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Le Havre, le 6 août 1914
A M. le général Capiomont - gouverneur de la place du Havre

M. le gouverneur,
Nous avons eu l'honneur de vous soumettre au cours de notre entrevue de ce matin la résolution que nous venons de prendre de maintenir entre tous les ports français compris depuis Dunkerque jusqu'à Bayonne les services réguliers qui permettront d'assurer les approvisionnements des points desservis et vous avez bien voulu donner votre approbation à cette décision.
Mais nous nous trouvons maintenant entravés dans la réalisation de notre projet par le fait que la Marine lève une partie de nos équipages appartenant aux dernières classes de mobilisation pour les verser dans l'armée de terre.
Nous venons d'exposer cette situation à M. le directeur de l'Inscription maritime qui a bien voulu télégraphier immédiatement au sous-secrétaire d'État de la Marine marchande et sur ses conseils, nous avons également entretenu de la question M. le sous-préfet.
Comme il appartient à l'autorité militaire de se prononcer en dernier ressort, nous avons l'honneur, M. le gouverneur, de vous prier de vouloir bien donner les ordres nécessaires pour que les équipages des navires qui sont ou vont être affectés à ces lignes régulières de cabotage soient traités comme ceux appartenant aux armements au long-cours, telles que la Compagnie générale transatlantique et la Compagnie des chargeurs réunis qui se trouvent maintenus temporairement à leur bord.
L'Administration de la Marine pourra vous fournir l'état des navires visés par notre demande.
Nous ne jugeons pas inutile de vous rappeler, M. le gouverneur, qu'en cette circonstance, nous sommes guidés par l'unique désir de faciliter l'approvisionnement des ports que nous allons desservir et que l'on ne peut laisser isolés les uns des autres, la route de mer étant libre.
Veuillez agréer, M. le gouverneur, l'assurance de nos sentiments respectueux et dévoués.

Pour le Syndicat havrais des armateurs,
le secrétaire,
Georges Majoux