1871.06.14.De Hypolite Worms - Hte Worms Port-Saïd.Extrait
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Hte Worms Port-Saïd
Port-Saïd, 14 juin 1871
Compagnie du Canal. Suivant l'opinion de Stapledon que je crois bien renseigné, la situation devient précaire plus que jamais. Le président a échoué en Angleterre dans sa tentative d'emprunt. Le chiffre des recettes de mai et juin est déplorable et depuis quelques jours les échouements dans le Canal deviennent plus fréquents comme aux plus mauvais temps des débuts ; les procès vont pleuvoir de tous côtés ; je vais en avoir pour ma part 2 ou 3 à soutenir contre la Compagnie, cela ne présage rien de bon, et une catastrophe pourrait être prochaine.
Coste. Part dimanche prochain pour France. On me répète de nouveau qu'il ne doit pas rester longtemps à Port-Saïd ; encore un an peut-être. Cela vous faciliterait sans doute les négociations que j'indiquais à faire auprès de Cory.
Graines de coton. Il résulte d'une conversation entre Stapledon et moi qu'il est tout disposé à s'entendre avec nous pour opérer sur une vaste échelle. Il s'engagerait à me prendre, rendue à Port-Saïd, le long de ses steamers, sous palan, toute quantité quelconque que je pourrais lui livrer à £ 6 ou £ 6/10, la tonne anglaise, et il fournirait les sacs nécessaires. J'ai répondu à ses demi-ouvertures que ces opérations ne commençaient que courant septembre ; que j'avais donc tout le temps de vous consulter et que nous en reparlerions, Stapledon et moi, avant longtemps : que du reste, cette proposition me convenait parfaitement. Voilà une affaire qui me conviendrait sous tous les rapports et cette nouvelle sera très agréable à M. Labosse qui connaît beaucoup mieux que moi, Zagazig, les moyens à employer. Je lui laisse donc le soin de discuter avec vous cette affaire qu'il connaît parfaitement. Veuillez seulement lui rappeler notre procès pendant avec notre transporteur Daubonne, procès qui n'a point fait un pas depuis son départ. Veuillez ajouter aussi que la Compagnie du Canal entrave de plus en plus les moyens de transport par son entremise, à elle, et que nous trouverons là des difficultés à surmonter, mais nous en viendrons à bout si nous nous attendons avec Stapledon.
"Séphora" ou autre équivalent. M. Labosse vous a déjà sans doute entretenu de mes idées à ce sujet : plus je vais, et surtout depuis que je me suis mêlé des affaires turques, plus je suis convaincu qu'un steamer, portant 5 à 600 tonnes de marchandises, outre son charbon, laisserait des bénéfices considérables au bout de l'année. Bien que le commerce des charbons avec Djeddah nous assurerait les dépenses du steamer et probablement un très beau bénéfice en sus. En outre, nous trouverions à Djeddah et surtout en face, sur la côte d'Abyssinie, une grande quantité de café et autres produits et des bestiaux à vils prix. M. Stapledon approuve tout à fait l'idée d'un steamer faisant un service régulier dans la mer Rouge, et se réserve d'avance de prendre la moitié de café que l'on ferait ramasser. M. Labosse vous dira aussi les idées de magasinage à Suez. Enfin, c'est une affaire à examiner et je lui appelle toute votre attention.
Matériel. J'ai acheté à Alexandrie 2 mahonnes, l'une portant environ 130 à 150 tonnes, l'autre 40 à 50 tonnes charbon et un remorqueur qui me coûtera 18.000 F, rendu à Port-Saïd. Le remorqueur porte en outre une citerne à eau douce avec une machine pour élever l'eau dans les navires ; machine mue par la vapeur et pouvant délivrer 30 tonnes d'eau en moins de deux heures. Cela manquait tout à fait à notre port et la vente de l'eau doit d'après mes calculs couvrir les dépenses du remorqueur. Si l'affaire des graines de coton se réalise entre Stapledon et nous, je songe à acheter comme magasins flottants les deux grandes mahonnes de transit que M. Labosse connaît bien et qui portent chacune [270] tonnes. Quand la graine aurait cessé de nous occuper, ces mahonnes me serviraient de magasins à charbon à Suez. On me parle de 10 à 12.000 F chaque mahonne mais cela très vaguement.
Hypolite Worms