1945.01.04.De Jean Durand.Au juge Georges Thirion.Déposition
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NB : Voir la reproduction de ce document dans le dossier sur la Société tunisienne des hyperphosphates Réno et la Compagnie sétoise, en date du 4 janvier 1945.
4 janvier 1945
Déposition du M. Durand
L'an 1945, le 4 janvier, devant nous, Georges Thirion, juge d'instruction au Tribunal de première instance du département de la Seine, assisté de Lombard, greffier, a comparu :
- Monsieur Durand, Jean, 38 ans, directeur général de la Société tunisienne des hyperphosphates Réno, demeurant à Paris, 177, boulevard Pereire à Paris, témoin qui, serment prêté conformément à la loi,
dépose :
Le 4 décembre 1942, le stock de phosphates des usines métropolitaines de la Société tunisienne, soit 4.000 tonnes environ a été bloqué sur l'ordre du répartiteur.
La société a obtenu le déblocage de 2.000 tonnes environ qui lui étaient nécessaires pour la fabrication d'un condiment destiné à l'alimentation animale.
Le 15 juillet 1943, la société a reçu l'ordre du Comptoir des phosphates de livrer le solde du stock bloqué à la Rohr Phosphat à Hambourg. Le phosphate a été repris par le Comptoir qui en a remboursé la valeur à la société.
La société a fait traîner les opérations de chargement, et elle a pu ainsi soustraire 300 tonnes qui ont été expédiées en Suisse. Le tonnage livré à la Rohr Phosphat a pu être en conséquence ramené à 1.573 tonnes.
Je dépose à l'appui de ma déclaration la correspondance échangée entre le Groupement des producteurs de phosphates et la Société tunisienne. Il en résulte à l'évidence que la société n'a nullement sollicité la commande allemande et que la livraison lui a bien été imposée.
Sur interpellation
II est exact qu'en décembre 1942 un train suisse est arrivé en gare de Sète et est reparti à vide à notre insu. Sur notre réclamation, d'autres wagons ont été mis à notre disposition et c'est ainsi que nous avons pu livrer à la Suisse 300 tonnes de phosphate ayant fait l'objet d'une licence d'exportation à la date du 8 décembre 1943.
Les expéditions sur la Suisse ont été faites en janvier 1944. Nous avions demandé une licence pour 500 tonnes, et 300 tonnes seulement nous ont été accordées. Nos engagements envers la Suisse ne pouvaient pas dépasser ce tonnage, une demande supérieure n'ayant pas été admise.
Nos usines de Sète n'ont livré à l'Allemagne que 63 tonnes les 29 et 30 novembre 1943, le surplus du tonnage dont la livraison nous avait été imposée ayant été prélevé sur les stocks de nos usines de La Nouvelle et du Tréport.
Les renseignements que vous a fournis Monsieur van Cabeke sont donc manifestement mensongers.
J'oppose le démenti le plus formel aux déclarations de van Cabeke, lorsqu'il prétend que notre usine de Sète aurait livré aux Allemands plus de 15.000 sacs et de l'alfa entreposé à la Maison Nicoulet. Nous n'avons d'ailleurs jamais eu aucun rapport avec les Allemands à cet égard.
Je puis assurer que je n'ai jamais fait aucune démarche pour obtenir l'expulsion du sieur van Cabeke du territoire français, Je n'ai eu que très peu de rapports avec lui mais je puis dire que, dans la région sétoise, la réputation de van Cabeke est des plus mauvaises.
Et signe après lecture.