1938.03.22.De G. Le Roy Ladurie.A Paul Bénazet.Courrier (projet)
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G. Le Roy Ladurie
22 mars 1938
M. Paul Bénazet
3, rue Georges Berger - Paris
Mon cher président et ami,
Vous m'avez demandé il y a déjà plusieurs mois, de faire examiner par nos services qualifiés le problème de la mise à la disposition du pays de nouvelles unités pétrolières.
Par deux fois vous m'avez prié de faire revoir les première études que j'avais cru devoir présenter en faisant observer que seule pouvait intéresser les pouvoirs publics une solution qui, tout à la fois, permet d'aboutir très rapidement et donne à l'État la certitude absolue que, le jour venu, il pourra disposer immédiatement et librement des tankers nouvellement acquis.
C'est pourquoi nous avons définitivement écarté tout projet qui reposerait sur la location pour plusieurs années, d'unités appartenant au [mot illisible].
A notre avis, quelque précaution que l'on prenne dans les accords passés avec les armateurs il est à peu près certain qu'en cas de conflit, leurs gouvernements respectifs leur feraient une obligation absolue de reprendre la disposition de leurs navires.
Le projet que j'ai aujourd'hui le plaisir de vous soumettre a été étudié de très près tant par nos services techniques que par nos services financiers ; le tonnage, auquel il fait allusion, est actuellement disponible et pourrait être, à condition que la chose se fît avec toute la discrétion nécessaire et par suite de nos relations personnelles avec certains armateurs étrangers, transféré très rapidement sous pavillon français.
Étant donné les dispositions, tant du gouvernement britannique que d'autres gouvernements étrangers, il est vraisemblable que dans peu de mois, sinon peu de semaines, l'opération proposée deviendrait impossible.
Il ne faut pas se dissimuler que la solution que nous envisageons ne résoudra que partiellement le grave problème du transport des carburants en temps de guerre, si - comme nous en sommes persuadés — cette formule apparaissait à l'usage, comme répondant parfaitement à l'intérêt général et aux nécessités de la Défense nationale, il serait possible, en plein accord avec les pouvoirs publics, d'étudier, puis de [mot illisible] à la réalisation de nouvelles tranches.
Les dirigeants de notre Maison qui, pendant la dernière guerre, ont assuré dans des conditions exceptionnellement difficiles le ravitaillement en charbons étrangers de la flotte française et d'une grande partie du pays, sont prêts à apporter aux pouvoirs publics, dans le seul but de l'intérêt national, leur concours technique et financier le plus large pour mettre la flotte pétrolière française à même de faire face aux exigences de la Défense nationale.
[Absence de formule de politesse et de signature.]