1952.12.00.De Roger Mennevée.Les Documents de l'AIII.Article

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Les Documents de l'Agence indépendante d'informations internationales - décembre 1952

La Banque Worms et Cie
Histoire générale (suite)
Ses opérations pendant l'occupation
(1940-1944) suite(1)

Au début de l'année 1942, la banque Worms et Cie effectua une augmentation de capital de 10 millions de francs de la :

Société générale des matières grasses

en 100.000 actions nouvelles de 100 F émises au pair avec jouissance du 1er janvier 1942 et réservées par préférence aux propriétaires des 100.000 actions déjà existantes, titre pour titre.
La Société générale des matières grasses avait été créée en mai 1929, dans le but de traiter, en France, dans les colonies, les pays de protectorat et sous mandat, et à l'étranger, toutes opérations se rapportant directement ou indirectement à la production, la transformation et le commerce des matières et corps gras en général, ainsi que du pétrole et de ses dérivés,
Le conseil d'administration de la société comprenait :
M. Georges Foulonneau, président directeur général,
M. Martial Pitavino à Paris,
M. Henry de Portes, à Neuilly-sur-Seine,
et M. Henry Frédéric Marie Lepaitre, à Marseille.
La banque Worms et Cie est représentée là par MM. Foulonneau et Pitavino.
A l'époque, un conflit assez délicat grevait l'activité de la Société générale des matières grasses.
La société possédait un nombre important d'actions (plus de 30.000) des Établissements Fourrier Ferrier à Marseille, dont elle s'était vu contester la propriété et qui avait été placées sous séquestre. En juin 1939, le conseil d'administration de cette dernière société avait démissionné, et faute de pouvoir réaliser un accord entre les actionnaires, un administrateur de justice avait été nommé le 27 juillet 1939. Le 12 avril 1941, un jugement du tribunal de commerce de Marseille avait maintenu l'administrateur-provisoire et interdit la tenue des assemblées générales. La Société générale des matières grasses avait fait appel de ce jugement, et au début de 1942, au moment de l'augmentation du capital que nous signalons, le litige n'était pas encore résolu. Il devait l'être relativement, quelques mois après, puisque le 17 avril 1942 un jugement du même tribunal de Marseille autorisait la tenue des assemblées générales des Établissements Fournier-Ferrier, et la Société générale des matières grasses à y prendre part, ce qui était, au fond, la reconnaissance de ses droits. Mais ce jugement fut, à son tour, frappé d'appel.
L'intervention de la banque Worms et Cie modifia sensiblement la situation et poussa à la réalisation d'un arbitrage intervenu antérieurement entre les deux sociétés, mais que l'action du groupe dissident n'avait pas permis de réaliser.
Le 15 décembre 1942, le conseil d'administration des Établissements Fournier-Ferrier - modifié à la suite de l'augmentation de capital dont nous parlons plus haut - obtenait l'adhésion des actionnaires à l'arbitrage réalisé depuis fin 1939 entre les deux sociétés, mais les jugements antérieurs restaient frappés d'appel et ce ne fut qu'en mai 1943 que la cour d'appel d'Aix, par un arrêt rendu le 26 mai, entérina les conclusions déposées par la Société générale des matières grasses et reconnut à celle-ci la propriété légitime des actions Établissements Fournier-Ferrier en litige.
Depuis cette époque, les deux sociétés sont sous le contrôle de la banque Worms et Cie.
La notice obligatoire concernant l'augmentation de capital envisagée ci-dessus avait été publiée au Bulletin des annonces légales du 2 février 1942.

En juin 1942, la banque Worms et Cie procédait à l'augmentation de capital de la :

