxième loi Tasso (26 août) : dédommagement du supplément de charges
incombant à l'armement au cabotage du fait des contrats collectifs
et relèvement des indemnités accordées par la première loi
Fondation des Nouveaux Cahiers, revue et club de discussion réunissant Boris Souvarine, Raoul Dautry, Jacques Barnaud, Jean Jardin... Ouverture d'une succursale à Lorient ; celles de Lyon, Strasbourg et Prague sont supprimées du registre du commerce (octobre). Acquisition d'un quart du capital des Entreprises de grands travaux hydrauliques, société de travaux publics : barrages, aménagements portuaires... (novembre).
Grève générale des dockers et ouvriers charbonniers à Bordeaux (novembre)
Contribution apportée par la Maison à la réflexion sur les dispositions à prendre en matière de politique pétrolière et de trafic charbonnier, en prévision d'une guerre : « Le problème qui se pose est lié à la nécessité de rechercher et de s'assurer, d'ores et déjà, le tonnage étranger nécessaire pour effectuer le ravitaillement du pays en combustible liquide de toutes espèces, dès le moment de la mobilisation... » (décembre). Établissement d'une ligne maritime Marseille-ports du nord pour compenser l'affaiblissement des échanges commerciaux avec l'Allemagne, la Pologne et les pays baltes (contingentement des importations de bois polonais et baltes). Vente par la Maison en France, au cours de l'année, de près de 1.200.000 tonnes de charbon sur un tonnage total d'importation de 22.200.000 tonnes. Ses achats proviennent majoritairement des mines anglaises et, accessoirement, de houillères allemandes, belges, hollandaises, polonaises, turques et indochinoises.
1937
Redressement de la Compagnie sétoise de produits chimiques (exploitation d'une fabrique de sulfate de cuivre) : règlement du passif et remise en marche de l'activité. Entrée au capital de la Compagnie minière et électrique des Landes (début d'année). Participation à deux augmentations de capital (début d'année et septembre) de la société d'assurances, La Réunion française et compagnie d'assurances universelles réunies, au conseil d'administration de laquelle siège Hypolite Worms (avril). Entrée dans les Services bancaires de Guy Brocard, ex-inspecteur du Crédit foncier d'Algérie et de Tunisie et de la Société générale alsacienne de banque ; participation à la création du Comptoir financier des matières premières (janvier).
Poursuite des mouvements sociaux : ainsi à Bordeaux en février, à Dieppe en avril,
à Nantes en septembre et octobre...
Études, rapports et correspondance entre les syndicats professionnels (personnel navigant, dockers, négociants-importateurs de charbons, ouvriers charbonniers...), le CCAF et Worms Le Havre et Paris au sujet des conventions collectives (conditions d'embauche et de travail, repos compensatoires, salaires...). A ces questions débattues durant toute l'année s'ajoutent celles relatives à l'aide réclamée à l'État pour aider l'armement au cabotage national, menacé par le manque de subventions (lois Tasso) et la concurrence du chemin du fer. Lancement par les Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime des torpilleurs "Incomprise" (avril) et "Bouclier" (mai) pour le compte de la Marine nationale. Vente à France-Navigation (mai) des navires "Ville-de-Mostaganem" et "Ville-de-Sète", achetés à la Société nouvelle de cabotage, en février. Prise de participation dans la Société française des distilleries de l'Indochine (fabrication et commerce d'alcool de riz). Souscription à l'augmentation de capital de la Société tunisienne de l'hyperphosphate Réno (mai) et de la Société française de métrographie (juin). Agence des Messageries maritimes à Nantes (juin). Nomination de Jacques Barnaud au premier conseil d'administration de la Compagnie Air France transatlantique, constituée par Air France et la Compagnie générale transatlantique (juin). Aggravation du déficit des Services maritimes : il atteint 11.000.000 F (contre 1.000.000 F en 1935), en raison de l'accroissement des charges qui pèsent sur l'exploitation des lignes en France (baisse du tonnage transporté, augmentation des prix de manutention dans les ports...). La Maison prévoit de réduire de 6 le nombre de ses navires affectés au cabotage national (juillet) et annonce le désarmement du "Pontet-Canet" et du "Cantenac" (août).
Création de la SNCF entre l'État et les compagnies de chemins de fer (31 août-1er janvier 1938)
Importation sur l'année de 1.630.000 tonnes de charbon dans l'Hexagone (soit 5.46% du tonnage total) : les charbons anglais représentent 60% de ce volume (contre 80% en 1929), le reste étant fourni principalement par l'Allemagne (doublement des achats depuis 1929), la Pologne, le Tonkin et la Compagnie franco-turque. Les Services charbons possèdent des participations dans Huilcombus, le Consortium maritime tunisien, la Société d'approvisionnement pour le chauffage central, les Charbonnages de Provence et la Compagnie charbonnière du Midi.
