1939.06.28.De DG Worms charbons.Note possibilités d'importations en France d'anthracites espagnols

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Direction générale
Worms services charbons

28 juin 1939

Note possibilités d’importations en France d’anthracites espagnols

À l’occasion d’un voyage en Espagne, nous avons recueilli un certain nombre de renseignements sur cette question que nous résumons ci-dessous.
Notre première visite fut pour M. Fallourd, attaché commercial de France à l’ambassade de Madrid, actuellement en résidence à la Maison de France à Saint-Sébastien.
M. Fallourd connaît bien la Maison Worms, avec laquelle il a eu des relations lorsqu’il était à Hambourg. Il est, par ailleurs, un ami personnel de M. Dhorne et il s’est mis à notre disposition fort aimablement, en ajoutant qu’il notait les vi­sites annoncées de M. Delteil, d’une part, et de MM. Le Roy et Berguignat, d’autre part.
Malheureusement M. Fallourd n’a pu nous donner aucune indication précise sur la question des anthracites espagnols du fait qu’il n'a que des relations très espacées avec les di­rigeants espagnols. Il a même reçu comme consigne, jusqu’à nou­vel ordre, de ne rien faire et d’attendre.
Nous avons revu M. Fallourd à notre retour et il a été intéressé per les indications que nous avons pu lui donner.
Il ne nous a pas aeohé que dans les circonstances actuelles il pouvait apprendre beaucoup par des Français ayant l’occasion, comme ce fut le cas, d’approcher de très près les milieux gou­vernementaux espagnols.
À Madrid, par l’intermédiaire d’un ami personnel, lui-même très lié avec M. Fernandez Quevas, sous-secrétaire d'état au commerce et à l’industrie, nous avons eu une lettre d'introduction pour ce dernier qui nous a permis d’être reçu fort courtoisement par le directeur général des mines, M. Augustin Marin, à Bilbao.
Le ministère du commerce et de l’industrie est en effet installé à Bilbao dans l’ancien palais de la Deputacion. M. Marin est un homme compréhensif, connaissant bien notre pays et notre langue, auteur, en collaboration avec un Français, d’un ouvrage sur la guerre du Rif.
M. Marin a été prévenu de la prochaine visite de M. Delteil et de MM. Le Roy et Berguignat, qu’il recevra volontiers.
M. Marin ne nous a pas caché qu’il serait heureux de favoriser l’exportation d’un certain tonnage d’anthracite espa­gnol vers la France, mais avant de discuter des détails de cette opération il nous a très catégoriquement précisé que son gouver­nement désirait avoir réglé les questions actuellement pendantes avec la France concernant l’application totale des accords Bérard/Jordana.
Les mines d’anthracite ont été exploitées à peu près toute l’année dernière, mais d’une manière encore incomplète, compte tenu de l’état de guerre et des difficultés de main d’oeuvre. M. Marin nous a prévenus que les anthracites espagnols étaient assez friables et que près de la moitié de la production sa composait de menus : il nous a précisé qu’au cas où des af­faires seraient traitées, il faudrait envisager l’achat d’un pourcentage important de menus.
Ayant eu l’occasion de dire un mot à M. Marin d’une éventuelle importation de poteaux de mines français en Espagne, d’une possibilité d'échange entre les poteaux de mines et les charbons, nous avons eu l'impression que M. Marin n’était pas au courant de cette question, ce qui tendrait à prouver que les exportateurs français de poteaux de mines n'ont encore fait aucune démarche en Espagne, alors que nous avons pu savoir qu’ils avaient fait une étude assez poussée auprès des ministères français.
M. Marin nous a dit que l'Espagne avait elle-même des poteaux de mines et que de toute façon le Portugal en avait dont le prix de revient pouvait être plus favorable que le prix des poteaux de mines français.
En résumé, l'affaire « poteaux de mines » nous a paru fort lointaine, tandis que la possibilité d’importation en France d'anthracites espagnols nous a semblé assez proche, quoi­que soumise à la conclusion d'accords commerciaux que, ni du côté français, ni du côté espagnol, on ne paraît très pressé de signer.
Notons encore que le ministre du commerce et de l'in­dustrie que nous n’avons pas vu est un ancien officier de marine, M. Suances.