Société de produits chimiques des terres rares

de 3.750.000 F à 15 millions, par l'émission de 22.500 actions nouvelles de 500 F, émises à 650 F.
La société avait pour objet l'industrie des produits chimiques, et, plus particulièrement, le traitement chimique des sables monazités en vue de la fabrication du thorium et de tous métaux du groupe des terres rares.
Les actions nouvelles étaient créées jouissance du 1er juillet 1942, avec droit de souscription irréductible pour les actionnaires, à raison de 3 actions nouvelles de 500 F pour 5 actions anciennes.
Le conseil d'administration de la société comprenait :
M. Paul Grégory, président-directeur-général de Saint-Gobain,
M. Henry Lestorey de Boulogne (de Bozel-Malétra),
MM. Pierre Appell, Ernest Marie Alfred Chauvac, Albert Georges Lucien Milinaire, Charles de Rhoden, représentant la Compagnie industrielle et minière du Nord et des Alpes - société mère du groupe,
et M. Raymond Meynial, de la banque Worms et Cie.
A l'époque, M. Charles de Rhoden était président du Groupement des producteurs de produits issus de la monazite, au Comité d'organisation des produits chimiques.
A la suite de cette opération, dont l'insertion préalable avait été au Bulletin des annonces légales obligatoires du 15 juin 1942, les actions de la société furent introduites à la Bourse de Paris, conformément à une nouvelle insertion faite au Bulletin des annonces légales obligatoires du 14 décembre 1942.

Dans le même n° du Balo, du 15 juin 1942, qui contenait l'insertion préalable à l'augmentation de capital de la société précédente, paraissait également une notice sur la :

Société minière et électrique des lampes

dont nous avons signalé, précédemment, l'augmentation de capital de juillet 1941, et dont l'insertion nouvelle envisageait la cotation des titres sur le marché de Paris.
Rappelons que les représentants de la banque Worms et Cie au conseil d'administration de cette société, étaient : MM. Raymond Meynial et Jean Brieule.

L'assemblée générale extraordinaire du 19 juin 1942, de la

Société française des sablières (Gennevilliers)

réunie dans les bureaux de la banque Worms et Cie, 45, boulevard Haussmann, décida, d'une part, l'élévation du capital de 5 millions à 6.250.000 F par la transformation directe en actions nouvelles d'une somme de 1.250.000 F, prélevée sur la réserve de primes d'émissions, et réalisée par la création de 12.500 actions nouvelles de 100 F chacune, entièrement libérées et attribuées gratuitement aux actionnaires à raison d'une action nouvelle pour 4 actions anciennes.
Cette opération a été complétée par une nouvelle augmentation du capital, devant porter celui-ci à 7.500.000 F par l'émission au pair et en espèces de 12.500 actions nouvelles de 100 francs, avec jouissance du 1er janvier 1942. La souscription à ces actions nouvelles a été ouverte du 19 juillet au 20 août, mais sans appel au public non actionnaire. L'insertion obligatoire pour la réserve des droits des actionnaires empêchés par les événements de guerre - et pour lesquels la banque Worms était tiers souscriptrioe - a été faite au Bulletin des annonces légales obligatoires du 29 juin 1942.
Le conseil d'administration comprenait :
M. Georges Lauret, président,
M. Charles Milliot,
M. Charles Caslot,
et M. Gabriel Le Roy Ladurie (directeur de Worms et Cie).
Le directeur était M. Jacques du Roure, que nous avons trouvé, précédemment, dans un certain nombre d'autres sociétés du même groupe et particulièrement comme fondateur - ès-qualité - de la Compagnie centrale d'exploitation forestière.
L'insertion de préavis avait été faite au Bulletin des annonces légales du 29 juin 1942.

En juillet suivant, la banque Worms et Cie a procédé à un emprunt obligatoire de 200 millions de francs, de la :

Société française de transports pétroliers

Nous avons publié, dans notre n° de décembre 1949, au cours de notre histoire de la banque Worms, qui en avait été la fondatrice, une étude sur cette affaire et sur les modifications que les événements y avaient entraînées.
L'assemblée générale du 1er juin 1942 décida l'émission d'un emprunt 4% d'un montant de 200 millions de francs, représenté par 40.000 obligations d'un nominal de 5.000 francs, amortissables en 20 ans au maximum à partir du 1eraoût 1944, et bénéficiant de la garantie inconditionnelle de l'État. Cette émission avait pour objet principal de rembourser l'emprunt 5 ½% effectué par la société en 1939.
Ces nouvelles obligations furent émises à 4.887 F 50. Elles furent, par la suite, introduites à la Bourse de Paris au début de 1943.
L'insertion d'émission avait été faite au Bulletin des annonces légales obligatoires du 13 juillet 1942 ; celle de cotation fut effectuée au même Bulletin du 1er mars 1943. Les notices d'émission et de cotation étaient signées de M. Hypolite Worms lui-même.

