1941.06.14.De Worms et Cie.Note sur les Établissements Japy Frères

Copie

Le PDF est consultable à la fin du texte. 

Établissements Japy Frères

Objet social
Les Établissements Japy Frères ont pour objet social la fabrication et la vente des pompes, des moteurs électriques, de l'horlogerie, des machines à écrire, de la visserie, boulonnerie, quincaillerie et des ustensiles de ménage ainsi que la participation dans toutes affaires ou opérations se rattachant à cet objet.

Activité (Historique succinct)
La société anonyme des Établissements Japy Frères, dont les statuts sont déposés en l'étude de maître Louis, notaire à Delle (territoire de Belfort), a été constituée en 1928 pour prendre la suite de la société en commandite par actions "Japy Frères & Cie", fondée en 1854.
Celle-ci n'avait fait elle-même que continuer et développer l'exploitation des usines créées à Beaucourt (territoire de Belfort) en 1767 par Frédéric Japy et exploitées depuis lors par les membres de sa famille.
C'est donc l'une des plus anciennes affaires industrielles françaises.
Spécialisés à l'origine dans la fabrication de l'horlogerie puis de la visserie-boulonnerie et des ustensiles de ménage, les Établissements Japy Frères, suivant et parfois même provoquant les progrès de la technique, étendirent progressivement leur activité à la fabrication des pompes, des moteurs thermiques à essence et électriques et des machines à écrire.
La qualité de leurs produits leur assura vite une place de choix sur le marché français, notamment dans le domaine de la fabrication des pompes à bras, des vis et boulons et des articles de ménage étamés, galvanisés et émaillés.
Ce développement ne fut pas sans entraîner des investissements de capitaux de plus en plus importants, que ce fût pour créer des usines nouvelles ou perfectionner l'équipement en machines de celles plus anciennes, ou encore pour créer les habitations nécessaires à une population ouvrière en voie d'accroissement continu.
Le capital de la société, lors de sa transformation en société anonyme (mai 1928) s'élevait à 22.000.000 de francs.
Il fut porté quelques mois après à 40.000.000.
Puis apparut la crise économique de 1929-1930 qui, entraînant une baisse massive des prix des marchandises en stock, marqua pour la société le début d'une période de difficultés financières particulièrement aiguës.
Ni les emprunts obligataires, ni les crédits consentis par les établissements bancaires habituels de la société n'ayant permis, en reconstituant la trésorerie, de redresser la situation générale, plusieurs essais de réorganisation furent tentés au cours de l'année 1938, avec l'appui successif de divers groupes financiers.
La première phase de cette opération fut seule réalisée par la réduction du capital de 40 à 12 millions de francs, la valeur nominale des 80.000 actions alors existantes ayant été ramenée de 500 francs à 150 francs (mai 1938).
Aucun des groupes sollicités n'ayant pu, en définitive, apporter les capitaux nouveaux indispensables et les banques créancières ayant manifesté leur intention de ne pas renouveler les crédits qui arrivaient à échéance, la société se trouva brutalement au bord de l'abîme (octobre 1938).
Le dépôt du bilan semblait alors imminent, inévitable, et, avec lui, l'arrêt des sept usines de la société, situées à Beaucourt, à Fesches-le-Châtel, à Laroche-Voujaucourt, à l'Isle-sur-le-Doubs et à Anzin (Nord), - la fermeture de ses dépôts de vente de Paris et d'Aubervilliers ainsi que de ses huit agences de province, - le chômage de ses 5.000 ouvriers et de ses quelques 800 employés et représentants.
C'est alors que Messieurs Worms & Cie, en complet accord avec la Banque de France, qui pensait que tout devait être tenté pour sauver une affaire d'aussi ancienne et solide réputation commerciale, acceptèrent d'apporter immédiatement leur concours le plus entier au redressement des Établissements Japy Frères.
Après avoir obtenu tout d'abord des principaux créanciers (Établissements de crédit et porteurs d'obligations) un aménagement de leur dette comportant des délais suffisants, une première augmentation de capital fut réalisée dans la première moitié de l'année 1939, par laquelle le capital social fut porté de 12.000.000 à 200.000.100 francs.
En même temps, un remaniement profond des cadres de l'entreprise était effectué, ainsi qu'une révision complète de l'organisation des différents services techniques commerciaux et administratifs.
Des améliorations d'outillage étaient apportées dans les domaines où elles apparaissaient le plus urgentes.
Tous les services d'administration générale et les services commerciaux, qui avaient été, jusqu'à cette époque, maintenus à Beaucourt, furent alors transférés à Paris, au nouveau siège social, 6, rue de Marignan (août 1939).
A cette date, les premiers résultats obtenus permettaient déjà d'espérer la résorption du déficit d'exploitation et le retour à l'équilibre, lorsque survinrent la mobilisation puis la guerre.
Sans se laisser détourner par les événements de l'œuvre de redressement total qu'ils avaient entreprise, Messieurs Worms & Cie n'hésitèrent pas à compléter leur effort financier en assurant à la société la réalisation d'une nouvelle augmentation de capital, par laquelle celui-ci fut doublé et porté à 40.000.200 francs (avril-décembre 1940).
Grâce à l'ensemble de ces efforts, les Établissements Japy Frères purent surmonter leurs difficultés et conserver l'intégralité de leur activité industrielle, qui a continué, malgré la guerre, à se manifester dans toutes les branches de leurs diverses productions.
Sans doute les renseignements statistiques manquent-ils présentement pour permettre de chiffrer l'importance actuelle de cette activité par rapport à celle de l'ensemble des maisons françaises fabriquant des produits similaires, mais, au moment de la guerre (août 1939) le pourcentage des diverses productions des Établissements Japy Frères comparativement à celles des industries françaises de même espèce, pouvait s'établir de la manière suivante :

