1931.08.19.Du Journal de Rouen.Lancement sous-marin Antiope.Article
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Le port de Rouen
Le lancement du sous-marin "Antiope"
Coquette et fleurie, la riante cité du Trait était hier, par un après-midi miraculeusement ensoleillé, le rendez-vous de nombreux promeneurs attirés par l’annonce d’un lancement.
Les Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime, s’ils ont déjà fourni à notre marine nationale de splendides unités, et notamment des contre-torpilleurs du type "Basque", n'avaient pas encore entrepris la délicate et difficile construction des sous-marins.
L'"Antiope", qui fait partie d’une série de huit navires identiques, est donc la première unité de ce genre mise à l’eau au Trait.
La cérémonie a magnifiquement réussi. Elle était présidée par M. le capitaine de vaisseau Willm, commandant de la marine au Havre, représentant le ministre de la Marine, entouré de nombreuses personnalités, parmi lesquelles nous avons noté :
MM. Lacroix, secrétaire général de la Seine-Inférieure, représentant M. le préfet ; H. Worms ; Roquebert, ingénieur en chef ; Barthélémy, ingénieur principal ; Germo, ingénieur de 1ère classe du Génie maritime ; A. Marie, député ; de Heyn, conseiller général ; de Malartic, conseiller d’arrondissement ; de Castelbajac, président de l’Union des industriels de la Seine-Maritime ; A. Augustin Normand ; 0. Pestel, maire du Trait ; Nitot, directeur général ; Abbat, sous-directeur ; Roy, secrétaire général ; Vince, ingénieur en chef des Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime; H. Masson, etc.
Après un déjeuner tout intime qui réunit la Marine et la direction des Chantiers, le cortège se rendit à 15 h 15 sur l’estrade érigée face à l’étrave mince et svelte de l'"Antiope". Le lieutenant de vaisseau de Martret, auquel la destinée du nouveau bâtiment est confiée, put en admirer les formes racées.
A 15 h 30, l'entraînante musique de La Lyre des Ateliers et Chantiers, sous la conduite de son chef, M. Coisy, après avoir joué plusieurs morceaux, attaqua la Marseillaise, cependant que le capitaine de vaisseau Willm brisait d’un geste large la traditionnelle bouteille de champagne sur les tôles de l'"Antiope", au moment même où le navire accomplissait les premiers centimètres de sa carrière.
Le grand pavois qui flottait à sa poupe claqua au vent de Seine et l'"Antiope" s’enfonça lentement dans son élément au milieu d’un double liseré d’écume. Les applaudissements de la foule témoignèrent de son enthousiasme.
Peu après, l'"Antiope", avec l’aide des remorqueurs, fut amarré au ponton où il sera procédé à son achèvement. Le sous-marin se rendra ensuite à Cherbourg pour recevoir son artillerie composée d’un canon de 75 m/m et de 8 tubes lance-torpilles. Cette unité de 64 m 40 de longueur, déplace, en surface, 630 tonnes, et en plongée, 800 tonnes. Ses vitesses, en surface et en plongée, sont respectivement de 13 nœuds 7/10 et 9 nœuds 2/10. L'appareil moteur à pétrole comporte deux groupes développant au total 1 300 cv.
La propulsion est assurée par deux hélices qui, en plongée, sont mues par des moteurs électriques d’une puissance totale de 1 000 cv.
Les Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime ont en construction trois autres sous-marins du même type que l'"Antiope".
[Images et légendes :] Le submersible sur sa cale de lancement et le navire vient de pénétrer dans le fleuve (photo Journal de Rouen) – voir PDF