1944.11.13.Des Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime.Le Trait.Note
Copie
Le PDF est consultable à la fin du texte.13 novembre 1944
Reconstruction du Chantier
Le ministère de la Marine et le commissariat à la Reconstruction sont d'accord sur le principe de notre reconstruction immédiate : le programme des travaux à exécuter doit faire toutefois l'objet de propositions successives de la Marine au commissariat.
Pour l'instant nous avons demandé à l'administration d'approuver la première tranche de travaux suivante :
- réparation de l'atelier des coques, de la tuyauterie de la soudure électrique, de la station hydropneumatique, de la station triphasée, de la partie de menuiserie occupée par le modelage, de l'atelier des forges et petit ajustage, construction de la nouvelle centrale continue.
Nous reconstruirions en outre aux emplacements prévus dans le nouveau plan des chantiers l'atelier de montage bord, le gréement, l'armement, la peinture et les ateliers d'entretien électrique et mécanique.
Pour l'exécution de ces travaux, nous sommes en conversation, d'une part avec Chouard, d'autre part avec l'entreprise Féron ; les charpentes métalliques des petits ateliers nouveaux seraient fournies par Moisant Laurent Savey.
Au point de vue financier, nous sommes en négociations avec la Marine et le commissariat à la Reconstruction pour obtenir à valoir sur les travaux ci-dessus une première avance de vingt millions imputable sur nos dommages de guerre.
La grue de cale qui était en commande chez Schneider doit pouvoir être livrée vers le milieu de l'année prochaine.
Nous avons demandé à la Marine de faciliter à Monsieur Abbat une mission prochaine aux États-Unis afin que nous puissions réunir la documentation qui nous est indispensable pour déterminer d'une manière définitive les caractéristiques de nos futures installations de soudure électrique. En attendant ce voyage Monsieur Damiron commencera sur les indications que nous lui fournissons à rassembler les premiers renseignements qui nous sont nécessaires ; il doit également prendre contact en notre nom avec la Chicago à laquelle nous avons d'ailleurs déjà fait parvenir un message.
Autant qu'une estimation de nos dommages de guerre est possible à l'heure actuelle on peut évaluer ceux-ci au cours du jour à environ 250 millions.
Programme de construction
La Marine est naturellement d'accord pour que nous poursuivions la construction des pétroliers "La-Mayenne" et "La-Baïse" et pour nous confirmer la commande des navires CGA 3 et CGA 4 ; elle examine d'autre part la question de savoir s'il y a lieu de passer d es commandes sur le programme de démarrage dans lequel nous sommes inscrits pour un pétrolier de 16.500 T.
En ce qui concerne les caboteurs de 1.100 T la question est suivie conjointement par nos Chantiers et les Services maritimes.
Après des négociations avec les divers services de la Marine, nous comptons recevoir d'ici très peu de jours l'ordre ferme de la surveillance de la Marine de continuer la construction de ces cargos.
Naturellement nous examinerons à ce moment-là les modalités financières qu'il y aura lieu d'adopter et nous demanderons le versement d'un acompte important.
La Chambre syndicale se préoccupe de son côté également d'étudier les conditions générales de liquidation des commandes allemandes. Il semble à cet égard que d'une manière générale nous ne soyons pas mal placés. II y a toutefois intérêt à ce que nous puissions liquider rapidement les 3 bacs de 24 T. qui étaient en construction dans nos chantiers pour compte allemand au moment de la libération et sur lesquels il subsiste un découvert important. Des négociations sont en cours à ce sujet tant avec le ministère des Travaux publics qu'avec les services du Génie.
Le découvert laissé par la Marine allemande, tant sur les travaux de démontage de Rouen que sur les bacs, représente environ 7 millions, mais nous devons pouvoir normalement compenser cette somme avec les avances de trésorerie subsistant sur d'autres commandes.
Comité d'organisation de la construction navale
et chambre syndicale des constructeurs de navires
La Marine a laissé jusqu'ici Monsieur Bourges occuper ses fonctions de président du COCN : d'ailleurs Monsieur Bourges est en excellents termes avec le directeur central des constructions navales, Monsieur Kahn, et aucune modification de structure importante du Comité ne semble être envisagée pour l'instant.
Monsieur Fould a repris d'autre part ses fonctions de président de la Chambre syndicale des constructeurs de navires.
Monsieur Levy des Chantiers de Penhöet est également rentré.
Questions de personnel
Le Comité social d'entreprise des chantiers ne fonctionne naturellement plus ; par contre nous avons assisté ces temps derniers à une reprise très active de la vie syndicale tant du côté des ouvriers que du côté des collaborateurs. La question du relèvement des salaires et des traitements a été réglée au mieux en interprétant aussi libéralement que possible les prescriptions des textes administratifs. Par contre des difficultés sociales importantes sont signalées chez nos collègues de la Méditerranée. Les Forges et Chantiers de la Méditerranée à Marseille et les Chantiers de France ont fait l'objet d'une réquisition ; aux Chantiers de la Seyne la situation est également extrêmement délicate. Des difficultés sont également signalées aux Chantiers de Normandie à Rouen où la personnalité du directeur est très attaquée.