1890.01.20.De (Ed. Grandperré).Paris.Au maire du Havre.Photocopie
Document original
Paris, le 20 janvier 1890
M. le maire,
Arrivé depuis hier à Paris que j'avais quitté depuis une vingtaine de jours pour aller en Angleterre, j'ai lu, hier, dimanche, un article que Monsieur Blaise [Théberte] a fait dans le supplément du [Petit] Journal sur le sauvetage opéré par le capitaine Basroger, commandant le "Emma", puis j'ai pris connaissance de l'article du Figaro publié le 6 janvier ; j'y ai relu avec quelle admiration enthousiaste vous avait accueilli ce grand marin.
Je suis peintre de marine, ancien marin moi-même, et j'ai été le seul peintre de marine attaché par le gouvernement pendant la guerre d'Italie. Vous concevrez que je n'ai pu lire les articles de journaux dont je vous parle sans être vivement impressionné et comme artiste et comme marin. Il m'est venu l'idée de faire une toile représentant l'épisode de l'embarquement à bord de l'"Emma" des 500 personnes sauvées, mais je voudrais faire une [page] importante et par sa taille et par la manière magistrale dont j'ai l'intention de la traiter puisque l'article de M. Théberte se terminait en demandant pour le capitaine une distinction extraordinaire je pense qu'une [citation] serait bien mais une uvre [...] parlant aux yeux, montrant le capitaine Basroger dirigeant sur sa dunette ou de sa passerelle le sauvetage, cela serait mieux car la peinture permet plus que tout autre art de parler aux yeux des masses.
Je viens donc, M. le maire, vous demander si vous voudriez bien dans votre ville où tout ce qui s'attache à la marine fait battre le cur de tous Havrais ouvrir une souscription pour faire exécuter cette uvre. J'écris à la maison Worms dans ce sens.
Recevez, M. le maire, l'expression de ma profonde considération.
Rue Le Verrier, 19, Paris