1970.12.31.De la Nouvelle Compagnie havraise péninsulaire de navigation.Origines et développement
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Origines et développement de la Compagnie havraise et nantaise péninsulaire
La Nouvelle Compagnie havraise péninsulaire de navigation a été constituée en 1930, mais ses origines exactes remontent à 1882.
À cette époque, fut créée une société anonyme au capital de 5 millions de francs : la Compagnie havraise péninsulaire de navigation à vapeur dont la flotte comprenait sept petits navires dont la portée en lourd variait de 500 à 1.800 tonnes.
Cette flotte assurait le service des lignes reliant les ports du Nord de la France avec l'Espagne et le Portugal, d'où le vocable « Péninsulaire » figurant à la raison sociale de la société.
Peu à peu, la ligne s'allongea : les navires de la CHP allèrent en Algérie et à Marseille. Dès 1885, on les vit fréquenter le Golfe Persique, les mers de Chine, l’océan Indien et le Canal de Mozambique.
Les départs du Havre pour l’Ile Maurice et la Réunion avaient lieu tous les 45 jours.
Le port en lourd des navires s’accrût en même temps et passa à 4.000 puis 5.800 tonnes.
Après la conquête de Madagascar, la CHP prit immédiatement une situation prépondérante dans l’océan Indien où elle concentra désormais tous ses efforts.
Elle augmenta peu à peu et suivant les besoins croissants de Madagascar le tonnage de sa flotte, le confort et la vitesse de ses navires.
À la veille de la guerre de 1914, la flotte était composée de bateaux de 6.500 tonnes de port en lourd. Le tonnage total s'élevait à près de 100.000 tonnes.
Au cours de la guerre de 1914-1918, la flotte de la CHP fut en partie réquisitionnée et participa aux transports de troupes et de matériel de guerre. Les navires disponibles furent affrétés en timecharter par les différents ministères de la Défense nationale.
Quatre vapeurs furent torpillés : "Ville du Havre", "Ville de Bordeaux", "Ville de Djibouti" et "Ville de Verdun".
Avant la fin de la guerre, pour répondre à l'extension du trafic qui s'annonçait sur nos territoires de l’océan Indien, la CHP commanda sept cargos mixtes en Angleterre d'une portée en lourd de 7.200 à 9.500 tonnes dotés d'installations confortables pour le transport d'une cinquantaine de passagers chacun.
Ces commandes fort onéreuses du fait que l'activité des chantiers de constructions navales était alors absorbée par la fabrication du matériel de guerre, pesèrent sur la trésorerie de la Compagnie, et, plus tard, les difficultés surgies de la crise grave qui a sévi sur les produits coloniaux obligèrent la Compagnie à donner, d'abord en 1930, la gérance de sa flotte à une société d'exploitation et ensuite en 1934, à en faire l'apport à la Nouvelle Compagnie havraise péninsulaire de navigation.
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C’est en mai 1930 que l’ancienne Compagnie havraise péninsulaire de navigation à vapeur dut, en dépit de l'excellence de son organisation commerciale, renoncer à l'exploitation de ses lignes maritimes en raison des grandes difficultés financières qu'elle éprouvait.
Néanmoins, les pouvoirs publics considérant le caractère d'intérêt public de ses services décidèrent le maintien à tout prix de son activité comme société indépendante. C'est ainsi qu'un groupe d'hommes d'affaires comprenant des armateurs, des banquiers et des négociants spécialisés dans les affaires malgaches, constituèrent, sans attendre la liquidation du passif de l'ancienne compagnie, une Société d'exploitation en vue de continuer, sans interruption, les services maritimes et commerciaux et assurer leur pérennité.
L'opération s'effectua au moment où la crise des frets atteignait son paroxysme. C'est dire que la Nouvelle Compagnie havraise péninsulaire de navigation a connu des débuts difficiles qu'elle a d'ailleurs surmontés, et ce, par la ténacité de ses nouveaux dirigeants et sans faire appel au concours de l'État autrement que sous la forme d'un prêt à intérêts qu'elle a remboursé avant la date de son échéance.
