1977.04.28.De Henri Nitot.A Francis Ley - Banque Worms.Entretien
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Propos recueillis auprès de Monsieur Nitot
Monsieur Henri Nitot, né en 1894, est entré en mai 1920 à la Maison Worms & Cie où il fut d'abord attaché aux Services maritimes et chargé d'importantes missions auprès des succursales étrangères puis appelé aux Ateliers et Chantiers de la Seine maritime comme secrétaire général, dont il devint ultérieurement directeur, puis directeur général en 1936 et enfin administrateur lors de sa retraite le 31 décembre 1959.
Dans le domaine de la construction maritime, il a été un des collaborateurs directs de Monsieur Hypolite Worms pendant 40 ans. Il a été heureux tout au long de cette collaboration et garde un souvenir exceptionnel du chef de la Maison Worms.
Sur les origines des Chantiers du Trait, Monsieur Nitot indique que c'est M. Anatole de Monzie, sous-secrétaire d'État à la Marine marchande pendant la première guerre mondiale qui, en 1917, devant les ravages causés par la guerre sous-marine, demanda à trois groupes industriels et financiers de créer des chantiers de construction navale pour la reconstitution de la flotte. Ainsi, le groupe Worms créa-t-il les Chantiers du Trait sur la Seine en aval de Rouen, le Groupe Schneider, ceux d'Harfleur près du Havre et le Groupe Paribas, ceux de Caen.
Les terrains du Trait furent achetés par Worms & Cie en 1917 et M. Georges Majoux, associé gérant de la Maison, consacra une bonne partie de son activité à l'édification des ateliers entre 1918 et 1920.
Le 29 novembre 1921, le premier bateau fut lancé : il se nommait le "Capitaine-Bonelli" et était un charbonnier de 4.700 tonnes. Une centaine de navires fut construite avant la deuxième guerre mondiale dont le "Shéhérazade", en 1934, (lancé en 1935) qui fut pendant 3 mois, avec ses 18.870 tonnes, le plus gros pétrolier du monde à l'époque.
M. Nitot eut au Trait, pendant quelques mois en 1927, M. Jacques Barnaud (accompagné de Madame Barnaud) alors que ce dernier effectuait son "tour de Maison" en vue de prendre la direction générale de Worms & Cie. Il venait du ministère des Finances où il était le directeur adjoint du mouvement général des fonds.
Le problème de l'implantation de la main-d'oeuvre fut résolu au Trait d'une façon exemplaire. Un ensemble social y fut réalisé avec soin, qui servit de modèle. Au début, il y avait 350 habitants ; à la fin des Chantiers et Ateliers de la Seine Maritime, il y en avait 6.000.
Les Chantiers du Trait devinrent une société autonome en 1945, qui fut dissoute en 1967 à la suite d'un plan de concentration préconisé par le gouvernement. M. Nitot pense que ce plan a été insuffisamment étudié et que les concentrations auraient dû, en bonne logique, et pour être efficaces, se faire par région ; par exemple, fusionner les chantiers sur la Manche entre eux exclusivement.
Au sujet de l'intervention de la Maison Worms dans la Compagnie havraise péninsulaire de navigation à vapeur, M. Nitot se souvient fort bien que cette dernière avait passé aux Chantiers du Trait, en 1926, la commande de deux navires et qu'elle fut en difficulté dès 1929. A la demande des autorités qui ne voulaient pas voir disparaître cette affaire de longs-courriers, M. Worms voulut bien consolider les créances que sa Maison avait du fait des deux navires et reprendre ainsi l'affaire. Le commandant Denis, secrétaire général de Worms & Cie, mena l'opération à bien.
Dans le domaine des transports pétroliers, M. Worms avait constitué dès janvier 1936 la Société de courtage et d'affrètements pétroliers avec M. Nelson. Convaincu de l'intérêt de tels affrètements qui se révélaient extrêmement rentables et fort d'une expérience des affaires pétrolières acquise pendant la construction du pétrolier "Shéhérazade", M. Worms, en accord avec le gouvernement, créait en 1938 la Société française de transports pétroliers - SFTP - (société d'économie mixte) qui depuis lors est bien connue.
28 avril 1977