1971.12.16.De la Compagnie des transports maritimes pétroliers.Extrait du conseil d'administration

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Extrait du Conseil d’administration – Séance du 16 décembre 1971 de la Compagnie de transports maritimes pétroliers

Monsieur le président Poulain devant prendre sa retraite le 31 décembre 1971, M. Meynial, président de la Banque Worms à Paris, et administrateur de la Compagnie de transports maritimes pétroliers, à l’occasion de l’élection du nouveau président de cette société, a pris la parole et a fait la déclaration suivante concernant M. Poulain.
« Étant l’un des trois plus anciens administrateurs de la société, je pense que c’est l’occasion de prendre la parole et de dire un certain nombre de choses concernant Pierre Poulain.
Il a été convenu, vous le savez, que Pierre Poulain prendrait sa retraite le 31 décembre 1971. Il sera remplacé par M. Dounant ici présent.
Je veux dire ce qu’a été P. Poulain, son œuvre, dans le cadre, la gestion, la direction et l’expansion de la société alors dire Société des transports maritimes pétroliers.
La STMP a été créée en 1936 alors que la marche des frets était très bas. Je me souviens fort bien que P. Poulain est venu nous trouver, Hypolite Worms où moi-même pour demander des avances destinées à achever un navire pétrolier, le Brumaire de 11.000 tdw. Bien que nous ne connaissions pas à l’époque Pierre Poulain, il nous a convaincus et nous fûmes d’accord pour lui consentir un crédit. Par la suite, nous avons appris à le connaître, et je pense donner ici ce soir – surtout pour les plus nouveaux d’entre nous dans la maison, la meilleure preuve de son intelligence et de son adresse, en disant que, depuis sa création, aucun actionnaire n’a eu à faire d’apport en argent frais pour que l’affaire soit arrivée à ce qu’elle représente aujourd’hui, c’est-à-dire, une fois les dernières commandes livrées, plus de 700.000 tonnes deadweight.
C’est Pierre Poulain qui a géré toute l’affaire ainsi que la Compagnie nationale de navigation à laquelle nous nous sommes intéressés plus tard, après la guerre.
Nous ne pouvons que nous féliciter de l’action de Pierre Poulain et lui dire toute notre reconnaissance pour l’aide qu’il a apportée à tous dans la conception du métier d’armateur pétrolier pour laquelle il a une compétence indiscutable et un flair indéniable.
Il y a eu cependant des difficultés ; il y a eu la guerre, des réquisitions, des navires coulés. Un fait important à rappeler : P. Poulain avait pris avant la guerre de nombreux contacts avec le chantiers danois Odense Staalskibsvaerft A/S en vue de la commande d’un navire – qui d’ailleurs n’a pas eu de suite du fait de la guerre. Cependant, ces contact, grâce à l’action de Pierre Poulain ont pu être poursuivis après la guerre, et ont eu, pour aboutissement, la conclusion d’un contrat entre l’État français et les chantiers d’Odense. Il est résulté de ce contrat qu’une cale a été réservée en permanence à la flotte française, et cela à un moment où les armateurs s’arrachaient les cales libres, et je dois dire que cette négociation a été particulièrement bénéfique à la maison Worms, l’État français ayant accepté en échange qu’un navire sur deux sortis de cette cale soit pour le groupe Worms.
Il est vrai qu’un tel déroulement de carrière a permis à Pierre Poulain d’être ce qu’il est. Mais les actionnaires ne peuvent que lui être reconnaissants comme lui est reconnaissante la maison Worms.
Enfin, la chose la plus importante, c’est qu’une réelle affection s’est développée entre nous depuis.
C’est sans doute avec une certaine mélancolie que nous évoquons tout cela aujourd’hui où l’heure de la retraite approche, mais je le redis, Pierre Poulain peut être fier de son œuvre et des résultats qu’il a obtenus jusqu’ici. »

M. Poulain remercie et souligne son désir de ne pas rester inactif après le 31 décembre 1971.
M. Meynial l’assure qu’il pourra encore être très utile à ses amis par les conseils qu’il pourra leur donner en matière d’armement ; il évoque, entre autre, sa connaissance instinctive du marché des frets.
 

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