Le consul de France à Bilbao, M. Casteran, originaire croyons-nous de le région de Bayonne, était en France lors de notre passage dans cette ville. Nous avons été reçus fort aimablement par le consul de France à Alicante, qui assure l'inté­rim du consulat de Bilbao. Nous n'avons donc pu avoir que des renseignements très vagues auprès de notre consulat que nous avons néanmoins prévenu également du prochain passage d'autres nombres de la Maison Worms.
Le consul de Belgique nous a fort bien reçu. Ce n'est pas un homme de la carrière, mais un commerçant installé à Bilbao depuis de longues années et connaissant très bien le pays et ses ressources. Il nous a communiqué un certain nombre de chiffres sur la production des mines de Palencia et de Leon.
Le consul de Belgique nous a surtout donné des indications sur les mines de Palencia dont le port naturel d'embarquement est précisément Bilbao. Les charbons du bassin de Leon, sont plus normalement expédiés par Gijon.
Les trois principales sociétés minières du bassin de Palencia sont les suivantes :
- la Societad Antracitas de Valilla qui a produit en 1938 : 48.217 tonnes d’anthracite.
- la Societad Minera Cantabro Bilbaina qui a produit en 1938 : 26.461 tonnes.
- la Societad Minera San Luis qui a produit en 1938 : 13.884 tonnes.
Il y a en outre une poussière d’autres sociétés très petites dont la production s’est échelonnée entre 8.000 tonnes et 1.000 tonnes en 1938.
Le consul de Belgique nous a tout particulièrement recommandé la Societad Minera Cantabro Bilbaina, dont l’administrateur délégué est M. Miguel Ferrer - 17, Alameda de Mazarredo à Bilbao. En l’absence de M. Ferrer, nous avons pu obtenir quelques indications d’un de ses employés avec notamment l’analyse approximative suivante des anthracites de cette mine ;
Matlères volatiles : 4,62 à 5,50 %
Cendres : 7,50 à 8,15 %
Soufre : 0,60 à 0,65 %
Pouvoir calorifique : 7120° à 8000 °
Nous avons demandé à la Societad Minera Cantabro Bilbaina de nous expédier des échantillons de ses anthracites et nous avons donné les adresses de nos maisons à Bayonne et à Bordeaux, ainsi que celle de notre direction générale à Paris ; Nous avons demandé également à cette société d’étudier sur place la possibilité d'exporter, en lui assurant que nous nous chargerions de l'étude des possibilités d'importation en France et cette société nous a promis de nous écrire pour nous indiquer un prix f.o.b. Bilbao pour ses anthracites.
Le temps nous a manqué pour prendre contact avec les deux autres sociétés, mais il nous a semblé qu'il n’était guère possible d’obtenir davantage pour le moment.
En ce qui concerne les Mines de Leon, nous n'avons pu trouver à Bilbao que des indications très vagues qui ne présen­tent pas d'intérêt : nous sommes persuadés qu’il faudrait aller jusqu’à Gijon pour obtenir des renseignements intéressants; il semble toutefois que les meilleurs anthracites soient bien ceux de la province de Palencia et qu'en tout cas ils soient les plus facilement exportables du fait de leur proximité de Bilbao.
Les chiffres que nous avons donnés concernant la pro­duction en 1938 des trois principales sociétés d'anthracites de la province de Palencia sont évidemment très faibles : il est à peu près certain que la production sera considérablement plus importante en 1939, mais on n’a pu, ou voulu, nous donner aucun chiffre à ce sujet.
Tout ceci nous confirme dans l’opinion :
1°) - qu’il n’y a pas pour l’exportation en France des anthracites espagnols de difficultés de principe qui puissent résister à une volonté bien décidée d'établir un tel trafic ;
2°) - que ce n'est pas encore avant six mois ou un an que des possibilités vraiment suffisantes nous seront offertes d'importer en France ces anthracites, toutes conditions actuel­les restant sans modification ;
3°) - qu’il est nécessaire de poursuivre les pourpar­lers que nous avons déjà engagés et, qu’en particulier, il est indispensable que notre première visite soit suivie d'une autre qui permettra de continuer sur le plan technique et pratique l'étude que nous avons déjà faite auprès des autorités. De toute façon, il est intéressant de noter que nous avons été les pre­miers Français à prendre rang pour cette affaire.

28 juin 1939

 

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