1850.09.02.De Edouard Rosseeuw.Newcastle.Extrait
Origine : Collection de lettres reçues - liasse 1848-1854
Newcastle, le 2 septembre 1850
Monsieur Hte Worms
Paris
Je réponds à votre lettre particulière du 30 août. Nous sommes à peu près d'accord, avec Pring, sur les conditions auxquelles il resterait attaché, avec moi, à la Maison que vous voulez fonder ici. Mais, avant d'entrer dans ces détails, je vais vous exposer le résumé de mes impressions et réflexions depuis 10 jours que je suis ici.
En somme, il me paraît qu'il n'y a pour le moment rien à changer ici dans la marche suivie jusqu'à ce jour. Voici mes raisons:
Pour constituer une maison sérieuse, il faut des affaires, et il faut que ces affaires offrent une perspective de bénéfice raisonnable - eh bien, je vous le répète, les affaires ne peuvent pas être créées ici. Il faut qu'elles viennent de la France. Et elles ne peuvent nous arriver que quand nous aurons été les provoquer dans tous les ports de mer. Nous installer ici, c'est commencer par la fin.
En effet, que ferai-je ici ? La besogne consiste à descendre sur le quai à 9 heures ½ ou 10 heures. Il n'y à personne avant, parce que le courrier n'arrive qu'à 10 ou 11 heures.
Sur ce quai, on flâne comme au Havre sur la place de la Comédie. Les courtiers viennent vous offrir des navires. On discute les conditions : si on tombe d'accord on signe une charte-partie. On écrit une lettre à M. Worms. Quelques jours après, on lui remet le connaissement et tout est dit. En un mot, la besogne est rien ou presque rien. Mais quand il n'y a pas de navire, comme c'est le cas ces jours-ci, oh alors, il n'y a rien à faire, et c'est mortellement ennuyeux.
Maintenant, supposez que je change tout, c'est-à-dire que je fasse tout au nom de la Maison Worms. Cela peut marcher tant que je suis là. Je signe par procuration, c'est en règle. Mais, quand je m'absenterai pour 2 ou 3 mois - et il le faut absolument - il faudra bien laisser une procuration à Pring. Car sans cela tout est impossible.
II faut donc laisser les choses en l'état, jusqu'à ce que des affaires nouvelles importantes, nous permettent de nous installer définitivement - car, remarquez bien que les Anglais, hommes très positifs et persévérants, trouveraient mauvais, ce changement de Pring en Worms, si cela ne devait pas continuer.
Mais il faut donc, je le répète, commencer par le commencement, c'est-à-dire aller de Dunkerque à Marseille, préparer les affaires. Car, d'ici, toutes démarches seraient nulles.
Seulement, pendant que je suis ici, je puis continuer à voir par moi-même comment se passent les choses et redresser, s'il y a moyen, les abus. Mais vous ne vous doutez pas combien cela est difficile, je voudrais pour beaucoup vous voir sur le terrain.
Les choses sont ainsi°: si cela ne vous convient pas, arrangez-vous et laissez-moi tranquille. Je ne puis pas faire autrement. Les autres acheteurs sont contents, faites comme eux. Voilà ce que dit ou pense le vendeur anglais. Voilà la vérité vraie, Worms, et ni moi ni vous n'y changerons rien. C'est à prendre ou à laisser.
A un prix plus élevé, Carr consent à nous embarquer dans la Tyne. Eh bien, cela ne marchera pas encore, parce que les charbons n'arriveront pas régulièrement. Les capitaines ne sont pas chargés dans le délai voulu et raisonnable - et ce sont des difficultés inouïes que vous ne comprenez même pas à Rouen ou à Paris parce que vous ne connaissez pas les localités et les usages.
II nous faudra un marché avec Carr et un marché avec le Davison. Voilà le seul moyen de nous en tirer. Mais pour cela, il faut des quantités considérables, pour obtenir leurs derniers prix. Voici maintenant où j'en suis avec Pring. Il a été violemment froissé de la lettre que je lui ai remise. Il dit qu'il ne la mérite à aucun égard - et il voudrait que vous la retirassiez de ces mains.
II consent à rester attaché à la Maison - et au lieu de £ 72 par an, il en recevrait £ 150 - abandonnant tous les profits quelconques à la Maison - seulement, tous les frais généraux, 50 à 60 livres, restant à votre charge - et, si la Maison prospère, il renoncerait aux 150 £, et prendrait le 1/4 dans les bénéfices.
Mais surtout il désire, tout en me reconnaissant comme chef de la Maison, et ne devant agir que sur mon impulsion, il désire que, quant au public, rien ne soit changé, que le nom de Worms [...] substitué à celui de Pring et qu'il puisse, comme moi, signer en douane, à la Banque, etc.
