1966.06.13.De L'Express.Coupure de presse.Coopération entre banques d'affaires

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Le nouveau « groupe des Quatre »

La grandeur ne peut plus être solitaire. Même lorsqu’elle est opulente. La plus importante tentative de coopération bancaire jamais vue en France a abouti jeudi dernier, associant pour une action concertée la Banque de Paris et des Pays-Bas, la Banque Worms & Cie, le Crédit industriel et commercial (CIC) et la Compagnie bancaire.
La Banque de Paris et des Pays-Bas est, de très loin, la première banque d’affaires françaises. Le CIC est le premier groupe privé de banque de dépôts. L’opération qui, avec leurs deux autres partenaires, les rapproche, indique donc bien que la frontière entre les deux grands secteurs de la Banque française est tombée.
Les banques d’affaires n’avaient pas le droit, jusqu’à une date récente, de recevoir des dépôts des particuliers. Leur rôle était de prendre des participations dans des sociétés commerciales ou industrielles ou de financer leur création. Les banques de dépôts, au contraire, se voyaient interdire ce genre d’activité, qui aurait pu les amener à engager à long terme l’argent déposé par leurs clients.
Terrain préparé. Dans le « groupe des Quatre », né la semaine dernière, ce cloisonnement finira de s’estomper. Un véritable chassé-croisé d’échanges de participations va tisser des liens étroits entre les « associés ».
L’opération aboutit ainsi à un élargissement considérable de leur assise financière, qui n’aura pas d’équivalent en Europe. Le total des bilans des Quatre – y compris les vingt-cinq autres banques déjà regroupées dans la Compagnie bancaire et le CIC – est éloquent : près de 9,4 milliards de francs (la première banque américaine, la First National City Bank, affiche toutefois un bilan de 70 milliards de francs).
Deux hommes ont patiemment négocié ce rapprochement : M. Jean Reyre, directeur général de la Banque de Paris et des Pays-Bas, et M. Jacques de Fouchier, président-directeur général de la Compagnie bancaire. Au service de cette dernière, le terrain était d’ailleurs préparé : tous ceux qui se regroupent aujourd’hui y siégeant déjà depuis de nombreuses années. Il ne restait qu’à transposer sur une tout autre échelle les habitudes de cohabitation qu’ils avaient établies.
Faim de capitaux. La politique des frontières ouvertes et la liberté d’établissement qui découleront du Marché commun ont agi comme un révélateur : les banques françaises sont souvent trop petites par rapport aux grands établissements européens. Pour jouer un rôle, il leur faut grandir. Le groupe des Quatre est né de cette prise de conscience, comme en naquit, le mois dernier, la Banque nationale de Paris, issue de la fusion de la BNCI et du Comptoir national d’escompte.
M. Michel Debré est tout à fait favorable à cette évolution. Il en espère un changement d’attitude de la banque française. La faim de capitaux de notre industrie devrait, selon le ministre de l’Economie et des Finances, s’assouvir plus facilement si notre appareil bancaire se met aux dimensions internationales. Et s’il sort de son excessive prudence.
 

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