1854.04.18.A Antoine Bon.Genève

Origine : Copie de lettres à la presse n°54 - du 5 avril 1854 au 29 avril 1854

Paris, le 18 avril 1854
Monsieur Antoine Bon à Genève
Chez M. Perchat - agent de change

J'ai reçu en son temps votre lettre du 3 courant et ce n'est qu'aujourd'hui que je suis en position d'y répondre.
Vos projets d'établissement à Rouen dans le commerce des charbons anglais ne laisseraient que de tristes chances de réussite ; les choses ont bien changé depuis le temps où vous vous en occupiez chez MM. [...] & Cie. Je suis aujourd'hui associé avec Monsieur Grandchamp. M. Chabert le seconde et toute concurrence me semblerait difficile, si ce n'est dangereuse, pour un nouveau venu d'autant plus qu'à côté de nous, se continuent avec plus ou moins d'affaires, les Maisons de P...
Mais il est un autre point, bien autrement important que Rouen, et sur lequel j'ai, depuis trois ans, tourné mes vues. Je veux parler de Marseille.
Là aussi il y a une concurrence redoutable, puisque depuis trois ans, malgré des affaires importantes que j'y ai traitées, je n'ai pu réussir encore de m'y installer définitivement, comme je désire le faire.
Bien des causes, trop longues à énumérer dans une lettre, m'ont empêché de réussir à Marseille. Mais l'une de ces causes est que je n'ai pas encore rencontré un agent réunissant les conditions assez difficiles que je veux exiger de lui.
Les renseignements, que j'ai pu obtenir sur votre compte, me laissent espérer que je pourrais trouver en vous, Monsieur, les qualités diverses dont doit être pourvue la personne que je voudrais charger de mes intérêts à Marseille. Mais, il y a tant de choses à dire et à faire, pour assurer un succès définitif à Marseille que je ne veux pas en risquer la chance par correspondance.
C'est à vous, Monsieur, de peser dans votre esprit si vous voulez risquer de venir me voir à Paris. Car, même en vous dérangeant de vos occupations actuelles, je ne veux ni ne puis prendre aucun engagement avec vous. Je vous dis seulement que si nous pouvons nous entendre, je puis vous créer à Marseille une position convenable et immédiatement avantageuse. Si je trouve en vous les qualités que je désire à l'agent que je cherche, vous profiteriez immédiatement des tâtonnements que j'ai faits, depuis trois [ans] à Marseille et, bien secondé par vous, je pourrai enfin y établir ma maison dans la position que je désire sur cette place, où les affaires charbon ont un avenir considérable.
Réfléchissez à tout cela ! Si vous vous décidez à venir me voir, vous me trouverez tout disposé à agir dans le sens que je vous indique.
Recevez mes sincères salutations.

Hpte Worms

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