En 1934, c'est à dire après trois ans et demi d'efforts, l'ensemble du passif était consolidé par des arrangements amiables, et la Nouvelle Compagnie havraise péninsulaire de navigation définitivement créée en acceptait la charge, en même temps qu'elle reprenait l'actif constitué principalement par l'important matériel naval de l'ancienne compagnie et son organisation commerciale à Madagascar.
Jusqu’à la fin de l’exercice 1936, les bilans de la Nouvelle Compagnie havraise péninsulaire de navigation furent en perte, mais à partir de 1937, la société put enregistrer le fruit de ses efforts de redressement en réalisant jusqu'à fin août 1939 un bénéfice suffisant, non seulement pour compenser ses pertes antérieures, mais encore pour reporter à nouveau, à la veille de la guerre, un solde créditeur de cinq millions et demi.
Il convient de noter que dès 1933, les deux compagnies françaises desservant Madagascar : la Nouvelle Compagnie havraise péninsulaire de navigation et les Services contractuels des Messageries maritimes, après avoir conclu entre elles un accord de pool, l’étendirent à la ligne norvégienne : Scandinavian East Africa Line, afin de mettre un terme à une rivalité d'intérêts qui existait depuis plusieurs années entre leurs services sur Madagascar.
Cet accord de pool prit fin en septembre 1939, au moment et du fait de l'affrêtement de la flotte de commerce française par l'État.
Le ministère de la Marine Marchande prouva qu'il appréciait le résultat obtenu en mettant à la disposition de la Compagnie, pour une durée de vingt années, le "Malgache" construit pour son compte sous la surveillance des ingénieurs de la Havraise ; le "Malgache" se révéla à l'époque, une des plus belles unités de la flotte de commerce française et le pionnier des navires à moteur de la Compagnie.
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Dès le début des hostilités, le 2 septembre 1939, toute la flotte de la Nouvelle Compagnie havraise péninsulaire de navigation fut affrétée par la direction des transports maritimes qui lui en confia, dans le même temps, la gérance.
Pendant toute la guerre, la Compagnie fut donc exclusivement le mandataire de l’État français.
De septembre 1939 à juin 1940, les dix navires de la Compagnie furent gérés sans heurts mais à partir de cette dernière date, sa flotte fut éprouvée par la perte de cinq navires : "Ville de Rouen", "Ville du Havre", "Ville de Metz", "Ville de Tamatave" et "Condé".
De 1949 à 1952, la Marine marchande attribua à la Nouvelle Compagnie havraise péninsulaire de navigation quatre navires mixtes de remplacement ; modernes, rapides et parfaitement adaptés aux trafics de la Compagnie, ils servirent de modèle au programme naval que celle-ci engagea à la même époque.
Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale et jusqu’en 1965, les étapes successives du développement de la Compagnie peuvent se résumer comme suit :
- 1945/1955, développement de ses services sur l’océan Indien (Madagascar – La Réunion – Ile Maurice) en reconstituant sa flotte en cargos de ligne modernes, et en organisant un réseau d’agences et des services de cabotage étroitement coordonnés.
- 1955, création d’une ligne nouvelle sur le Golfe persique en continuant, au cours des années suivantes, à commander de nouveaux navires de ligne dotés des améliorations techniques les plus récentes.
- 1964, ouverture d’une ligne sur la mer Rouge desservie par des unités de moyen tonnage et des navires affrétés.
- 1965, orientation de son développement vers des activités nouvelles fondées sur la croissance rapide du trafic international de pondéreux et des transports spécialisés :
Polythermes, porteurs de gaz liquéfiés, services annexes de la production pétrolière, etc.
La création de l’AGPA en association avec la Compagnie générale transatlantique, et son entrée dans l’entreprise commune internationale Thyssen, Fritzen et autres, permirent à la Compagnie de se placer avantageusement sur les marchés de transport de pondéreux. Des participations dans des sociétés étrangères renforcèrent ses positions dans ce secteur, et dans celui du transport de gaz de pétrole liquéfié.
Dans le même temps, avec l’indépendance, la nécessité apparût de doter Madagascar d’une flotte battant pavillon malgache. Une société filiale la Compagnie malgache de navigation fut créée en 1960 par la Nouvelle Compagnie havraise péninsulaire de navigation avec la participation du gouvernement malgache. Les caboteurs de la Compagnie furent donc transférés sous pavillon malgache et cédés à la nouvelle société, soit en location coque nue, soit en toute propriété.
