1946.04.08.De Emmanuel Monick.Washington.Déclaration.Original
Original
Washington, 8 avril 1946
Mon cher ami,
Votre lettre ne m'est parvenue que ce matin. J'ai aussitôt dicté le papier joint. J'espère qu'H. le trouvera utilisable. Il représente d'ailleurs entièrement les sentiments que je lui porte. Je suis heureux des nouvelles que vous me donnez à son sujet. Dites-lui qu'il peut utiliser ce papier comme il le veut et sans souci et aussi largement qu'il le voudra.
Je ne pense pas revenir avant la fin de la 1ère quinzaine de mai.
Toutes mes amitiés à H. W. et à vous très amicalement.
Emmanuel Monick
Je soussigné, Emmanuel Monick, gouverneur de la Banque de France, déclare :
I. Attaché financier à Londres, au début de la guerre, j'ai eu l'occasion, à maintes reprises, de rencontrer M. Hypolite Worms, qui était alors le représentant en Grande-Bretagne du ministre de la Marine marchande.
Connaissant ses sentiments patriotiques, je n'ai pas hésité à l'informer de mon intention de partir pour Bordeaux le 18 juin 1940 afin d'appeler l'attention du gouvernement français, qui venait de demander l'armistice, sur la gravité de sa démarche, affirmer l'intention du Cabinet de Londres de continuer la lutte et exposer les avantages qu'il y avait pour nous à rester aux côtés de l'Angleterre. M. Hypolite Worms m'a chargé alors de dire à ses amis de France qu'il partageait entièrement mon point de vue : il m'a même remis une lettre qu'il m'a demandé d'utiliser en ce sens et dans laquelle il confirmait ses sentiments les plus formels sur la nécessité de poursuivre la guerre en accord avec notre allié britannique.
II. Ultérieurement, j'ai été amené, de ma propre autorité, à proposer à la Trésorerie britannique un accord financier portant ouverture de crédits réciproques en vue de la liquidation et de l'apurement des comptes de guerre. M. Hypolite Worms, de son côté, a pris exactement la même attitude que la mienne. Également, de sa propre initiative, il a négocié le transfert, au profit du gouvernement britannique, de tous les contrats d'affrètement signés avant l'armistice, par la Mission de la Marine marchande, pour le compte du gouvernement français. J'ai eu l'occasion d'assister à cette négociation du point de vue financier. Je peux dire que M. Worms l'a menée dans le sens d'un soutien intégral de notre alliée britannique.
Washington, le 8 avril 1946
Emmanuel Monick