1954.04.02.A M. Pellevilain - Worms & Cie Bayonne
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2 avril 1954
Cher Monsieur,
Monsieur Le Roy m'a remis, lundi, votre lettre du 15 janvier. Elle appelle de ma part une mise au point sérieuse, car vous ne retenez guère dans l'examen de votre situation que les éléments qui vous paraissent défavorables sans tenir aucun compte des autres.
Si votre rémunération s'est trouvée peu modifiée depuis votre arrivée à Bayonne, c'est avant tout parce qu'à l'origine, elle était supérieure à celle qu'eut normalement comporté le poste que vous veniez occuper. Au moment où il a fallu fermer l'usine du Haut-Mauco, j'ai eu le souci de ne pas vous "laisser tomber", ce que beaucoup d'autres maisons eussent sans doute fait, et de vous maintenir dans une situation à peu près équivalente à celle que vous occupiez, sur le plan financier.
Votre position à Bayonne s'est affermie et développée depuis, justifiant la confiance mise en vous et la rémunération qui, au début, vous plaçait en position exceptionnellement favorable ; c'est aussi pour ne pas amoindrir cette dernière que vous a été maintenue une allocation au titre du Haut-Mauco qui, reconnaissez-le, ne se justifiait plus guère en 1953.
Laissez-moi vous dire que vos comparaisons avec certains collègues des services intérieurs manquent de pertinence, car il y a des éléments d'appréciation qui vous échappent forcément. Vous critiquez, d'autre part, le principe du forfait des heures supplémentaires, retenu dans la convention CIP.
C'est à tort, à mon avis, car on y est parti du principe que le personnel cadres et maîtrise devait avoir de ses fonctions une conception assez haute pour ne pas revendiquer le travail "au taxi". Que le personnel de bureau ait bénéficié de ce fait d'un avantage pas toujours justifié, je le reconnais avec vous, et c'est pour entrer dans vos vues sur ce point que j'accepte de sanctionner la différence d'horaire en vous attribuant, avec effet rétroactif au 1er janvier 1954, une indemnité de fonction trimestrielle de 10.000 francs, soit 40.000 F par an, dont la tranche afférente au 1er trimestre sera jointe à votre règlement d'appointements d'avril.
Vous y reconnaîtrez, j'espère, un souci d'équité qui ne saurait cependant aller plus loin.
Recevez, cher Monsieur, mes cordiales salutations.
M. Pellevain
Chez MM. Worms & Cie Bayonne