moteurs à essence         15%
matériel électrique            3%
pompes à bras               25%
horlogerie                      16%
machines à écrire           72%
visserie-boulonnerie :
- vis à bois            16%
- vis à métaux        10%
- boulons                 3 à 4%
- visserie diverse     15%
fûts métalliques               1%
articles de laiterie            8%
articles émaillés            33%
articles en aluminium       7%
articles polis                  15%
articles vernis                  8%
articles étamés              25%
articles galvanisés         14%
Ces pourcentages n'ont vraisemblablement pas varié beaucoup depuis lors, sous la seule réserve que la fabrication des moteurs à essence a été abandonnée à la fin de l'année 1940 et les brevets, marques et autres éléments de fonds de commerce afférents à cette exploitation cédés à la société Bernard-Moteurs.
Le produit de cette cession est destiné à de nouveaux investissements qui permettront d'augmenter la fabrication de l'horlogerie et des machines à écrire, pour répondre aux besoins nouveaux du marché.
Du point de vue financier, la situation des deux derniers exercices se résume de la manière suivante.
Alors que l'exercice 1938/1939, au cours duquel a été réorganisée la société et apurée la situation antérieure, a fait ressortir au bilan un solde déficitaire de F 18.808.320.61, les comptes de l'exercice clos au 31 décembre 1940 font apparaître un bénéfice de F 1.313.330,89, après les amortissements et provisions habituels et après constitution de la provision spéciale pour renouvellement du stock de départ, autorisée par le décret du 30 janvier 1941.
Or, cette provision spéciale s'est élevée à elle seule à la somme de F 17.296.613,95.
Le simple rapprochement des chiffres ci-dessus et des résultats déjà déficitaires des exercices antérieurs permet d'apprécier l'ampleur et l'efficacité du redressement effectué.

Composition du capital
Le capital social, qui s'élève depuis l'augmentation de capital réalisée en décembre 1940 à la somme de 40.000.200 francs, est représenté par 266.668 actions de 150 francs chacune, dont 80.000 actions ordinaires et 186.668 actions de priorité.
Les 80.000 actions ordinaires représentant le capital ancien sont détenues presque en totalité par la famille Japy.
Sur les 186.668 actions de priorité, 53.334 représentent l'augmentation de capital réalisée en 1939, dès le début de la réorganisation de la société sous l'égide de Messieurs Worms & Cie.
Cette augmentation de capital a été couverte par les souscriptions conjuguées des anciens actionnaires, spécialement de la famille Japy, et de Messieurs Worms & Cie ; ces derniers figurent dans la liste des souscripteurs pour 17.679 actions.
Le surplus des actions de priorité, soit 133.334, représente l'augmentation de capital réalisée en 1940 et souscrite pour la plus grosse partie par Messieurs Worms & Cie (107.138 actions).
En définitive, Messieurs Worms & Cie étaient propriétaires lors de la plus récente assemblée générale (assemblée générale ordinaire annuelle du 30 mai 1941) de 117,801 actions sur un total de 266.668, soit 44% du capital social.

La composition du conseil d'administration est actuellement la suivante :
- président directeur-général : Monsieur Albert Japy
- administrateurs : MM. Edgar Japy, Louis Warnery, Édouard Japy, René van Muyden, Edgar du Chayla, Georges Bureau, Jacques Guérard (représentant les intérêts de Worms & Cie), Jean Vinson (représentant les intérêts de Worms & Cie), Frédéric Japy, Gérard Bardet.

14/6/41

[Pièce jointe :] Bilan au 31 décembre 1940 [voir PDF].

 

Retour aux archives de 1941