1948.08.17.Note (sans émetteur) sur la Compagnie havraise péninsulaire (1882-1948)

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NB : Travaux préparatoires à l'ouvrage du Centenaire de la Maison.

Paris, le 17 août 1948

Note

L'actuelle Nouvelle Compagnie havraise péninsulaire (Nochap) date de 1932. Elle succédait à la Compagnie havraise péninsulaire de navigation à vapeur fondée en avril 1882, par M. Eugène Grosos, armateur du Havre, pour réunir dans son actif un certain nombre de lignes et de navires exploités par cet armateur, notamment entre Le Havre et l'Espagne, le Portugal, le Maroc et l'Algérie.
Plus tard, au moment de la conquête la Compagnie havraise péninsulaire avait poussé sa pointe vers l'océan Indien, ne tardant pas à créer la seule ligne régulière de navires de charge unissant celui-ci à la France.
Cet armement connut une prospérité extraordinaire qui induisit la famille Grosos en tentation de vendre des actions qui avaient atteint une valeur inconnue jusqu'alors, actions qui furent rachetées en sous-main par un groupe qui ne tarda pas à se démasquer et à faire peser sur la Havraise ses exigences financières.
C'est par ce groupe que fut constituée la Société de navigation transocéanique (la Transo) qui finit par détenir la majorité des actions de la Havraise péninsulaire et qui put, dès lors, imposer sa volonté.
Cette société, entre autres choses, s'était fait remettre la flotte de la CHP à bail, pour 5 ans, moyennant une rémunération fixe qui couvrait simplement les dépenses de la Havraise et le service d'un dividende donné.
Théoriquement, donc, les bénéfices réels de l'exploitation de la flotte passaient à la Transo dont M. André Grosos, fils de M. Eugène Grosos, dirigeait l'exploitation maritime.
C'est alors que commença la décadence de la Compagnie havraise péninsulaire.
Les deux raisons déterminantes de cette chute furent : d'une part, sa politique de commandes de navires en Angleterre, payables en Livres, alors que le franc perdait tous les jours sur sa parité et, d'autre part, la crise des frets de 1920 et des années suivantes, qui ayant pour effet de réduire considérablement les bénéfices de la Transo, avait également comme, conséquence de tarir la source des loyers dus à la Compagnie havraise péninsulaire, lesquels ne furent bientôt plus payés.
Par la suite, la Transo ayant perdu le spécialiste des questions maritimes, M. André Grosos, n'eut plus personne pour gérer son exploitation et repassa la flotte de la CHP à elle-même, par un nouveau contrat de sous-location.
Finalement, c'est en 1929 que la CHP se vit dans l'obligation d'appeler au secours pour éviter une mise en faillite.
Elle avait à ce moment deux bateaux en construction aux Chantiers du Trait, de la Maison Worms & Cie.
Jamais d'ailleurs la crise des frets n'avait été si aiguë qu'en ce début de 1930. C'est à ce moment que les pouvoirs publics, dans le désir qu'ils avaient de maintenir la seule ligne de cargos qui unissait la France à ses possessions de l'océan Indien, insistèrent auprès de certains armements privés pour qu'ils constituent un groupe qui essaierait de sauver la Compagnie havraise péninsulaire.
En définitive, ce groupe fut constitué de la façon suivante :
- MM. Worms et Cie, comme tête de file,
- le Crédit foncier d'Algérie et de Tunisie,
- la Compagnie générale des colonies,
- la Maison Schneider,
- le Comptoir national d'escompte,
- la Compagnie de l'Afrique orientale,
- MM. Grosos et Fils.
La CHP commençait par louer pour 15 ans sa flotte et ses installations à une société à créer, qui prit le nom de Société d'exploitation de la Compagnie havraise péninsulaire de navigation à vapeur (Sechap).
Les bénéfices d'exploitation devaient revenir intégralement à la CHP jusqu'à une hauteur de 8 millions par année, et pour les ¾ au-dessus de ce palier.
La Sechap, constituée le 30 mai 1930, ne put, malgré tous ses efforts, arriver à des résultats satisfaisants et le passif de la vieille Havraise, loin de pouvoir être amorti, en fut augmenté.
C'est alors que la formule de la prise complète de l'actif et du passif de la vieille Havraise par la Sechap fut adoptée, moyennant naturellement un sacrifice demandé à tous les créanciers chirographaires et obligataires, qui acceptèrent de voir leurs créances réduites de 25%. En compensation, ils recevaient immédiatement un paiement liquide de 15% et, pour le surplus, ils recevaient un certain nombre de titres de la nouvelle société dont, en définitive, Ils épousaient la fortune.
La progression des résultats de la Nochap est donnée par les chiffres suivants :
- Son passif de départ au 31 décembre 1934 était de plus de 13 millions.
- En 1935, il était de 16 millions.
- En 1936, la situation est étale.
- En 1937, la perte diminue de moitié environ et n'est plus que de 7 millions et ½.
- En 1939, le résultat a changé de signe et on accusait un résultat bénéficiaire de 5 millions ½.
Ces résultats furent la conséquence heureuse de la politique d'entente qu'elle avait décidée de poursuivre avec un armement français concurrent, la Société des services contractuels des Messageries maritimes.
Dès 1933, en effet, des accords étroits étaient passés avec ce service d'État, qui avaient à la fois un caractère financier et un caractère commercial.
L'accord, financier portait sur un prêt de 15 millions, remboursables en 10 années, avec possibilité de remboursement anticipé.
La date de remboursement commandait la durée de validité de l'accord commercial qui en était le corollaire et aux termes duquel les Services contractuels des Messageries maritimes et la Nochap se liaient par un pool à l'intérieur duquel étaient versées les recettes d'exploitation des deux armements, qui étaient ensuite redistribuées selon un pourcentage déterminé et variant avec les ports, pour le tonnage au départ de France, tandis qu'au départ de la colonie il s'agissait d'un coefficient de partage unique, valable quelle que soit la destination des produits.
Cet accord de pool prit fin le 2 septembre 1939, c'est-à-dire au moment et du fait de l'affrètement par les Transports maritimes de la quasi-totalité de la flotte de commerce française.
Il convient de noter que cet accord avait été étendu à un troisième concurrent étranger, en l'espèce, la Scandinavian East Africa Line, à la satisfaction de tous.
Aujourd'hui, tous ces accords sont devenus caducs, mais l'entente entre les armements concurrents reste nécessaire dans son principe, sinon dans ses modalités d'application qui, naturellement, doivent être adaptées à la situation nouvelle.


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