1921.08.04.De Georges Majoux.A l'Association française pour l'avancement des sciences.Visite des ACSM

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Allocution prononcée le 4 août lors de la visite aux Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime du congrès de l'Association française pour l'avancement des sciences
Congrès de Rouen 1921

Messieurs,
C'est à la fin de l'année 1916 que la maison Worms et Cie a décidé la création des Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime dans le but d'y construire les navires nécessaires au remplacement de ses unités détruites par l'ennemi et qu'elle a choisi leur emplacement dans la petite commune du Trait (Seine-Inférieure), distante de Rouen d'un peu moins de 30 kilomètres. Du reste, le projet primitif s'est trouvé complètement remanié et agrandi pour répondre aux sollicitations pressantes du gouvernement, en vue de la reconstitution de la flotte nationale.
L'achat des terrains d'une superficie totale de près de 300 hectares fut effectué après l'établissement du programme et l'opération s'est trouvée achevée dès les premiers mois de 1917.
Les travaux proprement dits commencèrent dès avril de la même année et se poursuivirent jusqu'après l'armistice, au milieu des difficultés de toutes sortes d'approvisionnements et de transports inhérentes à l'état de guerre.
En même temps que se poursuivait la construction des bâtiments, les ingénieurs commandaient les machines, de telle sorte que l'organisation de l'usine put suivre pas à pas l'achèvement des ateliers.
La superficie totale de l'usine est de 25 hectares et comprend en particulier des parcs à tôles et profilés d'une longueur de 400 mètres et d'une largeur de 50. Ceux-ci sont desservis par un portique électrique qui permet de prendre les matières sur wagon et de les transporter à leur point de classement.

En ce qui concerne les différents bâtiments, les dimensions sont les suivantes :
Magasin général : 40 m x 24 m — Hauteur sous entrait : 5 mètres.
Salle à tracer : 60 m x 18 m — Hauteur sous entrait : 5 mètres.
Atelier de montage : 20 m x 24 m — Hauteur sous entrait : 5 mètres.
Petit ajustage : 60 m x 18 m — Hauteur sous entrait : 8 m 50.
Forges : 60 m x 18 mètres. — Hauteur sous entrait : 6 mètres.
Grand ajustage : 110 m x 36 m — Hauteur sous entrait : 14 m 2.
Grosse chaudronnerie : 100 m x. 36 m — Hauteur sous entrait : 14 m
Station électrique : 18 m x 18 m — Hauteur sous entrait : 6 m 60.
Tuyautage : 37 m 5 x 36 m — Hauteur sous entrait : 8 m 10.
Atelier des coques : 200 m x 36 m — Hauteur sous entrait : 8 m 10.
Station centrale : 30 m x 24 m — Hauteur sous entrait : 9 mètres.
Scierie : 40 m x 24 m — Hauteur sous entrait : 5 m 50.
Menuiserie : 82 m x 24 m — Hauteur sous entrait : 5 m 50.

Les cales de construction sont au nombre de 8, dont deux de 125 mètres et 6 de 145 mètres de longueur ; ces cales peuvent permettre la construction de navires atteignant jusqu'à 20.000 tonnes de portée en lourd.
Les divers ateliers sont desservis par 7 ponts roulants, 3 de 5 tonnes, 2 de 30 tonnes et 2 de 50 tonnes.
Les cales de construction sont armées de 3 grandes grues, dont 2 de 40 mètres de hauteur avec une flèche de 24 mètres et une grue de 24 mètres avec une flèche de 17 mètres.
La force actionnant les machines et les outils provient de trois sources : électrique, hydraulique, pneumatique et la génération en a lieu à l'intérieur de l'établissement.
La station centrale comporte actuellement deux dynamos de 500 kw chacune, et une dynamo de 30 kw. Une quatrième dynamo de 1.250 kw est en cours de montage.
Les compresseurs d'air pour les appareils pneumatiques développent une puissance de 30 mètres cubes par minute à 7 kg de pression par compresseur. Leur force est de 200 HP.
La station électrique dont la force est de 100 HP donne une pression de 105 kg par centimètre.
Vous aurez l'occasion au cours de votre visite, de remarquer que toutes les machines figurant, dans les différents ateliers, sauf celles destinées au travail du bois, ont été achetées en Angleterre. La cause en est, ainsi, vous le savez, que pendant la guerre, les usines françaises travaillaient exclusivement pour les besoins militaires et ne pouvaient suffire aux exigences  des nouvelles installations industrielles ; quant aux bâtiments, tous sont construits en ciment armé.

Lorsque vous quitterez l'usine, vous pourrez apercevoir la partie centrale de notre cité ouvrière.
Les constructions en sont dispersées sur près de 200 hectares et elles s'étendent sur 4 k 500, longueur totale de la commune du Trait, qui s'allonge entre la forêt domaniale qui couronne les crêtes et les prairies qui bordent le fleuve.
Pour les édifier, on a utilisé, soit des briques, soit des parpaings de ciment et chaque logement comporte au minimum 4 pièces avec un jardin d'environ 300 mètres. Le nombre de familles auxquelles l'habitation est ainsi fournie dépasse 350.

Vous passerez également à côté de l'école ménagère, à droite de la route, en marchant dans la direction de Caudebec, et à gauche, près du jardin public, vous apercevrez, groupés autour de la salle des fêtes et du cinéma, les bâtiments qui abritent les différentes sociétés locales : Lyre, Cercle artistique, Société des anciens combattants, Union sportive, société du Bouchon, Sou des Écoles.
Un peu plus loin, enfin, vous passerez derrière les bâtiments où est installée la Société coopérative.
J'ajouterai enfin, que pour réaliser l'alimentation en eau de l'ensemble de la cité, nous avons dû avoir recours à deux forages, l'un atteignant 136 mètres de profondeur, l'autre dépassant 160 mètres.
Au cours de la visite que vous allez entreprendre, les chefs de service qui vont vous accompagner pourront vous fournir tous les renseignements complémentaires qu'il vous plaira de leur demander.

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