1945.11.22.De Hypolite Worms.A Robert Labbé.Original

Original

22.11.45

Mon cher Robert,
J'ai réfléchi au problème que vous m'avez posé hier soir au téléphone et je vous confirme ma première réaction. Il ne faut, à aucun prix, entrer personnellement dans la bagarre de la nationalisation dans laquelle il n'y aura que des coups à recevoir. Nous avons des égards à avoir pour les compagnies visées : Transat et Messagerie parce que gros clients bancaires, Chargeurs pour mille raisons. Or, même si vous vous contentez de faire dans les milieux administratifs de vagues suggestions, aussi pleines de bon sens soient-elles, on en connaîtra très vite l'origine et nos collègues armateurs ne manqueront pas d'accuser la maison Worms d'être responsable de tous les malheurs qui tomberont dans l'avenir sur la marine marchande.
J'ai du reste l'impression que la marine marchande ne passera qu'en dernier sur la liste des nationalisations et encore, pour jouer en définitive que sur une partie de la flotte. D'autre part, Jean Fraissinet est revenu me voir il y a quelques jours et de notre conversation, j'en ai retiré l'impression qu'il allait manifester contre la nationalisation, tant mieux, il n'y a qu'à le laisser essuyer les plâtres.
Ceci dit, cela n'empêche que je ne vois aucun inconvénient à ce que le Comité central fasse, lui, son métier pour la défense de l'armement mais avec un Marchegay au Danemark, et Nicol constamment en Allemagne, s'en tenir compte que ce dernier, et pour cause, n'a peut-être pas le feu sacré en ce moment, il n'y a pas grand-chose à attendre.
Affectueusement,

HW

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