Quelques mois plus tard, en septembre 1942, la banque Worms et Cie reçut, tant en ses bureaux de Paris qu'en ceux de Marseille, les souscriptions à une augmentation du capital effectuée par la :

Société des peintures Astral-Celluco

dont la dénomination antérieure de "Les Fils de Lévy-Finger Celluco" trop visiblement israélite, avait été modifiée par l'assemblée extraordinaire du 10 décembre 1941.
Cette société avait comme objet la fabrication et la vente des couleurs, vernis et tous autres produits similaires et l'organisation de toutes entreprises financières, commerciales ou industrielles se rattachant à cet objet.
La législation anti-israélite avait nécessairement imposé de profondes modifications dans la société. Dès l'assemblée du 15 février 1941, celle-ci avait dû modifier la composition de son conseil d'administration, particulièrement MM. Piètre et Georges Chimènes avaient été dans l'obligation d'abandonner leurs fonctions d'administrateurs et un autre administrateur, M. Georges Villemain ayant été tué dans un accident d'automobile le 11 juin 1940, le conseil avait été amené à se compléter en appelant en son sein M. Julien Barone, M. Félix Dufour, M. Raymond Sannier et M. Félix Suzet.
Puis, le groupe Worms et Cie prit le contrôle de l'affaire. M. Pierre Appel qui était déjà, on l'a vu, administrateur de la Compagnie industrielle et minière du Nord et des Alpes en devint le président et la banque Worms et Cie procéda alors à une réorganisation financière partielle de l'affaire.
Le capital fut réduit - par l'assemblée précitée du 10 décembre 1941 - par annulation d'actions - de 16 millions à 15.336.500 francs, puis porté à 23 millions par l'émission à 275 francs de 30.654 actions nouvelles de 250 F avec droit de souscription irréductible pour les anciens actionnaires à raison d'une action nouvelle pour 2 anciennes, la souscription étant ouverte du 1er au 31 octobre 1942.
Le conseil d'administration fut quelque peu modifié :
Il comprit avec M. Pierre Appell, qui, on l'a vu plus haut, était devenu président, M. Félix Suzet, M. Raymond Bos, M. Auguste Chagnon, M. Charles Rodolphe Testut et M. Bernard Verdier. Le directeur général était M. Alfred Chauvac.
M. Bos était, par ailleurs, vice-président de la section caoutchouc, gomme et résine du groupement professionnel et du comité d'organisation des productions agricoles et forestières coloniales.
L'exercice 1941 avait laissé, pour le capital de 15.336.500 francs un bénéfice net de 3.858.994 francs.
L'insertion d'émission avait été faite au Bulletin des annonces légales obligatoires des 21 septembre et 28 septembre 1942.

Année 1943

Au début de l'année 1943, la banque Worms et Cie procéda à l'augmentation du capital de la compagnie d'assurance :

La Préservatrice-Vie

dont, comme on l'a vu par nos articles antérieurs, elle détenait le contrôle.
L'assemblée extraordinaire du 15 septembre 1942 de cette société avait, en effet, autorisé le doublement du capital social, alors de 12 millions, à 24 millions par l'émission de 24.000 actions nouvelles de 500 F, en une ou plusieurs fois.
En exécution de cette autorisation, le conseil d'administration décida, dans sa séance du 22 décembre, de procéder à la réalisation d'une première tranche de 6 millions, en 12.000 actions de 500 francs à émettre à 525 francs, ces actions nouvelles devant porter jouissance du 1er janvier 1943 et dont la moitié était réservée à la société mère du groupe : La Préservatrice, compagnie d'assurances à primes fixes contre les accidents et les risques de toute nature.
Les 6.000 actions restantes ont été offertes aux actionnaires anciens à titre irréductible à raison d'une action nouvelle pour 4 anciennes, à souscrire du 3 février au 20 mars 1943, les actions non souscrites étant réservées à MM. Worms et Cie sous la réserve des droits des actionnaires alors dans l'impossibilité de souscrire.
Le bilan au 31 décembre 1941, publié à cette occasion, faisait état pour 1941 d'un excédent de recettes de 443.221 francs qui, venant en déduction des pertes sur les exercices antérieurs, s'élevant à 3.217.291 francs ramenait ces pertes à 2.774.070 francs en chiffres ronds.
La notice publiée en vue de cette opération au Bulletin des annonces légales obligatoires du 25 janvier 1943 était signée de M. Robert Cousin, président du conseil d'administration.

