1947.11.00.De Claude Bassuel.Le Havre.Article
Coupure de presse
Le PDF est consultable à la fin du texte.NB : Coupure de presse non datée. La date est déduite des informations qui se trouvent au verso.
Vieux navires havrais
"Marguerite-Franchetti", "Frédéric-Franck", "Hypolite-Worms"
La Maison Worms, bien connue des Havrais, est une des plus vieilles maisons d'armement locales. Elle débuta sous la raison sociale Mallet et Cie, devint Worms, Josse et Cie, avant de prendre son titre actuel.
En 1873, la Compagnie Mallet assurait le service de Bordeaux à Hambourg avec les vapeurs "Blanche" (1869) de 837 tonnes, "Emma" (1867) de 780 tonnes, "Isabelle" (1866) de 583 tonnes, etc.
En 1874, elle fit construire chez Lobnitz, à Renfrew, deux vapeurs en fer et à hélice, la "Marguerite-Franchetti" et le "Frédéric-Frank", de 970 tonnes de jauge brute et 1.110 tonnes de portée en lourd, mus par une machine compound de 800 chevaux, alimentée par deux chaudières cylindriques. Leur vitesse était de 9 n. 5 à 10 nuds.
La "Marguerite-Franchetti" navigua jusqu'en 1892, année au cours de laquelle ses deux chaudières timbrées à 4 kg 800 furent remplacées par deux nouvelles au timbre de 11 kg 200, fournies par Lobnitz. En juillet 1905, elle fut vendue à la Compagnie des transports maritimes de l'Est tunisien, qui la revendit, en juillet 1908, à la Compagnie de navigation mixte.
A une date ultérieure, que nous ignorons, elle fut finalement achetée par la Compagnie transmediterranea de Barcelone qui la renomma "Cullera".
Le "Frédéric-Franck" eut une très longue existence. En 1899, il reçut, également chez Lobnitz, deux chaudières neuves. Le 17 mars 1901, en rade du Havre, par brume, il aborda le remorqueur "Titan", de la Compagnie générale transatlantique, et se fit des avaries légères. Le 23 décembre 1908, il s'échoua près de Tancarville, en descendant la Seine, mais se remit à flot par ses propres moyens, sans dommage. Le 27 janvier 1910, il coula deux péniches en manuvrant dans le port de Rouen.
L'année suivante, en février 1911, il fut vendu à l'armateur Durand, d'Alger, qui le revendit, en 1912, à la Compagnie générale transatlantique.
Le 11 avril 1915, il se trouvait en Manche, lorsqu'il fut arrêté par le sous-marin "U-24", qui le fit évacuer et plaça à bord des charges explosives, mais, avant qu'il coule, il fut sauvé par l'arrivée d'un patrouilleur qui le prit en remorque et réussit à le mettre en sûreté dans un port.
Réparé, il reprit sa navigation, pour se perdre, le 16 septembre 1917, par échouage sur la côte de Bretagne.
L'"Hypolite-Worms" fut construit en 1882, toujours par Lobnitz, pour Worms, Josse et Cie. Long de 72 m. 53, il avait une jauge brute de 1.055 tonnes et un port en lourd de 1.220 tonnes. Une machine compound de 940 chevaux, alimentée par deux chaudières cylindriques, timbrées à 6 kg, lui donnait une vitesse de 11 nuds.
Le 8 mai 1883, il aborda et coula, dans l'Elbe, le vapeur allemand "Astronom". Le 4 décembre 1883, il fut lui-même abordé, près d'Aitoma, par le trois-mâts allemand "Georg-Blohm". En 1897, ses chaudières furent changées chez Dyle et Bacalan.
Le 2 décembre 1898, il aborda, en Gironde, le trois-mâts "Christophe-Colomb", de Fécamp, auquel il fit de sérieuses avaries. Le 30 août 1907, en Gironde, il eut un abordage de nuit avec le vapeur anglais "Corso" et fut gravement avarié.
Sa coque en fer ayant conservé toute sa robustesse, la Maison Worms décida de le moderniser, et il subit, en 1922, une refonte complète aux Chantiers du Trait. Il en sortit avec une silhouette moderne, comme le représente notre croquis, et il eut, sans aucun doute, encore servi sous le pavillon de son armement pendant de très longues années; mais le destin le guettait. En mars 1924, il faisait route sur Le Havre, en pleine brume, et se trouvait au large de la Hève, lorsqu'il fut brusquement abordé par le vapeur anglais "Sarthe", de la Royal Mail Steam Packet C° ; largement éventré, il coula très rapidement et sans espoir de pouvoir être relevé.
Claude Bassuel