1801-1841.Recueil des informations sur la période antérieure à 1842
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1801-1825 : Metz
[Marx] Hypolite Worms, est né le 7 novembre 1801 (16 Brumaire, an X[1]), à Metz, rue de l'Arsenal, où son père est commerçant [réf. registres de l'état civil de la ville de Metz (Moselle) déposés au greffe du tribunal de première instance de Metz - acte de naissance].
Le 30 août 1819, ce dernier obtient une patente de marchand d'étoffes au détail. Il habite au 45, place de Chambre, près de la cathédrale de Metz (réf. archives municipales de Metz).
En 1821, au moment du conseil de révision, Hypolite Worms est commis voyageur. Il est réformé en raison de sa myopie (réf. Metz, registre des conscriptions, 1821, 3e canton). En 1825, il obtient du tribunal de première instance de Metz de changer son prénom de Marx en Hyppolite[2] [réf. audience publique du tribunal de Metz]. L'année suivante, son père lui consent une donation manuelle de 20.000 francs [réf. contrat de mariage d'Hypolite Worms - 15 août 1837 - Maître Thiriod, Paris, n°238.]
1829-1841 : De Rouen à Paris
C'est à Rouen, en 1829, que se situent les premières traces de l'itinéraire professionnel d'Hypolite Worms. Cette année-là, en effet, son nom accolé à celui de "Heuzé et Cie", apparaît dans l'Almanach du commerce Seb. Bottin de la cité normande, sous la rubrique "rouenneries et toiles peintes, commissionnaires et commerçants en gros, rue de la Croix-de-fer, 4". Le rapport entre cette affaire et celle du père d'Hypolite permet d'imaginer que celui-ci envoya son fils à Rouen pour traiter en direct et en permanence avec les fabricants et les fournisseurs de tissus de cette région. En 1836, la maison "Worms, Heuzé et Cie" figure dans l'Almanach Bottin de Rouen, avec la mention "articles de la Manufacture de Rouen et draperies, rouenneries, toiles peintes, etc., commissionnaires et commerçants en gros, rue de la Chaîne, 23".
Cet épisode se dénoue en 1837[3], date à laquelle Hypolite charge son associé, Edmond Heuzé, de liquider ses opérations à Rouen[4]. Dans l'Almanach Bottin de 1838, la maison Worms, Heuzé & Cie est remplacée par la maison Heuzé Manneville, "rue Saint-Gervais, 81". Le retrait d'Hypolite de cette profession semble avoir été précédé par celui de son père qui, veuf depuis 1829, se fait connaître comme rentier en 1837[5].
La nouvelle étape de la vie d'Hypolite Worms s'ouvre par son mariage, à Nancy, le 16 août 1837, à l'âge de 35 ans, avec Séphora Goudchaux. La veille, 15 août 1837, a été signé un contrat de mariage chez Maître Thiriod, notaire à Nancy[6], dans lequel les futurs époux ont adopté le régime de la communauté légale, avec certaines réserves. La fortune d'Hypolite Worms consiste en un droit indivis et non encore liquidé dans la succession de sa mère, décédée en 1829, en la moitié de la société de commerce établie à Rouen sous la raison "Worms, Heuzé et Cie", et qui s'élève à 450.000 francs de créances actives, et sur laquelle 20.000 francs proviennent du don manuel consenti par son père en 1826 [réf. contrat de mariage d'Hypolite Worms - 15 août 1837 - Maître Thiriod, Paris, n°238.]
Née le 16 février 1818, à Saverne, dans le Bas-Rhin, Séphora Goudchaux, est par son père, feu Isaac Goudchaux[7], apparentée à une famille de banquiers dont la maison, créée à Nancy, à la fin du XVIIIe siècle, par Garçon-Jacob Goudchaux, a prospéré sous la conduite de ses fils : le susdit Isaac, Jules, ensuite, et Michel, enfin. En 1826, celui-ci a quitté sa ville natale et est venu fonder à Paris une succursale[8]. Les deux établissements ont alors été regroupés en une société ayant pour objet les opérations de banque et de recouvrement, dénommée les Fils de Garçon-Jacob Goudchaux, société dans laquelle Hypolite Worms entre à la suite de son mariage.
