1893.08.31.De A. E. Monod - Worms Josse et Cie Marseille
NB : La copie image de ce document de très mauvaise qualité n'a pas été conservée.
31 août 1893
M. Worms Josse & Cie
Paris
Messieurs,
Comme suite à ma lettre confidentielle d'hier, j'ai la très grande satisfaction de vous informer qu'ayant eu l'occasion aujourd'hui d'aller rendre visite à M. Estrine au sujet des deux bateaux de la Cie P. & O. attendus, notre entrevue a été plus cordiale et plus amicale que jamais. Nous avons eu une longue et intime conversation au cours de laquelle M. Estrine m'a, de son propre mouvement, parlé d'une foule de choses en confidence. Il a pris l'initiative de remettre sur le tapis le petit incident du "Ganges" et m'a dit en substance ceci : « Ne m'occupant jamais de la question charbon et ne sachant trop comment expliquer à ma compagnie que, pour la première fois, il y a eu une légère difficulté entre votre maison et un de nos [bords], j'ai émis l'opinion que c'était sans doute dû aux tâtonnements de débuts, inhérents à un changement de direction et de personnel. Mais, je reconnais parfaitement qu'il y a eu simple erreur ou malentendu et j'ai donné à ma compagnie l'assurance qu'il ne surviendrait plus aucune anicroche dans l'avenir. Je viens du reste de recevoir d'elle une lettre qui clôt l'incident. »
Au cours de l'entretien, et toujours sans provocation directe de ma part, M. Estrine m'a dit : « M. Fraissinet était sans conteste un excellent garçon mais, entre nous soit dit, ce n'était pas lui qui était le chef de la maison, c'était M. Guittet. Celui-ci paraît aujourd'hui un peu gêné et vexé d'être obligé de renoncer au rôle prépondérant auquel il s'était habitué. »
Ceci pour bien vous mettre au courant du ton et de l'esprit de notre conversation, pendant laquelle M. Estrine a évoqué maints souvenirs du passé, entre autres celui de son père qui m'aimait beaucoup et que, de mon côté, je vénérais et admirais très sincèrement. C'est en effet un des hommes les plus droits et les meilleurs que j'ai connus.
Vous pouvez donc être plus que jamais rassurés sur le véritable caractère de mes relations avec l'agent de la P. & O.
Veuillez agréer, Messieurs, mes salutations très distinguées.
A. Monod