1978.08.08.Du commandant André Ragault.A Nicholas Clive Worms.Paris.Original
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André Ragault Dieppe, le 8 août 1978
2, rue Ango
76200 Dieppe
Cher Monsieur,
Afin de répondre au désir que vous m’avez exprimé par l’intermédiaire de M. Francis Ley, je me fais un plaisir de vous adresser ci-joint une série de photos de divers navires de la flotte Worms d’avant-guerre, provenant de ma collection personnelle.
Le "Pessac" sortant de l’avant-port de Dieppe en 1938 est l’œuvre du capitaine de la Marine marchande Charles Romain, qui navigua une vingtaine d’années à la Maison Worms (comme tout le monde disait à l’époque).
Le "Château-Yquem" (deuxième du nom) à Bordeaux en 1935 est un travail de professionnel.
Le "Léoville" à quai dans le bassin de Paris, à Dieppe, a été pris par l’un de mes amis.
Le "Barsac" en Gironde et le "Pomerol" à Caen sont de mon cru. Je n’ai malheureusement pas retrouvé les négatifs originaux.
J’ai mis sous enveloppe (10) les négatifs en 6 x 9, pris avec mon regretté appareil Zeiss Ikon, perdu lors du torpillage du "Meknès", en juillet 1940, et les photos correspondantes en 9 x 13 de divers autres navires Worms.
Au cas où vous manqueriez d’informations sur certains d’entre eux, j’ai cru bien faire d’établir la courte notice de renseignements que vous trouverez en annexe à la présente.
Restant à votre disposition pour vos éventuelles recherches sur l’historique d’un armement français de cabotage qui fut le plus connu et estimé du monde maritime, je vous prie d’agréer, cher Monsieur, l’expression de mes sentiments les meilleurs.
A. Ragault
Notice de renseignements sur certains navires de la flotte Worms d’avant 1939
Le "Pessac" faisant partie, avec "Listrac" et le premier "Léoville", qui sauta sur une mine au large de l’estuaire de la Tamise en 1917, d’une série de 3 navires construits pour la Maison au Havre en 1907.
Le "Château-Latour", construit à Nantes en 1916, était le sister-ship des premiers "Château-Lafite" et "Château-Yquem", torpillés tous deux pendant la première guerre, ainsi que du "Château-Palmer".
Les "Léoville" (deuxième du nom, "Barsac" et leurs sister-ships "Cérons" et "Sauternes" furent construits par les ACSM, au Trait, en 1922/1923 pour la DGSM, qui leur avait commandé en même temps, les deuxièmes "Château-Yquem" et "Château-Lafite" (ces deux navires, les plus grands de la flotte, avaient été conçus à l’origine pour assurer une ligne France-URSS qui n’eut aucun succès).
Le "Pomerol" et son sister-ship "Médoc" avaient été construits à Greenock, en 1930, en même temps que "Château-Larose" et "Château-Pavie".
"Le-Trait", du même type que les "Pomerol" et "Médoc" fut construit en 1934 par les ACSM précités ainsi que le "Mérignac", bateau plus petit destiné au cabotage breton.
Les "Caudebec" et "Jumièges", ainsi que le premier "Yainville" étaient des charbonniers disparates, d’origine anglaise, achetés d’occasion, vers 1923/1924.
Le "Normanville" et "La-Mailleraye" furent achetés d’occasion vers 1930 (à vérifier).
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En septembre 1939, les "Pessac", "Listrac", "Léoville", "Barsac", "Cérons", "Sauternes", "Pomerol" et "Médoc" furent réquisitionnés par la Marine nationale pour être transformé en patrouilleurs auxiliaires.
Le "Barsac" s’échoua et coula à l’entrée de Vigo, au début de 1940.
Le "Cérons" subit le même sort en participant à l’évacuation de troupes françaises devant Veules-les-Roses, le 12 juin 1940.
Les six autres, réfugiés à l’armistice dans des ports britanniques, furent saisis par les Anglais le 3 juillet 1940 (le jour de l’affaire de Mers El-Kébir). Ils furent alors reconvertis en cargos et naviguèrent ensuite sous pavillon UK, comme d’ailleurs les "Bidassoa", "Margaux" et "Normanville", saisis également le même jour.
Les "Listrac", "Sauternes" et "Médoc" furent perdus par faits de guerre, mais les autres furent rendus à la France en 1945.
"La-Mailleraye" fut coulé par l’aviation anglaise en Gironde en 1941 et le "Château-Lafite" torpillé par un sous-marin allemand présumé allié devant les îles Sanguinaires à la sortie d’Ajaccio, en 1943.
Le "Jumièges" se perdit corps et biens au nord des Baléares, au début de 1942.
Quant au "Château-Palmer", saisi par les Allemands en 1940, il aurait sauté sur une mine ou été torpillé par un sous-marin allié, sur les côtes de Norvège vers 1943/1944.