Le Bulletin des annonces légales obligatoires du 8 février 1943, publiait, dans la partie réservée aux annonces relatives aux droits préférentiels de souscription des actionnaires de sociétés, un avis concernant la société des :

Ateliers Moisant Laurent Savey

société ayant pour objet l'entreprise de toutes constructions notamment de constructions métalliques de toutes espèces, ponts, charpentes, grosse chaudronnerie, ferronnerie, serrurerie de bâtiment, etc. ainsi que l'entreprise de ciment armé, la construction de matériel de chemins de fer, de mines, etc.
D'après cet avis, l'assemblée générale extraordinaire des actionnaires du 29 mai 1942, ayant donné au conseil d'administration l'autorisation de porter le capital social, alors de 8.347.000 francs à 15 millions, en une ou plusieurs fois, au moyen d'actions en numéraire, le conseil avait décidé, dans sa séance du 15 juin 1942, d'élever le capital à 14.605.000 francs par l'émission de 6.258 actions nouvelles de 1.000 F chacune.
Ces nouvelles actions, qui devaient être émises avec une prime de 750 F par action, soit au prix de 1.750 francs étaient à libérer en totalité au moment de la souscription.
Elles étaient réservées aux anciens actionnaires à raison de 3 actions nouvelles pour 4 anciennes, l'émission devant avoir lieu du 1er mars au 2 avril 1943, à la Banque Worms et Cie qui assurait la sauvegarde des droits des actionnaires empêchés, conformément à la législation en vigueur.
L'insertion légale en vue de cette émission a été faite d'une part, comme nous l'avons dit au Balo, du 8 février et aussi au Journal spécial des sociétés par actions du 10 février qui avait publié, en outre, les modifications statutaires décidées par la même assemblée extraordinaire du 29 mai 1942, particulièrement en ce qui concernait la nouvelle répartition des bénéfices.
M. Henri Garnier qui avait signé l'avis publié au Balo comme président du conseil d'administration de la société et qui était l'ancien président de la chambre de commerce de Paris et administrateur du Sous-Comptoir des entrepreneurs, était, en outre, à l'époque, président du Comité d'organisation du bâtiment et des travaux publics.
La société des Ateliers Moisant Laurent-Savey a été mise en cause, dans un article de Franc-Tireur des 23 et 24 décembre 1945, à l'occasion de marchés conclus en 1943 avec la Minéralolbau (société de construction allemande) sans que nous ayons trouvé, par la suite, ni démenti ni mise au point.

Au mois de mars 1943, la banque Worms et Cie a participé au placement de l'emprunt de la :

Société des téléphones Ericsson

en obligations 4% de 5.000 F de nominal, émises à 4.850 francs et dont le montant maximum était de 30 millions de francs.
La banque Worms était représentée au conseil de cette affaire par M. Louis de Beauvoir.
L'insertion obligatoire préalable avait été faite au Bulletin des annonces légales du 1er mars 1943.

Au cours de cette même année 1943, la banque Worms et Cie a dirigé deux opérations de la société des :