En effet, dit-il, si je cesse de signer, il reste évident que j'ai démérité dans la confiante de
M. Worms et cela me porte un grand préjudice sur la place où je suis bien vu dans les affaires et en dehors des affaires. (C'est vrai.) D'ailleurs (et je vous le disais plus haut) quand M. R[osseeuw] s'absentera pour les intérêts de la Maison, qui donc pourra signer°? En un mot, il s'agit de prendre avec Pring à Newcastle les arrangements que vous avez consentis à Mallet au Havre. La position est la même.
En somme, il me paraît qu'il n'y a pour le moment rien à changer ici dans la marche suivie jusqu'à ce jour. Voici mes raisons:
Pour constituer une maison sérieuse, il faut des affaires, et il faut que ces affaires offrent une perspective de bénéfice raisonnable - eh bien, je vous le répète, les affaires ne peuvent pas être créées ici. Il faut qu'elles viennent de la France. Et elles ne peuvent nous arriver que quand nous aurons été les provoquer dans tous les ports de mer. Nous installer ici, c'est commencer par la fin.
En effet, que ferai-je ici ? La besogne consiste à descendre sur le quai à 9 heures ½ ou 10 heures. Il n'y à personne avant, parce que le courrier n'arrive qu'à 10 ou 11 heures.
Sur ce quai, on flâne comme au Havre sur la place de la Comédie. Les courtiers viennent vous offrir des navires. On discute les conditions : si on tombe d'accord on signe une charte-partie. On écrit une lettre à M. Worms. Quelques jours après, on lui remet le connaissement et tout est dit. En un mot, la besogne est rien ou presque rien. Mais quand il n'y a pas de navire, comme c'est le cas ces jours-ci, oh alors, il n'y a rien à faire, et c'est mortellement ennuyeux.
Maintenant, supposez que je change tout, c'est-à-dire que je fasse tout au nom de la Maison Worms. Cela peut marcher tant que je suis là. Je signe par procuration, c'est en règle. Mais, quand je m'absenterai pour 2 ou 3 mois - et il le faut absolument - il faudra bien laisser une procuration à Pring. Car sans cela tout est impossible.
II faut donc laisser les choses en l'état, jusqu'à ce que des affaires nouvelles importantes, nous permettent de nous installer définitivement - car, remarquez bien que les Anglais, hommes très positifs et persévérants, trouveraient mauvais, ce changement de Pring en Worms, si cela ne devait pas continuer.
Mais il faut donc, je le répète, commencer par le commencement, c'est-à-dire aller de Dunkerque à Marseille, préparer les affaires. Car, d'ici, toutes démarches seraient nulles.
Seulement, pendant que je suis ici, je puis continuer à voir par moi-même comment se passent les choses et redresser, s'il y a moyen, les abus. Mais vous ne vous doutez pas combien cela est difficile, je voudrais pour beaucoup vous voir sur le terrain.
Les choses sont ainsi°: si cela ne vous convient pas, arrangez-vous et laissez-moi tranquille. Je ne puis pas faire autrement. Les autres acheteurs sont contents, faites comme eux. Voilà ce que dit ou pense le vendeur anglais. Voilà la vérité vraie, Worms, et ni moi ni vous n'y changerons rien. C'est à prendre ou à laisser.
A un prix plus élevé, Carr consent à nous embarquer dans la Tyne. Eh bien, cela ne marchera pas encore, parce que les charbons n'arriveront pas régulièrement. Les capitaines ne sont pas chargés dans le délai voulu et raisonnable - et ce sont des difficultés inouïes que vous ne comprenez même pas à Rouen ou à Paris parce que vous ne connaissez pas les localités et les usages.
II nous faudra un marché avec Carr et un marché avec le Davison. Voilà le seul moyen de nous en tirer. Mais pour cela, il faut des quantités considérables, pour obtenir leurs derniers prix. Voici maintenant où j'en suis avec Pring. Il a été violemment froissé de la lettre que je lui ai remise. Il dit qu'il ne la mérite à aucun égard - et il voudrait que vous la retirassiez de ces mains.
II consent à rester attaché à la Maison - et au lieu de £ 72 par an, il en recevrait £ 150 - abandonnant tous les profits quelconques à la Maison - seulement, tous les frais généraux, 50 à 60 livres, restant à votre charge - et, si la Maison prospère, il renoncerait aux 150 £, et prendrait le 1/4 dans les bénéfices.
Mais surtout il désire, tout en me reconnaissant comme chef de la Maison, et ne devant agir que sur mon impulsion, il désire que, quant au public, rien ne soit changé, que le nom de Worms [...] substitué à celui de Pring et qu'il puisse, comme moi, signer en douane, à la Banque, etc.
En effet, dit-il, si je cesse de signer, il reste évident que j'ai démérité dans la confiante de
M. Worms et cela me porte un grand préjudice sur la place où je suis bien vu dans les affaires et en dehors des affaires. (C'est vrai.) D'ailleurs (et je vous le disais plus haut) quand M. R[osseeuw] s'absentera pour les intérêts de la Maison, qui donc pourra signer°? En un mot, il s'agit de prendre avec Pring à Newcastle les arrangements que vous avez consentis à Mallet au Havre. La position est la même.
Rosseeuw