1893.11.07.De A. E. Monod - Worms Josse et Cie Marseille
NB : La copie image de ce document de très mauvaise qualité n'a pas été conservée.
7 novembre 1893
MM. Worms Josse & Cie
Paris
Messieurs,
Greffulhe. Un hasard curieux et que je qualifierai de providentiel nous met à même d'être définitivement et irrévocablement fixé sur le compte de M. Greffulhe et sur la valeur de ses déclarations.
Il y a quelques instants en ouvrant le courrier du matin, j'ai passé le canif dans une enveloppe qui ne nous était pas destinée mais je ne m'en suis aperçu qu'à la lecture de la lettre qu'elle contenait et dont je vous envoie sous ce pli la copie textuelle, celle au jaune que j'ai essayé de faire tirer n'étant pas lisible.
Vous y verrez que les pourparlers dont m'avait parlé M. Rostand à Paris, ont abouti et que le Comptoir national d'escompte se prépare à délivrer à M. A. Fraissinet des lettres de crédit documentaire jusqu'à concurrence de 200 [...] en faveur de M. Henri Greffulhe.
Par suite d'une bévue d'employé au Comptoir, la lettre ne portant aucune indication personnelle, était adressée M. A. F., agent de la maison W. J. & Cie, 19, rue de la République. Il est donc tout naturel que se trouvant dans notre courrier, elle ait été ouverte et c'est ce qui nous a permis d'avoir une preuve tangible de la trahison, de la mauvaise foi, de l'impudeur de M. Greffulhe.
C'est à vous qu'il appartiendra de déterminer quelle suite les circonstances et le soin bien entendu de vos intérêts vous engageront à donner à cet incident, et comme je serai avant tout désireux de ne rien compromettre par rapport à vos intentions, je vous serai obligé de bien vouloir me les faire connaître avant la prochaine entrevue que je dois avoir avec M. Greffulhe. Celui-ci prétextera peut-être que M. A. Fraissinet a agi vis-à-vis du Comptoir à son insu et sans s'être assuré son assentiment mais vous admettrez avec moi qu'il aura de la peine à se maintenir sur ce terrain.
Pourriez-vous m'envoyer copie de la lettre que vous a adressée M. Greffulhe en date du 6 mai et à laquelle il se réfère dans celle du 15 septembre ? Je tiendrais, s'il y a lieu, à édifier le Comptoir d'escompte sur le compte de son nouvel accrédité.
Corvettes américaines. L'affaire est en bonne voie. L'ingénieur de la flotte, qui se trouve à bord, a passé une partie de la matinée sur nos chantiers à examiner nos charbons. Il en a paru satisfait. Bien que la qualité des derniers chargements reçus soit inférieure à ce que Cardiff a l'habitude de nous expédier. Et nous avons bon espoir de recevoir l'ordre demain. Nous avons été obligés de faire le prix de 23/ mais il sera net de tous frais accessoires.
Contrats. M. Auguste Bazin, prédécesseur de M. Savon, comme gérant de la société M. Bazin & Cie, m'a dit hier soir qu'à sa connaissance de nombreux contrats de charbonnage à Marseille et Port-Saïd avaient déjà été conclus sur 1894 à des prix extrêmement bas. Vous êtes sans doute beaucoup mieux au courant que lui, car, bien que toujours administrateur de la société, il ne s'en occupe plus guère. Aussi, ne vous transmets-je son renseignement que pour ce qu'il vaut.
Veuillez agréer, Messieurs, mes salutations très distinguées.
A. Monod
7 novembre 1893 (après-midi)
J'ai bien reçu votre particulière d'hier et y répondrai en détails demain. En attendant, je tiens à vous remercier très sincèrement du souci que vous prenez de ma santé. Malheureusement, ma toux ne fait qu'augmenter et je dois aller ce soir me faire examiner et ausculter pour savoir au juste à quoi m'en tenir.
Je n'avais pas perdu de vue ma conversation avec M. Rostand au sujet de M. Greffulhe mais je ne sais pourquoi je m'étais figuré que vous m'aviez en outre communiqué quelque lettre ou document relatif au même Monsieur.