Établissements Japy Frères

à Beaucourt, dont, comme nous l'avons montré antérieurement, elle avait pris le contrôle (voir notre n° de décembre 1949).
Au début de mars, elle procéda à une émission obligataire de 40 millions de francs, en 8.000 obligations 4 ¼% au nominal de 5.000 F et destinée notamment à rembourser le solde restant en circulation des emprunts antérieurs 4,75% 1910 - 6% 1921 - 7% 1924 et 5 ½% 1929 et que le conseil d'administration avait décidé d'appeler au remboursement anticipé pour le 17 avril 1943.
Ces obligations, amortissables en 20 ans à partir du 1er mars 1945, ont été émises à 4.975 francs.
L'insertion légale a été faite au Bulletin des annonces légales du 8 mars 1943.
Trois mois après, par une insertion au Balo du 21 juin, la société annonçait une augmentation de capital de 52.640.080 francs devant porter celui-ci de 40 millions à 92.640.000 francs.
L'opération fut réalisée par l'émission à 175 F de 350.934 actions nouvelles de 150 F jouissance du 1er juillet 1943, réservées à titre irréductible, aux anciens actionnaires à raison de 5 actions nouvelles pour 4 anciennes - de quelle que catégorie qu'elles aient été - et dont la souscription eut lieu du 30 juin au 31 juillet à la banque Worms et Cie et à la banque Vernes et Cie, autre grande banque privée parisienne que nous avons déjà trouvée antérieurement, associée à la banque Worms dans diverses affaires.
A la fin de l'année, la banque Worms dirigea deux nouvelles opérations financières des Établissements Japy Frères ; d'une part, l'introduction sur le marché de Paris des actions nouvelles provenant de l'augmentation de capital précitée, et, d'autre part, la conversion des 13.733 parts bénéficiaires alors existantes, en actions, par l'incorporation au capital d'une somme de 12.359.700 F prélevée sur la réserve générale figurant au bilan, et l'émission pour réaliser cette oonversion, de 82.398 actions de 150 F chacune, au pair, à raison de 6 actions nouvelles par part échangée. Ces nouvelles actions étaient créées jouissance du 1er juillet 1943 et devaient être entièrement assimilées à celles provenant de l'augmentation de capital ci-dessus.
L'insertion légale avait été faite au Bulletin des annonces légales du 29 novembre 1943 ; elle portait, en outre, les modifications statutaires, particulièrement dans la répartition des bénéfices et du solde liquidatif éventuel, entraînées par la conversion des parts en actions.
L'insertion légale du 21 juin 1943 comportait la composition du conseil d'administration des Établissements Japy Frères, qui comprenait :
M. Georges Marin-Darbel, président,
M. Louis Warnery, à Beaucourt,
M. René van Muyden, à Montperreur (Doubs),
M. Édouard Japy, à Beaucourt,
M. Georges Bureau, à Neuilly-sur-Seine,
M. Édouard Blanquet du Chayla, à Paris,
M. Jean Vinson à Paris,
M. Frédéric Japy, à Paris,
M. Gérard Bardet, à Paris,
M. Jean Streichenberger, à Paris,
et M. Édouard Vernes, à Paris.
En effet, d'importantes modifications avaient eu lieu au conseil d'administration de la société depuis le début de la guerre de 1939. Nous en avons donné les grandes lignes dans notre n° de décembre 1949 et pour les années 1940-41, dans celui d'avril 1952. Pour mettre les choses au point pour 1942 et 1943, nous dirons donc que le 1er avril 1942, M. Albert Japy, président du conseil d'administration, abandonna la présidence et ses fonctions d'administrateur pour redevenir directeur-général, poste qu'il occupait antérieurement.
M. Georges Marin-Darbel, né à Fontainebleau (Seine-et-Marne) le 12 novembre 1898, et demeurant à Neuilly-sur-Seine, 1bis, boulevard Richard Wallace, remplaça M. Albert Japy comme administrateur et président.
Cette nomination fut ratifiée par l'assemblée générale du 15 juin 1942, qui, d'autre part, renouvela le mandat d'administrateur de M. René van Muyden, qui venait à expiration.
Puis, le même jour, (15 juin 1942), le conseil d'administration nommait comme administrateur en remplacement de M. Edgar Japy, décédé, M. Jean Aimé Streichenberger né à Lyon (2°) le 31 août 1907 et demeurant à Paris 9, rue Lalo, nomination qui fut ratifiée par l'assemblée du 3 mars 1943. M. Streichenberger était conseiller juridique et fiscal de la banque Worms et Cie.
A la même assemblée générale, la démission d'administrateur de M. Jacques Guérard avait été entérinée et la nomination de M. Édouard Vernes (de la Banque Vernes et Cie) que nous avons vu mêlée aux opérations financières de la société en son remplacement, fut ratifiée. M. Édouard Vernes était né à Neuilly-sur-Seine le 13 août 1904.

Du 2 juin au 3 juillet 1943, la banque Worms et Cie assura une nouvelle augmentation de capital de la société des

Peintures Astral Celluco

qui avait déjà procédé, comme on l'a vu plus haut, à une opération identique en septembre 1942.
L'assemblée générale extraordinaire du 19 mai 1943 avait, en effet, décidé de porter le capital de 23 millions à 34.500.000 F par l'émission, à 275 F, de 46.000 actions nouvelles de 250 F, créées jouissance du 1er juillet 1943, et pour lesquelles les actionnaires anciens avaient un droit de souscription irréductible à raison d'une action nouvelle pour deux actions anciennes possédées, et contre remise du coupon n°11 ou contre estampillage des titres au porteur.
L'insertion préalable avait été faite au Bulletin des annonces légales du 24 mai 1943.