1938
Prise de participation dans la Société maritime de charbonnages - SMC. Arbitrage avec la Société générale des affaires immobilières de l'ex-Maison Bauer, Marchall & Cie : acquisition du contrôle de l'Union immobilière pour la France et l'étranger - Unife, et avec elle d'intérêts indirects dans la Société immobilière du Boulevard Haussmann et Saint-Lunaire. Poursuite des discussions et négociations avec les représentations syndicales des personnels de la Maison au sujet des conventions collectives (janvier-décembre). Projet de liquidation de la Compagnie nantaise et d'entrée de la Maison au conseil d'administration de la Compagnie des chargeurs de l'Ouest. Réduction, suivie d'une augmentation du capital des Établissements Marret, Bonnin, Lebel & Guieu : les Services bancaires interviennent pour assurer une partie du placement des actions nouvelles. Réorganisation de la succursale du Havre (février). Sauvetage de La Préservatrice dont la faillite risque de déclencher le vote par la Chambre des députés d'une loi de nationalisation, à l'instar de celle qui vient de donner naissance à la SNCF : les Services bancaires, de conserve avec la Corporation des assurances, accordent à la compagnie les facilités de trésorerie nécessaires à son redressement et procèdent à une augmentation, puis à une réduction de capital ainsi qu'à une émission d'obligations (février-novembre).
Coup d'État organisé par l'Allemagne nazie en Autriche (11 mars) qui est rattachée
au Reich (Anschluss)
Inquiété par les tensions internationales et le réarmement intensif de l'Allemagne, l'État demande à la Maison - afin de ne pas éveiller l'attention à l'étranger - d'imaginer une solution en vue d'accroître les moyens en ravitaillement pétrolier dont disposerait la France en cas de conflit (février) ; cette étude est menée par les Services bancaires et Jean Nelson-Pautier, directeur général de la Société de courtage et d'affrètement pétroliers (mars-avril).
Élection d'Édouard Daladier à la présidence du Conseil (12 avril 1938-20 mars 1940) ;
Arthur Neville Chamberlain est nommé 1er Ministre du Royaume-Uni (28 mai 1938-10 mai 1940)
Entrée dans la Maison du petit-fils d'Henri Goudchaux, Robert Labbé, en qualité de fondé de pouvoirs à signature unique. Vente du "Cantenac" (mai). Examen de la réorganisation administrative et financière de la Manufacture centrale de machines agricoles Puzenat dont l'endettement croît depuis 1924, à ce point qu'elle est contrainte de déposer le bilan (avril-juin). Décret du 17 juin autorisant l'Office national des combustibles liquides à apporter son concours financier à une société de transports pétroliers sous forme d'une participation au capital et de garanties de prêts. Présentation au gouvernement d'un projet de formation d'une société d'économie mixte dédiée au ravitaillement pétrolier de la France : une lettre de mission est remise par Édouard Daladier à la Maison en vue d'acquérir à l'étranger une flotte de tankers de 70.000 à 100.000 tonnes de port en lourd, de préparer la création d'une société dont 30% du capital seront détenus par l'État et le reste par un groupe privé à constituer, étant entendu que la Maison « aura seule qualité pour assurer la gérance technique et commerciale de la flotte »... (juillet) ; un emprunt obligataire de 200 millions est mis sur pied (il sera émis en janvier 1939) et cinq premiers pétroliers sont achetés (août-septembre), enfin, la Société française de transports pétroliers est créée entre l'État, Worms & Cie, Desmarais Frères, la Compagnie auxiliaire de navigation, la Compagnie navale des pétroles, Louis-Dreyfus & Cie, la Manufacture des glaces et produits chimiques de Saint-Gobain, Chauny & Cirey ; le conseil d'administration est présidé par Hypolite Worms (septembre).
Accords de Munich (29-30 septembre) : annexion des Sudètes par l'Allemagne
Aide au redressement financier des Établissements Japy Frères (fabrication et vente de pompes, moteurs électriques, horlogerie, machines à écrire...), qui, faute de crédits suffisants pour sortir de l'impasse dans laquelle ils sont engagés depuis une dizaine d'années, sont menacés de faillite : en accord avec la Banque de France, la Maison entre dans le capital. Création de la Société privée d'études et de banque, à laquelle les Services bancaires confient certaines de leurs opérations en bourse. Participation à la fondation de la Société des alliages, métaux et matières premières (octobre). Discours au Havre d'Hypolite Worms en sa qualité de président de la Société française de transports pétroliers (novembre). Obtention d'une licence d'agence de voyages (décembre). Achat par la SFTP d'un sixième pétrolier. Avec 31.865 tonnes de jauge brute, l'armement Worms représente un peu plus de 1% de la flotte marchande française ; la part de la Nouvelle Compagnie havraise péninsulaire est de 1,6% (48.298 tonnes de jauge brute) et celle de la Société française des transports pétroliers de 2,97% (48.290 tonnes de jauge brute). La Maison a importé de Grande-Bretagne, de la Ruhr, de Belgique, de Hollande, de Pologne, de Turquie et d'Indochine 1.793.665 tonnes de charbon, soit 8,1% des importations françaises. Et selon la moyenne annuelle des règlements de compensation, Worms & Cie atteindrait la 11ème place parmi les 33 banques françaises admises à cette compensation.
