1934.06.02.De la Dépêche de Rouen.Article.Visite du Trait par William Bertrand
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La région
M. William Bertrand, ministre de la Marine marchande, a été, hier, l’hôte de la Chambre de commerce de Rouen.
Il a visité les Chantiers navals du Trait, les Chantiers de Normandie et le Port de Rouen.
[Photo et légende : L’arrivée de M. William Bertrand. De gauche à droite, M. Métayer, député-maire de Rouen ; M. William Bertrand, ministre de la Marine marchande, et M. André Marie, député, ancien sous-secrétaire d’État au ministère des Affaires étrangères]
[Photo et légende : Aux chantiers Worms, M. William Bertrand écoute les explications que lui donne un technicien. Autour de lui, on reconnaît MM. Authier, secrétaire général de la Seine-Inférieure ; Cheneaux de Leyritz, directeur du cabinet du ministre ; Haarbleicher ; Roy, secrétaire général des chantiers Worms, et André Marie, député, ancien sous-secrétaire d’État]
Nous avons été gratifiés hier d’une visite ministérielle. La chose s’est faite sans apparat. M. William Bertrand, ministre de la Marine marchande, a fait aux chantiers maritimes de la région rouennaise une visite technique, une visite d’information.
Arrivé au train du matin, le ministre est reparti au train du soir.
L’intervalle fut fort bien employé. La matinée consacrée aux Chantiers Worms, du Trait ; l’après-midi, aux Chantiers de Normandie et à la visite du Port.
La matinée
M. William Bertrand, à l’arrivée du rapide de Paris à 1 h 45, fut accueilli sur le quai de la gare par de nombreuses personnalités : MM. Georges Métayer, député-maire de Rouen ; André Marie, député ; Veyssière, sénateur ; Authier, secrétaire général de la Seine-Inférieure ; Berthet, chef de cabinet de M. le Préfet ; Faroult, président de la Chambre de commerce ; Lemoine, vice-président ; Barrillon, ingénieur-chef des Ponts et Chaussées ; le commandant Winns ; Sicot, capitaine au long-cours, chef-pilote de la Seine ; Cabannes, commissaire central ; Sollasol, commissaire spécial ; Dumont, chef des gardiens de la Paix, etc.
M. William Bertrand était accompagné par M. Haarbleicher, directeur de la Marine marchande, et par le directeur de son cabinet, M. Cheneaux de Leyritz.
Après un échange de paroles aimables avec M. Métayer, qui lui souhaita la bienvenue au nom de la ville de Rouen, M. le ministre de la Marine marchande gagna rapidement la voiture préfectorale qui l’emmena vers Le Trait.
Le ministre put au passage, tant dans la forêt qu’en vallée, admirer le charme de la Normandie ensoleillée. Et il put, avant même d’y être arrivé, apprécier la beauté du site du Trait, que ceux qui l’ont industrialisé — lui apportant ainsi une enviable prospérité — ont réussi à rendre plus gracieux encore en même temps que plus vivant.
MM. Worms, directeur de la maison Worms, qui, entre autres entreprises, est propriétaire du chantier du Trait, et M. Denis, son secrétaire général, reçoivent M. William Bertrand.
En l’absence de M. Nitot, directeur des chantiers, ce fut M. Abbat, sous-directeur, qui fit au ministre les honneurs de son établissement.
Participaient également à cette visite, outre la plupart des personnalités citées plus haut : MM. Roy, secrétaire général des Chantiers ; Vince, ingénieur en chef ; Dupuich, maire du Trait ; Wacquet, administrateur de l’Inscription maritime, etc.
Les honneurs militaires furent rendus à M. le ministre, à son arrivée, par un détachement de l’équipage du sous-marin "Sibylle", bâtiment actuellement en réparations aux chantiers.