Au mois d'août 1943, la banque Worms et Cie participa à une émission d'obligations de la :

Société minière et électrique des lampes

Société contrôlée par la Banque de Paris et des Pays-Bas, mais dans laquelle la banque Worms et Cie a une participation importante.
Elle avait, d'ailleurs, déjà prêté, comme nous l'avons dit précédemment ses services à l'augmentation de capital (de 27.600.000 F pour porter celui-ci à 100 millions) effectuée en juillet 1941 par l'émission de 55.200 actions de priorité nouvelles émises au pair de 500 francs.
L'emprunt obligataire effectué en 1943, portait sur un montant de 100 millions de francs, en obligations de 5.000 francs 4%, amortissables en 25 années, créées jouissance du 15 août et émises à 4.750 francs par obligation.
L'insertion préalable avait été publiée dans le Bulletin des annonces légales du 16 août 1943.
Les Établissements Fournier-Ferrier de Marseille, (anciennement Stéarinerie L. Félix Fournier) procédèrent, à la fin de 1943, à un emprunt de 50 millions de francs, en obligations 4% de 5.000 francs - demi-net - amortissable en 25 ans à partir du 15 avril 1948, et émises à 4.850 F, jouissance 15 octobre 1943.
Le produit de l'emprunt était destiné, en partie, au remboursement anticipé des obligations 5% 1931, non encore amorties.
La banque Worms et Cie qui possédait le contrôle de cette affaire, dirigeait cette opération, à laquelle participèrent la Banque transatlantique, les grands établissements de Crédit, le Crédit algérien, le Crédit commercial de France et, à Marseille : la Société marseillaise de crédit industriel et les banques privées Léon et Eugène Bonnasse et Maurel Frères et Cie.
L'insertion légale avait été faite au Bulletin des annonces légales du 11 octobre 1943 qui comportait le bilan au 31 décembre 1942.

A cette même époque de fin 1943, la banque Worms et Cie intervint dans une augmentation de capital de sa filiale un peu particulière :

L'Union d'exportateurs français pour l'Europe du Nord

société sur laquelle nous avons donné quelques détails dans notre n° de juin dernier.
En effet, par délibération du 13 octobre l'assemblée générale extraordinaire de l'Union avait décidé, d'une part, d'augmenter le capital d'une somme de deux cent mille F pour le porter à 400.000 F par l'émission de 400 actions nouvelles de 500 F à souscrire en espèces et au pair, et, d'autre part, de renoncer au droit préférentiel des actionnaires pour réserver la souscription des actions nouvelles au Crédit lyonnais et à la banque Worms et Cie, chacun par moitié. L'opération avait été réalisée dans ces conditions et les actes de réalisation en furent déposés au greffe du tribunal de commerce de la Seine le 18 décembre 1943.

Année 1944

Au début de 1944, la banque Worms et Cie dirigea l'augmentation du capital de la

Nouvelle Compagnie havraise péninsulaire de navigation

dont la banque Worms et Cie possédait le contrôle (voir notre n° de juillet 1949) opération décidée par l'assemblée extraordinaire du 21 décembre 1943, et qui devait porter le capital de 22 à 44 millions.
Elle fut réalisée par l'émission, au prix de 120 F, de 220.000 actions nouvelles du nominal de 100 F créées, jouissance 1er janvier 1944, avec droit de souscription irréductible pour les anciens actionnaires dans la proportion de 100 F de capital nouveau par 100 F de capital ancien sous quelle que forme que ce fût.
La souscription dont l'insertion préalable avait été faite au Bulletin des annonces légales du 27 décembre 1943 fut ouverte du 5 janvier au 5 février 1944. L'augmentation de capital ainsi effectuée fut rendue définitive par l'assemblée de vérification du 6 juin, à la suite de laquelle le capital fut porté de 44 millions à 47.333.300 F par la conversion des 100.000 parts bénéficiaires existantes en 33.333 actions nouvelles de 100 F créées jouissance 1er janvier 1944, et réalisée par l'incorporation de réserves jusqu'à concurrence d'une somme de 3.333.300 F. Cette conversion fut également effectuée sous les auspices de la banque Worms et Cie.