1939 (jusqu'à la déclaration de la Seconde Guerre mondiale)
Ouverture d'un compte bancaire au nom des Établissements Japy Frères : découvert garanti par des délégations de marchés passés avec les administrations publiques, un plan de redressement est adopté en accord avec la Banque de France et les pouvoirs publics ; regroupement des opérations portuaires de la Maison à Nantes (consignation, manutention, transit) avec celles de la Compagnie nantaise des chargeurs de l'Ouest (dont H. Worms est administrateur) au sein d'une filiale commune, la Société nantaise de consignation et de gérance ; exploitation exclusive par les Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime, en France, d'une licence relative au dispositif breveté "entrée de câble électrique étanche aux liquides et aux gaz" (février).
Annexion de la Tchécoslovaquie par l'Allemagne (mars),
puis, de la Bohême, de Memel et de Dantzig
Transformation de la Compagnie charbonnière Klöckner en Compagnie française Klöckner-Humboldt-Deutz, aucun représentant Worms ne siège plus à son conseil. Souscription à une augmentation de capital de La Préservatrice (mars) au sein de laquelle une nouvelle équipe de direction est mise en place (avril), la Maison est représentée au conseil d'administration de ce groupe d'assurances ainsi qu'à celui de ses filiales, le Lloyd de France-Vie, Saint-Didier Automobiles, Saint-Didier-Tourisme et Saint-Didier-Accessoires ; achat par la SFTP du "Saintonge", sister-ship du "Bourgogne" ; nomination d'Hypolite Worms en qualité d'administrateur de la Société française des distilleries de l'Indochine (avril). Création de deux sociétés spécialisées dans les opérations commerciales entre la France et les pays scandinaves : l'Union d'exportateurs français pour l'Europe du Nord - UEFEN, et la Société centrale d'achats pour l'Europe du Nord - Scane (avril-juin). Dissolution de la Compagnie financière maritime ; participation à la constitution du Consortium national de constructions navales ; souscription à l'augmentation de capital de la Société tunisienne de l'hyperphosphate Réno (avril). Achat du "Touraine" (ex-"Senator") par la SFTP qui a constitué, en 8 mois, une flotte de huit navires totalisant plus de 115.000 tonnes de port en lourd (mai).
Pacte d'acier entre l'Allemagne et l'Italie (mai)
Garantie apportée à un concordat signé entre la Société des machines agricoles Puzenat et ses créanciers, aux termes duquel celle-ci s'engage à rembourser intégralement ses dettes (juin). Adoption d'un projet de modification des conventions collectives du 24 juillet 1936. Souscription à l'augmentation de capital des Établissements Japy Frères, dont la dette est échelonnée, l'équipe de management changée et l'organisation technico-commerciale remaniée (juillet-août). Discours prononcé au Trait par Hypolite Worms au sujet des relations entre l'État et la Marine marchande, à l'occasion du lancement du "Malgache" par les Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime, navire armé par la Nouvelle Compagnie havraise péninsulaire de navigation ; plan de redressement de la Société des machines agricoles Puzenat (juillet).
Traité de non-agression entre l'Allemagne et l'URSS (23 août)
Projet de faire exécuter par le Consortium maritime tunisien la manutention des navires de France Navigation (août).
Dégradation des relations diplomatiques en Europe du Nord : devant l'imminence d'un conflit avec l'Allemagne, la Pologne décrète la mobilisation générale (30 août)
Départ précipité du personnel de la succursale de Varsovie pour la France. Décision prise par l'État français d'augmenter la flotte pétrolière nationale (fin août) : la SFTP est chargée d'acquérir pour son compte 4 nouveaux pétroliers. Facilités de trésorerie accordées à la Compagnie sétoise de produits chimiques. Début de la réorganisation financière des Établissements Fournier-Ferrier de Marseille (ex-Stéarinerie Fournier, huileries, corps gras...) en liaison avec la société Pitavino.
(1) Chargement et déchargement des navires.
(2) Répondant à la très forte augmentation des importations sur le territoire français (1,3 million de tonnes en peu de mois), ce décret aura une application de courte durée ; en particulier, parce que la demande des industriels en combustibles étrangers (de qualité supérieure pour un prix moindre) reste forte et qu'une forte baisse de l'importation maritime compromettrait l'économie portuaire, et dans l'ensemble, parce qu'une meilleure adaptation à la consommation permet, dès 1928, d'ajuster production et importation.