Selon différentes lettres, Hypolite est établi avec son épouse à Paris en 1837. Il figure dans le Bottin parisien de 1839, sans indication de profession, dans la liste générale alphabétique, au 11, rue Vendôme, Marais[9], où son fils, Lucien Worms voit le jour, le 3 mars 1839. La banque des Fils de G.-J. Goudchaux est basée au 9, rue Vendôme. Ces coordonnées restent inchangées pendant deux ans.
Le 23 juin 1841, la banque, qui est domiciliée cette année-là au 46, rue Laffitte, est dissoute. Michel Goudchaux, appelé à des fonctions publiques, renonce à sa profession de banquier. Et, lorsqu'en février 1842, la société des Fils de G.-J. Goudchaux est recréée, elle est formée en nom collectif entre les membres de la famille Goudchaux et en commandite pour Hypolite Worms [réf. acte de dissolution du 19 juillet 1848]. Celui-ci cesse donc d'être gérant mais demeure actionnaire. Il conserve un compte chez ces Messieurs qu'il appellera dorénavant "mes anciens associés"[10] (cf. courrier du 14 novembre 1842) et avec lesquels il continuera à correspondre (en 1844 surtout) pour le suivi de ses affaires. Il est à noter d'ailleurs qu'en 1848, lorsque sera prise la décision de liquider la Maison Goudchaux, c'est Hypolite Worms qui sera chargée de l'opération[11]. Pour l'heure, son nom disparaît du Bottin tandis que celui de Michel Goudchaux y figure mais suivi de la mention "ancien banquier"[12].
A partir de 1841, Hypolite Worms agit donc pour son compte personnel. Pendant dix ans, avant qu'il s'oriente vers le négoce d'importation des charbons anglais, le propre de son activité consiste à brasser des affaires.
[1] La déclaration à l'état civil a été faite le lendemain, 17 Brumaire. De là provient l'erreur commise dans divers historiques de dater la naissance d'Hypolite Worms au 8 novembre 1801.
[2] Ce prénom est diversement orthographié dans les documents. Cependant, la variante "Hypolite" s'est rapidement imposée comme la plus usitée.
[3] Dans une lettre du 28 septembre 1842, malheureusement égarée mais dont fait part une note sur les origines de la Maison, classée en 1948, Hypolite Worms indiquait qu'il habitait Paris depuis cinq ans et qu'auparavant il était à Rouen. « La chose se trouve confirmée, est-il écrit dans cette note, par une lettre du 15 janvier 1852 dans laquelle Hypolite Worms dit qu'il a quitté Rouen en 1837 et que son ancien associé, Ed. Heuzé, est resté chargé de la liquidation de sa Maison. » En outre dans un bref commentaire sur le chrono de correspondance de 1852, il est indiqué « qu'on trouve des lettres de E. Heuzé, datées de Rouen, dans lesquelles celui-ci tutoie M. Worms et l'appelle "mon bon ami" ».
[4] Voir le courrier adressé le 16 août 1859 par H. Worms à la veuve d'Edmond Heuzé au sujet du recouvrement des créances de l'ancienne société Worms Heuzé & Cie et de la liquidation de la succession Edmond Heuzé.
[5] Dans l'acte de mariage d'Hypolite Worms, son père est qualifié de "rentier".
[6] Des recherches entreprises en 1938 ont indiqué que les minutes de Maître Thirot étaient détenues, à cette date, par Maître Munier, notaire à Nancy.
[7] Isaac Goudchaux est décédé le 25 septembre 1836, à Nancy.
[8] Voir l'Illustration du 17 janvier 1863.
[9] Actuellement rue Béranger. Entre 1843 et 1860, le 11 fut occupé par la mairie du VIème arrondissement. Dans un acte du 11 juin 1831, il est dit que les Fils de G.-J. Goudchaux, banquiers patentés, demeurent au 9, rue Vendôme.
[10] Hypolite Worms se sert de cette même expression dans un courrier (égaré) du 17 décembre 1847, que mentionne une note du 20 janvier 1938.
[11] On trouve dans les archives des feuilles de contributions pour l'année 1852 (pas seulement) établies au nom d'Hypolite Worms en qualité de liquidateur de la Maison Goudchaux.
[12] Les informations données par le Bottin peuvent avoir une année de retard.