1920.03.04.De la Compagnie générale de travaux publics & privés.A Worms & Cie.Note.ACSM

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Compagnie générale de travaux publics et privés
1, rue du Cirque, Paris (VIII)

Paris, le 4 mars 1920
Messieurs Worms & Cie 45, Bd Haussmann

Messieurs,
Nous avons l’honneur de vous accuser réception de votre lettre du 20 février, répondant à la nôtre du 12 février.
Nous constatons avec regret que vous continuez à attribuer les retards de nos travaux à un nombre insuffisant d’ouvriers. Nous ne pouvons que protester contre cette assertion et affirmer de nouveau que nous avons toujours eu la quantité d’ouvriers nécessaires à nos travaux.
Les retards sont dus à l’alimentation défectueuse des chantiers en matières premières, alimentation défectueuse due à peu près uniquement à la crise aiguë des transports dont souffre le pays.
S’il nous appartient, ainsi que vous nous le faites observer, et nous sommes tout à fait d’accord avec vous d’assurer l’approvisionnement de nos chantiers, nous nous trouvons cependant désarmés devant le manque presque absolu de transports par fer. C’est un fait désastreux que nous subissons et contre lequel nous ne pouvons rien.
Vous ajoutez qu’il n’y a aucune raison que nous n’ayons pu pourvoir à l’approvisionnement de nos chantiers dans les mêmes conditions que les autres entreprises travaillant au Trait. Il nous serait facile de vous répondre que les conditions ne sont vraiment par les mêmes, mais il ne nous convient pas d’établir des comparaisons entre notre entreprise et les autres travaillant au Trait. Nous nous bornerons à vous faire observer que les entreprises dont il s’agit étaient installées bien avant nous au Trait et qu’elles ont eu tout le temps de prendre des mesures spéciales qui ne commencent à porter leurs fruits qu’au bout d'un certain laps de temps.
Nous ne sommes d'ailleurs pas persuadés que les dites entreprises bien qu’elles soient privilégiées, ne subissent pas de retards dans l’exécution de leurs travaux.
Quoi qu’il en soit, nous maintenons que nous n'avons pas pu travailler d'une façon intense, les trois premiers mois de notre contrat parce que les compagnies de chemin de fer étaient défaillantes et n’ont pu nous transporter les matériaux (bois & ciment) que nous avions en approvisionnement et sur lesquels nous comptions pour exécuter nos travaux.
Quand nous avons pu commencer à travailler d’une façon un peu sérieuse, nous étions à l’entrée de l’hiver et nous avons subi le mauvais temps et les inondations.
Les travaux de la menuiserie, qui contrairement à ce que vous nous écrivez ont été commencés (tous les fers des semelles sont ferraillés) ont dû être abandonnés par suite de l’inondation. À l’heure actuelle le terrain de la menuiserie et celui du petit ajustage sont encore sous l’eau. Nous avons l’intention dès que l’inondation aura disparu de pousser très activement ses travaux et c'est pour nous permettre de vous donner satisfaction que nous venons de nouveau et de façon particulièrement pressante vous prier de vouloir bien réviser les prix de nos marchés de manière à les mettre en harmonie avec nos prix de revient.
Il ne nous semble pas que vous ayez pu envisager la possibilité que nous subissions seuls les majorations de prix qui résultent des circonstances actuelles, majorations qui sont telles que nous subissons des pertes très sérieuses.
Nous faisons de nouveau appel à votre équité.
Veuillez agréer, Messieurs, l’assurance de notre considération la plus distinguée.

Administrateur délégué,
[Signé :] Georges Pisier

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