Sous un soleil de plomb, pendant une heure et demie, M. William Bertrand effectua une visite minutieuse des chantiers, prêtant une attention soutenue aux explications compétentes que lui donnait M. Abbat.
Le ministre ne cache pas son admiration pour une installation aussi parfaite, aussi moderne, aussi bien comprise.
Aux cales, malheureusement, ne règne qu’une activité ralentie — la crise — deux navires seulement sont en construction : le sous-marin "Vénus", ainsi qu’un cargo : "Le-Trait", pour le compte de la maison Worms.
Mais une activité fébrile règne sur une des cales inoccupées, qu’on est en train d’allonger, d’élargir et surtout de renforcer.
C’est sur cette cale que sera bientôt en construction un pétrolier qui s’appellera vraisemblablement "Le-Salammbô".
Sur deux cales voisines, deux escorteurs seront également mis en chantier : l’"Incomprise" et le "Bouclier".
La construction de ces trois navires va permettre aux Chantiers du Trait d’opérer une embauche importante. Après avoir occupé plus de 1.300 ouvriers, ils n’en emploient actuellement que 600. Mais ce nombre va s’accroître bientôt, et les Chantiers vont ainsi bientôt collaborer à la lutte contre le chômage, dans une région si durement atteinte.
M. William Bertrand tint à saluer l'équipage du sous-marin "Sibylle". Sous la conduite du commandant de ce navire, le capitaine de vaisseau de Roquefeuille, il visita l’intérieur de ce navire, sorti d’ailleurs, il y a quelques années, des Chantiers du Trait.
La visite ministérielle, minutieuse et complète, s’acheva par un circuit autour de la cité-jardin du Trait, qui, de toutes ses maisons blanches et rouges et de ses jardins verts, rayonnait sous le soleil.
Le cortège ministériel regagna ensuite Rouen, où M. William Bertrand fut l’hôte de la Chambre de commerce, au cours d’un déjeuner qui se tint au Restaurant de la Cathédrale.
L’après-midi
A 14 h 30, le ministre et sa suite quittaient Rouen et gagnaient les Chantiers de Normandie.
Là, sous la conduite de M. Balut, directeur des Chantiers, entouré de ses collaborateurs, M. William Bertrand fit une visite complète, qui eut avec celle du matin, une certaine analogie.
Dans le bureau directorial, M. Fould, président des Chantiers de St-Nazaire, exposa au ministre la situation des chantiers de construction navale, et il demande à ce que les pouvoirs publics fissent leur possible pour maintenir la prospérité de cette branche de notre industrie.
En suite, sous la conduite de M. Barrillon, ingénieur-chef des Ponts et Chaussées, entouré de ses collaborateurs, M. William Bertrand visita les docks flottants.
Là, attendait le "Bardouville", remorqueur de la Chambre de commerce, lequel amplement pavoisé, emmena le cortège ministériel à la découverte du port de Rouen.
Ainsi M. William Bertrand put-il admirer l’activité et la prospérité de notre port, lequel subit vaillamment la crise.
Charbons, potasses, bois, vins, autant de branches à une activité qui ne veut pas se démentir.
Les souvenirs littéraires ou historiques furent égrenés au cours de cette agréable randonnée qui mena le "Bardouville" jusqu’à la hauteur de La Bouille. Et les grandes ombres de Corneille, de Flaubert, de Napoléon furent tour à tour évoquées.
Il était près de 18 heures lorsque le "Bardouville" accosta l’appontement du bateau de La Bouille.
M. William Bertrand consacra les quelques instants dont il pouvait disposer avant l’heure du train à une visite à la Chambre de commerce. Il fut guidé par M. Faroult, président de la Chambre de commerce, dont on connaît l’érudition.
M. le ministre de la Marine marchande quittait Rouen à 18 h. 20, pour Paris.
Il consacrera sa journée d’aujourd’hui à la visite des Chantiers du Havre.
Il est attendu en cette dernière ville à 10 h. 44. — G. F.