1938.09.29.Du Journal de la marine marchande.Article.Original
Coupure de presse
Le PDF est consultable à la fin du texte.29 septembre 1938
La constitution de la Société française de transports pétroliers
L'événement maritime important survenu en ce mois de septembre est, sans contredit, l'accroissement substantiel de la flotte française pétrolière, à la suite d'achats réalisés par une nouvelle société, créée avec le concours et la participation de l'État, sur l'initiative de MM. Worms et Cie, auxquels se sont joints MM. Louis-Dreyfus et Cie et MM. Desmarais Frères.
Le fait que notre sous-sol est à peu près complètement dépourvu d'hydrocarbures nous rend lourdement tributaires de l'étranger, non seulement pour l'achat de ces produits, mais encore pour leur transport.
Or, si les efforts réalisés après la guerre constituent les limites actuelles du possible pour diminuer le fardeau des achats, il n'en est point ainsi pour le transport, car le problème d'un accroissement sensible de notre flotte pétrolière n'était pas insoluble et il faut reconnaître que, depuis des années, pouvoirs publics et particuliers se sont efforcés de trouver des solutions à cette question, importante au point de vue économique, vitale pour la défense nationale.
C'est ainsi que des mesures ont été prises, soit par les lois relatives au Crédit maritime, soit d'autre manière, pour faciliter la construction ; le décret-loi du 14 juin 1938, complété par le décret du 2 septembre 1938, prévoit un avantage pour la construction française si, au 31 décembre, le port en lourd total des navires-citernes satisfaisant aux conditions énumérées dans le même décret était inférieur à 400.000 tonnes.
Quoi qu'il en soit, dans les circonstances actuelles, il était urgent d'envisager soit la construction, soit l'achat d'unités neuves ou presque neuves. Or, les événements extérieurs, les craintes de conflits ne permettaient plus la première solution et force était, pour aller vite, de s'en tenir à la seconde.
C'est pourquoi MM. Worms et Cie et leurs associés ont cru devoir établir, en plein accord avec les pouvoirs publics, un projet qui vient d'être réalisé.
Il s'agissait de doter le pays de nouvelles unités pour ses besoins immédiats, lesquels, du jour au lendemain, pouvaient devenir très considérables. Il était donc nécessaire de travailler en liaison étroite avec l'État qui devait aider le nouvel organisme à réaliser le programme minimum tracé.
C'est ainsi que M. Louis Pineau, convaincu, plus que tout autre, de la nécessité d'un effort rapide et immédiat, facilita la mise sur pied d'une société qui devait, dans un temps minimum, augmenter de quelque 100.000 tonnes la flotte pétrolière française. Il appuya sans réserves les efforts de la Maison Worms et Cie, et c'est ainsi que, par lettre du 23 juillet 1938, le gouvernement donnait mission à celle-ci d'acquérir à l'étranger, sans retard, une flotte de navires-citernes ; de préparer la création d'une société qui serait propriétaire de ces bateaux, qui les exploiterait, et à laquelle l'État, par l'intermédiaire de l'Office national des combustibles liquides, participerait.
L'organisme dont il est question vient d'être créé sous la forme d'une société anonyme, au capital de 30.000.000 de francs (60.000 actions de 500 francs) et dont le siège social est 41, boulevard Haussmann, à Paris, IXe. La raison sociale en est : Société française de transports pétroliers.
Les deux assemblées constitutives ont eu lieu respectivement les 9 et 19 septembre.
Le conseil d'administration est ainsi composé : MM. Hyppolite Worms et Jacques Barnaud, de la Maison Worms et Cie ; Pierre Louis-Dreyfus, de l'armement Louis-Dreyfus et Cie ; Robert Cayrol, de la Maison Desmarais Frères ; Pierre Hély d'Oissel, représentant des Manufactures de produits chimiques de Saint-Gobain, Chauny et Cirey ; Henri Gasquet, représentant la Compagnie navale des pétroles ; Yves Desprez, représentant la Compagnie auxiliaire de navigation.
Pour l'État, l'arrêté du 13 septembre a désigné le commissaire général de la Marine Douillard et M. Jean Marie, directeur de la Flotte de commerce et du Travail maritime au ministère de la Marine marchande.
Enfin, les décrets du 13 septembre et du 17 septembre, rendus, le premier sur la proposition du ministre des Travaux publics et le second sur celle du ministre des Finances, ont nommé commissaires du gouvernement auprès de la société, avec pouvoirs d'administrateurs : MM. Louis Pineau, directeur de l'Office national des combustibles liquides, et Henri Zaffreya, contrôleur financier.
Dans sa réunion du -19 septembre, le conseil d'administration a nommé président M. Hyppolite Worms et directeur M. Pierre Achard, ingénieur civil du génie maritime.
Cinq navires viennent d'être achetés pour le compte de la nouvelle société par MM. Worms et Cie, savoir : Hoegh-Ray (14.640 tonnes) qui a pris le nom de Bourgogne ; Argus (15.010 tonnes) qui a pris le nom de Lorraine ; Actor (15.010 tonnes) qui a pris le nom de Languedoc ; Harald-Brövig (14.700 tonnes) qui devient Roussillon et enfin Marietta (14.649 tonnes) qui prendra le nom de Champagne.
Les trois premiers de ces navires effectuent leur premier voyage pour le compte de leur nouvel armement.
Ce sont des bateaux à peu près neufs, dont le plus vieux a moins de deux ans, qui possèdent toutes les installations les plus, modernes et qui constituent un appoint tout à fait important à la flotte pétrolière.
Nous sommes satisfaits de constater que les pouvoirs publics, parfaitement renseignés par le directeur de l'Office national des combustibles liquides, ont compris la nécessité d'en finir avec la politique d'hésitation qui nous rendait - et qui nous rend encore pour une aussi large part - tributaires du pavillon étranger pour l'approvisionnement d'un produit qui est devenu aussi nécessaire à la défense nationale.
Le contingent normal d'importation des charbons est fixé à 65 % du tonnage importé en 1936.