1917.03.13.De Ch. A. Rouyer - Worms et Cie Alger

Worms & Cie

Alger, le 13 mars 1917
Messieurs Worms & Cie - Paris

Messieurs,

Nous référant à la situation dont parlait l'article de la "Dépêche algérienne" contenu dans notre particulière du 13 février dernier et à ce que vous nous dites à la fin de votre lettre du 6 courant au sujet de la Compagnie du gaz, nous craignons bien d'être obligés de venir au secours de cette dernière parce qu'il n'y aura pas moyen de faire autrement. Cette Compagnie en effet a reçu le 17 février un bateau portant 4.473 tonnes de Newcastle avec lesquelles elle pouvait marcher 46/50 jours, ce qui assurait son fonctionnement jusque vers le 5 avril. Nous sommes au 13 mars et nous croyons que la Compagnie n'a pas encore trouvé de nouveau bateau. Un journal qui fait de l'opposition à la municipalité a déjà fait pressentir que nous retournions à la même situation que le mois dernier et que la municipalité ne devait pas oublier qu'il suffit de parler haut pour avoir ce qui vous manque. Ce raisonnement serait inopérant, le charbon de Newcastle manquant partout ainsi que vous pourrez vous en rendre compte par l'état, joint à notre lettre générale, des stocks de la place à ce jour. Seul M. Durand a deux cents tonnes qui seront loin quand la situation de la Compagnie du gaz deviendra de nouveau gênante. Nous ne croyons pas que nos voisins aient rien en route ou aient même l'intention de faire venir de nouveau du Newcastle. M. legembre est furieux qu'on l'ait obligé dernièrement à fournir à l'Usine à gaz du Newcastle qu'il avait vendu à l'Énergie électrique et qu'il a dû remplacer par du Welsh et il paraît tout disposé à ne plus faire d'effort, puisqu'il n'est plus libre de disposer de sa marchandise.
Dans ces conditions il est évident que notre cargaison de Yorkshire va arriver bien à point pour recevoir l'assaut des autorités : on nous le demandera et, au besoin, on le réquisitionnera au nom de l'intérêt général, car on ne considérera cet intérêt général qu'au point de vue négociant d'un côté et ville de l'autre sans se demander s'il ne faudrait pas l'envisager au point de vue intérêt particulier de la ville et intérêt général des alliés qui est de me pas arrêter la navigation.
Nous croyons qu'il serait vain de tenter de résister ici et c'est pourquoi nous vous entretenons de cette question dès maintenant car elle mérite votre plus sérieuse attention tant au point de vue de l'attitude que nous devrons prendre ici qu'à celui des engagements que vous pourrez souscrire à l'égard de nos clients habituels.
Veuillez agréer, Messieurs, nos bien sincères salutations.

Ch. A. Rouyer


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