1898.09.03.A J. A. Hennessy et Cie.Cognac.Extrait
Retranscription
3 septembre 1898
MM. J. A. Hennessy & Cie
Cognac
Notre maison de Bordeaux nous communique la lettre que vous lui avez adressée à la date du premier courant... Nous tenons à répondre à votre dernier paragraphe qui nous a très péniblement touchés.
Quand nous avons décidé, il y a près de cinq ans, de faire escaler nos vapeurs à Tonnay-Charente, nous n'ignorions pas que nous allions nous heurter à de très vieilles habitudes prises par le commerce de Cognac, mais nous étions encouragés à tenter tout au moins cet essai parce qu'on nous avait fait entrevoir au point de vue de l'appui qu'une ligne française, mettant régulièrement les Charente en communication avec Le Havre, ne devait pas manquer de trouver auprès des chargeurs et nous avions pensé qu'avec un peu de patience nous réussirions à obtenir un trafic suffisant pour nous permettre de nous établir définitivement à Tonnay.
Nous regrettons de vous dire que ces espérances ont été déçues ; nous n'avons pas tardé à comprendre que les habitudes dont nous vous parlions était trop invétérées pour qu'on consentît à nous donner au détriment des lignes étrangères qui nous avaient précédées autre chose... qu'un os à ronger de temps en temps. Nous avons néanmoins persévéré et ... nous avons tenu à prolonger l'expérience... Au mois de mars de cette année, en présence des résultats de 1897 plus mauvais encore que ceux de 1896, nous avions pris la décision de nous retirer et ce n'est que sur les vives instances dudit agent... que nous avons consenti à rester encore jusqu'à la fin de juin. A ce moment-là notre coûteuse expérience nous a paru plus que suffisante et nous avons pris la détermination de porter tous nos efforts sur le port de la Pallice... Nous conservons toujours l'espoir de voir notre clientèle des Charente continuer à nous donner le petit aliment qu'elle nous avait fourni à Tonnay.
Nous sommes heureux de vous entendre dire que notre service des Charente vous avait donné satisfaction à vous et au commerce de Cognac en général et nous assurons que ce n'est qu'avec le plus vif regret que nous avons dû nous éloigner d'un port que nous avions grand plaisir à desservir.