1968.12.30.Du Monde.Deux coupures de presse

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Banques : les nouvelles compagnies financières se disputent les guichets.

Le fait marquant de l’année a été la « bataille » engagée en septembre-octobre entre la Compagnie financière de Paris et des Pays-Bas et la Compagnie financière de Suez pour contrôler la plus grande banque de dépôts privée, le Crédit industriel et commercial (CIC). Ce dernier établissement, solidement implanté à Paris et dans la région parisienne, contrôle lui-même plusieurs grandes banques régionales. Il dispose ainsi, sur tout le territoire, de très nombreux guichets, qui excitent naturellement la convoitise des anciennes banques d’affaires transformées pour la plupart en « holding ». À certaines séances plusieurs milliers de titres du CIC (obligatoirement nominatifs ont été échangés en bourse et d’importantes « applications » ont eu lieu. Quant aux cours, jusqu’alors relativement stables, ils ont plus que doublé en quelques semaines et varié parfois en vingt-quatre heures, en hausse comme en baisse, de plus de 20 %.
Finalement, plus de 50 % du capital du CIC a changé de mains. Malgré l’annonce, en octobre, d’un accord entre les deux groupes rivaux qui détiendraient chacun 25 % du CIC et apporteraient à un « holding » les actions qu’ils possèdent. Il serait hasardeux d’affirmer que l’affaire est terminée. Une prochaine assemblée extraordinaire du CIC doit ratifier prochainement l’apport à cet établissement de l’Union bancaire et industrielle, banque de dépôts du groupe Pont-à-Mousson.
Autre valeur en vedette : le Crédit du Nord, également importante banque de dépôts, dont l’activité s’exerce surtout dans le Nord, et qui a annoncé le renforcement de sa collaboration avec la Banque Worms. Mais les cours, en septembre-octobre, ont aussi très fortement monté, sur des achats massifs de la Compagnie financière de Paris et des Pays-Bas, qui aurait acquis 30 % du capital du Crédit du Nord. Il est possible qu’à la demande du Conseil national du crédit, cette participation soit ramenée de 30 % à 20 %.
Plusieurs banques d’affaires ont modifié cette année leur structure. La Banque de l’Union européenne et financière. L’ancienne banque du groupe Schneider, s’est scindée en deux : elle a fait apport à une société nouvelle ayant statut de banque de dépôts (la Banque de l’Union européenne) de tous ses actifs bancaires et d’un portefeuille de participations dans des affaires à caractère financier bancaire, elle-même se transformant en holding sous le nom de Compagnie financière de l’Union européenne. La Banque de Paris et des Pays-Bas est également devenue un « holding » : la Compagnie financière de Paris et des Pays-Bas qui contrôle trois filiales : la Banque de Paris et des Pays-Bas, banque de dépôts, l’Omnium des participations financières et Paribas international (voir Le Monde du 20 décembre).
Les sociétés intéressées au crédit à la consommation ou à l’équipement ont été longtemps favorisées, notamment Locafrance. Mais la forte hausse de taux d’intérêt, depuis quelque mois, risque de peser sur les résultats de l’exercice, et ces valeurs, en fin d’année, étaient moins recherchées.
 

Valeurs

Fin 1967

1968 + haut

1968 + bas

27.12.1968

Banque indoch.

190,70

277,50

194

250

Cie fin. Paris et Pays-Bas

205

250

181,50

191

Cie banc.

495

697

461

532

Cetelem

299

45

325

334

Locafrance[1]

627

872

550

696

Crédit comm. de France

112,50

186

100

145,1

Créd. du Nord

126,90

282

123,70

104,5

CIC

150,80

412

151

296

Crédit fonc. dt imm.[2]

229,80

275

286

269

 

Affaires

La Banque de Paris et des Pays-Bas cède à la Banque Worms 10 % du capital du Crédit du Nord

La Banque de Paris et des Pays-Bas, qui détient 30 % du capital du Crédit du Nord lui cèdera prochainement le tiers à la Banque Worms. Ce dernier établissement avait déjà conclu un accord de collaboration avec le Crédit du Nord à la fin de 1966, il vient de racheter un peu plus de 3 % de son capital à la Société générale de Belgique.
On se souvient que la Banque de Paris et des Pays-Bas avait pris sa participation dans le capital du Crédit du Nord à l’automne 1968, en même temps qu’une lutte ardente l’opposait à la Compagnie financière de Suez pour le contrôle du CIC.
C’était un épisode de la « course aux guichets », à laquelle se livraient depuis quelques années toutes les banques d’affaires. Le Conseil national du crédit avait d’ailleurs jugé bon d’intervenir et de recommander, voire même d’imposer, un compromis, qui instaurait un équilibre entre les protagonistes au sein du CIC et prévoyait la rétrocession par la Banque de Paris à la Banque Worms d’une partie de ses « acquisitions » dans le Crédit du Nord.
 

 

[1] Souscription à 250 F d’une action nouvelle pour deux anciennes.

[2] Attribution gratuite, une action nouvelle pour dix anciennes.

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