1937.06.23.De Pechelbronn.Assemblée générale ordinaire.Allocution du président
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Pechelbronn
Société anonyme d’exploitations minières
Assemblée générale ordinaire du 23 juin 1937
Allocution du président
Assemblée générale ordinaire du 23 juin 1937
Allocution du président
Messieurs,
Lecture vient de vous être faite du rapport du conseil à votre assemblée.
Avant d’ouvrir la discussion sur ce rapport je vous serais obligé de m’accorder quelques minutes d’attention pour me permettre de vous donner certaines indications sur les conséquences de l’application des réformes sociales à vos exploitations et de la loi du 31 décembre 1936 sur la réforme fiscale.
À peine touchés par les événements, en juin dernier, nous n’avons pu vous donner des précisions sur l’importance de l’incidence des lois sociales brusquement introduites dans notre économie : votre Conseil vous a assurés qu’il défendrait de son mieux les intérêts que vous lui aviez confiés, il ne pouvait alors vous en dire plus.
Pour bien comprendre la situation qui nous a été faite, il ne faut pas perdre de vue que l’exploitation de Pechelbronn est très particulière, unique même.
Attachée à un gisement qui ne peut en rien se comparer aux gisements de pétrole normalement exploités dans le monde, votre société, pour tirer du sous-sol alsacien le maximum des richesses en hydrocarbures qu’il contient, ajoute à l’extraction normale et classique par sondages une extraction qui lui est propre, par puits et galeries. La main-d’œuvre occupée sur les champs d’Alsace est de ce fait très importante, par rapport aux tonnages extraits, et les résultats de votre exploitation sont en conséquence spécialement influencés par tous changements apportés aux salaires et aux appointements, ainsi qu’aux temps de travail ; c’est là l’aspect très particulier du problème qui nous intéresse et sur lequel je me permets d’insister.
L’exploration et l’exploitation du gisement de Pechelbronn ne posent donc pas seulement des problèmes techniques inconnus des autres pétroliers, elles posent aussi des problèmes sociaux que votre conseil, profondément attaché à notre province et à ses laborieuses populations, se doit d’étudier avec soin.
La situation de Pechelbronn a donc été exposée aux pouvoirs publics et plus particulièrement aux organismes chargés de la surveillance et du contrôle de votre société.
La protection reconnue nécessaire par le parlement en 1928, pour permettre le développement normal de vos exploitations s’était trouvée peu à peu réduite au cours des dernières années par un concours de circonstances sur lesquelles je ne m’appesantirai pas. Par l’énergique effort d’économies, dont il vous a été rendu compte en son temps, nous sommes arrivés à réaliser le programme que vous avez approuvé, et ouvert à nouveau l’ère des dividendes auxquels vous aviez momentanément renoncés : les charges nouvelles appliquées sans compensations auraient été vraiment écrasantes pour votre société dont l’exploitation ne peut en rien se comparer à celle des autres industries extractives comme celle de la houille, des minerais métalliques et même du pétrole.
Le gouvernement ayant décidé de faire un énergique effort pour développer en France la fabrication des carburants nationaux et, en particulier, des hydrocarbures de synthèse, ne pouvait se désintéresser de l’extraction du sol français de carburants naturels provenant de l’huile de schistes et des huiles brutes de pétrole.
L’extraction et le traitement de l’huile brute alsacienne, quelle que soit l’importance de la protection qui vient d’être accordée à ces opérations, est sans discussion possible, beaucoup moins onéreuse pour l’ensemble, état et consommateurs, que la fabrication des carburants de synthèse. Il était donc logique que notre industrie fût tout particulièrement encouragée ; c’est le but que nous nous sommes efforcés d’atteindre.
Au cours des derniers mois de l’exercice, dont nous venons de vous rendre compte, votre conseil, par son comité de direction, et votre direction, dans un effort continu, appuyés par tous les parlementaires de la région sans exception, ont fait de nombreuses démarches auprès des représentants du gouvernement, ils ont rassemblé tous les renseignements, fait tous les calculs et mené à bien toutes les études nécessaires demandées par les divers services administratifs, chargés d’étudier le problème des carburants nationaux ; le contrôle du service des mines a constaté la scrupuleuse exactitude de nos calculs.
Le gouvernement réalisant une politique de simplification dans la perception des impôts qui touchent le marché des carburants, a, par la loi du 31 décembre 1936 sur la réforme fiscale, incorporé dans les droits de douane diverses taxes qui frappaient lourdement l’industrie des hydrocarbures nationaux. Il a créé ainsi pour votre exploitation le supplément de protection qui lui était nécessaire sans cependant augmenter les prix du marché et les charges des consommateurs.
En même temps que les démarches faites auprès des pouvoirs publics, de nombreuses discussions longues et délicates avec le personnel ouvrier et employé ont été conduites par votre direction.
Je suis heureux de constater que ces pourparlers ont été généralement empreints d’une correction, que je me fais un plaisir de vous signaler. Les interruptions de travail, très localisées et ne concernant que certains de nos ouvriers ou collaborateurs, ont été de courte durée, elles n’ont jamais donné naissance à des incidents graves.
En résumé, la transformation et l’amélioration de nos installations étant continuées, grâce à la protection supplémentaire qui nous a été accordée depuis le 2 février, votre Société se voit rétablie dans une situation voisine de celle où elle se trouvait en mai 1936 ; votre direction devra donc continuer la politique de stricte économie pratiquée au cours de ces dernières années, mais les filiales de votre société commencent à réaliser les espoirs escomptés et vous pouvez maintenant considérer qu’à moins d’événements imprévisibles, vous continuerez à recueillir les fruits des lourds sacrifices que vous vous étiez courageusement imposés.