L'implantation de la Compagnie à Madagascar fut, d'autre part, renforcée par l'essor qui fut donné â son autre filiale malgache, la Société auxiliaire maritime de Madagascar (Auximad) ex « Société du wharf de Tamatave » qui se vit confier progressivement la représentation de sa maison-mère dans tous les ports de la grande ile, ses activités annexes dans les branches « transit », assurance et consignation de navires étrangers prenant une ampleur toujours croissante, et Auximad exploitant d'autre part en propre deux caboteurs dont un navire â gaz liquéfiés.
Enfin, l'absorption de la Compagnie nantaise des chargeurs de l’Ouest, réalisée le 21 décembre 1968, dota la Compagnie d'une branche nouvelle constituée principalement par une flotte au tramping de moyen tonnage et accessoirement par plusieurs caboteurs. Cette acquisition donna à la Compagnie une dimension nouvelle et permit une réorganisation de sa structure mieux adaptée au partage de ses activités entre, d'une part, les lignes régulières dont les perspectives peuvent encore s'élargir, et la navigation au tramping en pleine évolution.
C'est ainsi que la Nouvelle Compagnie havraise péninsulaire s'est transformée en « Compagnie havraise nantaise péninsulaire », société mère propriétaire des flottes, des immobilisations, des participations et des ressources financières des deux sociétés fusionnées, et que la CHNP a constitué pour gérer ses deux flottes :
- La Navale et commerciale havraise péninsulaire à laquelle elle a confié l’exploitation de ses lignes régulières et de sa flotte de longs courriers.
- La Société nantaise des chargeurs de l’Ouest, à laquelle elle a délégué, d’une part, la gérance technique et administrative des navires de moyen tonnage de l’ex CNCO et de certains navires spécialisés acquis récemment par l’ex Nouvelle Compagnie havraise péninsulaire, d’autre part la gérance complète des petits caboteurs qu’elle exploitait sous la raison sociale de l’ex CNCO.
- La Société maritime de gérance et d’études – Eurotramp chargée de la gérance commerciale des navires porteurs de vrac et spécialisés du groupe et des études prévisionnelles concernant toutes activités et investissements nouveaux.
Au 31 décembre 1970, la CHNP est dotée d'une flotte de trente-deux navires lui appartenant en propre, et d'une flotte de quinze navires battant pavillon de ses filiales directes. Au total 420.000 tonnes de portée en lourd auxquelles viendront s'ajouter d'ici peu 300.000 tdw constituées par dix navires en commande dont un OBO de 162.000 t.
Une telle expansion ne pouvait s'appuyer que sur un réseau très puissant de filiales :
Filiales françaises
Navale et commerciale havraise péninsulaire
Société nantaise des chargeurs de l’Ouest
Société maritime de gérances et d’études
Compagnie de navigation de la Loire Maritime
Compagnie morbihannaise de navigation
Compagnie de transports maritimes pétroliers
Armateurs de gros porteurs associés (AGPA)
Feronia International Shipping Paris (FISH Paris)
Société nantaise de consignation et de gérance
Société nantaise et nazairienne de consignation et de gérance-transit
Société maritime de participations
Entrepôts frigorifiques de la Loire-Atlantique
Filiales malgaches
Société auxiliaire maritime de Madagascar
Compagnie malgache de navigation
Société malgache de transports maritimes
Compagnie malgache de transports pétroliers
Société du batelage de Tuléar
Grandes pêcheries de l’Ouest
Filiales étrangères
Société comorienne de navigation (Moroni)
Compagnie bourbonnaise de navigation (Djibouti)
Société mauricienne de navigation limitée
Mauritius Steam Navigation Company
Feronia International Shipping Djibouti (FISH Djibouti)
General Overseas Financing Company
Scheepvaart Maatschappij Volharding NV
Barrad Shipping
Et on peut considérer que la CHNP est parvenue, grâce à ses efforts, à se hisser au tout premier rang de l’armement français.
Paris, le 31 décembre 1970