1921.12.02.Du journal La Vigie de Dieppe.Article
Coupure de presse
Le PDF est consultable à la fin du texte.Lancement d'un cargo tout armé aux ateliers et chantiers Worms
Mardi dernier, aux chantiers de construction admirablement installés par la maison Worms au Trait, entre Duclair et Caudebec, sur la rive droite de la Seine, large de 300 mètres à cet endroit, il a été procédé au lancement du cargo "Capitaine-Bonelli", entièrement armé et gréé.
Le vapeur charbonnier "Capitaine-Bonelli", qui fait parti d'une importante commande passée aux Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime pour le compte de la Marine marchande de l'État, a été, à l'exception de sa machine, entièrement construit aux chantiers du Trait.
Lorsque les autorités et les invités de MM. Worms, Goudchaux et Majoux, directeurs associés, descendent vers 12 h. 15 du train spécial qui vient de les amener, ils aperçoivent parmi les 5 cargos en construction, la silhouette élégante du "Capitaine-Bonelli", qui se détache dans le brouillard trop épais de cette froide journée hivernale.
Le cargo, dont les essais de machine ont eu lieu sur cale, a été reçu la veille par la Marine marchande. Son équipage est à bord, la cheminée fume, les chaudières sont sous pression et les appareils électriques fonctionnent en plein.
Le cortège fait le tour du bâtiment, qui, fraîchement peint et orné du grand pavois, dresse fièrement sa masse imposante, que prolongent vers un ciel gris deux mâts élancés, reliés par une longue antenne de télégraphie sans fil.
Le cargo mesure 95 m de long, 14 m de large, 7 m de creux. Son port en lourd est de 4.700 tonnes, son tirant d'eau de 6 m 10 et sa vitesse de 10 nuds.
Tout est prêt pour le lancement ; les autorités montent sur l'estrade élevée devant l'étrave du cargo.
Il est midi 33, lorsque M. Rio, sous-secrétaire d'État, saisissant une élégante hachette que lui offre M. Worms tranche le dernier filin qui retient le "Capitaine-Bonelli". Le navire glisse imperceptiblement sur ses glissières et pendant 2 minutes qui semblent bien longues, on a l'impression qu'il reste immobile. Mais les techniciens rassurent les profanes : le suif est gelé, il travaille lentement mais sûrement. Le navire part !... Il est parti ! Accélérant sa vitesse, il descend vers la Seine, sifflant lui-même en son honneur. Il est 12 h. 36, lorsqu'il entre majestueusement dans le fleuve, large de 300 mètres à cet endroit.
Virant assez court, le cargo met le cap sur Caudebec. Il remplit aussitôt ses ballasts et file immédiatement vers Le Havre. Bien droit, superbe d'allure, il disparaît bientôt.
Chacun félicite M. Majoux, le sympathique directeur des établissements du Trait, qui a dirigé personnellement les travaux, et MM. Vence, ingénieur en chef ; Scherens, ingénieur dessinateur et Watt qui furent ses collaborateurs dévoués.
Le plein succès de ce premier lancement, particulièrement hardi, doit les récompenser de leur bel effort, et c'est avec joie qu'ils reçoivent des compliments de tous.
Parmi les notabilités qui entouraient M. Rio, sous-secrétaire d'État à la Marine marchande, citons MM. Noullens, sénateur, ancien ministre ; Brindeau et Quesnel, sénateurs de la Seine-Inférieure ; Guenrer, député, président de la commission de la marine marchande ; Ajam, député, ancien sous-secrétaire d'État à la Marine marchande ; Anquetil, Lavoinne, Maillard, Nibelle, Thoumyre, députés de la Seine-Inférieure ; Lallemand, préfet de la Seine-Inférieure, Hippolyte Worms, armateur ; Majoux et Goudchaux, directeurs associés de la maison Worms ; Domer, directeur de la maison de Dieppe ; Rimbert, maire de Dieppe, Coche, ancien maire, Maurice Thoumyre, président de la Chambre de commerce, etc.