A la même époque, début de 1944, la banque Worms et Cie fut amenée à s'intéresser aux grands magasins

Au Bon Marché

qui subissait, depuis plusieurs années, bien des avatars, et c'est ainsi qu'elle prit la direction d'une réorganisation financière du Bon Marché et d'une augmentation du capital de 133.333.200 francs à 200 millions, par l'émission de 166.667 actions nouvelles du nominal de 400 F et émises - à notre avis personnel sans aucune raison valable - avec une prime de 75 F, soit au cours de 475 F, jouissance du 1er février 1944 et sur lesquelles les anciens actionnaires avaient un droit irréductible de souscription à raison de 2 actions nouvelles de 400 F pour 800 F nominal d'actions anciennes de quelle que forme que ce fût. La souscription fut ouverte du 26 janvier au 29 février tant aux guichets de la banque Worms et Cie que des grands établissements de crédits et deux autres banques privées parisiennes ; la banque Vernes et Cie et la banque Odier-Bungener et Cie, que nous avons déjà trouvées associées à d'autres opérations de la banque Worms et Cie et particulièrement dans les Établissements Japy Frères.
Cette augmentation de capital du Bon Marché avait été annoncée par une insertion au Bulletin des annonces légales du 17 janvier 1944.
Cette prise de participation dans le Bon Marché pèsera lourdement à la banque Worms et Cie dans les années qui suivirent surtout après l'intervention du groupe France-Maroc et de M. Georges Moreau. Lorsque celui-ci deviendra défaillant la banque Worms et Cie envisagera de réorganiser à nouveau le Bon Marché, mais elle devra, en fin de compte, abandonner ce projet en raison des aléas que présentait cette reconstitution.
On ne peut toutefois s'empêcher de s'étonner que les dirigeants de la banque Worms et Cie dont la compétence n'était certainement pas discutable, ne se soient pas rendu compte des agissements aventureux de M. Georges Moreau ou bien qu'ils ne s'y soient pas opposés.

C'est également au début de 1944, du 14 février au 15 mars, que la banque Worms et Cie assura l'augmentation de capital de la :

Société centrale d'achats pour le nord de l'Europe (Scane)

Nous avons exposé dans notre n° de décembre 1949, les conditions de constitution de cette société, fondée en mai 1939 par MM. Hypolite Worms et Jacques Barnaud, agissant au nom et comme associés-gérants de Worms et Cie.
Nous avons également signalé, dans notre n° de juin dernier, les relations qui existaient entre la Scane et d'une part, l'Union d'exportateurs français pour l'Europe du Nord, et, d'autre part, la société franco-allemande, créée sous l'occupation - en mai 1941 - par Worms et Cie, sous le titre de Société franco-continentale d'importation et d'exportation (Cimpex).
Par un avis publié dans le Bulletin des annonces légales du 7 février 1944, dans la rubrique des droits préférentiels d'actionnaires, le conseil d'administration de la Société centrale d'achats pour le nord de l'Europe faisait connaître que l'assemblée générale extraordinaire du 20 janvier avait décidé de porter le capital d'un à 3 millions de francs, par l'émission, au pair, de 2.000 actions nouvelles de 1.000 F créées jouissance du 1er janvier 1944 et qui devaient être intégralement libérées en espèces au moment de la souscription. Les anciens actionnaires avaient un droit irréductible de souscription à raison de 2 actions nouvelles pour 1 action ancienne.
Sur ces 2.000 actions nouvelles, la banque Worms et Cie en souscrivit 1.174.
Par ailleurs, une nouvelle augmentation de capital de 200.000 F fut souscrite par la Compagnie française des produits agricoles et horticoles, société anonyme dont le siège social était au Château de Ris-Orangis (Seine-et-Oise) et dont le représentant : M. Henry Homann, Hollandais, entra au conseil d'administration de la Scane, qui fut, dès lors, composé de M. Paul Genain, président directeur général, M. Henri Geoffray, M. Émile Pautrot, M. Rolf Nordling et M. Henry Homann, dont la nomination devait être ratifiée ultérieurement par l'assemblée générale du 6 juillet 1944.

A la veille de la Libération du 12 juillet au 31 août 1944, la banque Worms et Cie assura l'augmentation de capital de :

la Compagnie industrielle et minière du Nord et des Alpes

société mère de la Société des produits chimiques des terres rares, dont, comme on l'a vu précédemment, la banque Worms et Cie avait effectué l'augmentation de capital de juillet 1942.
Conformément aux décisions de l'assemblée générale du 13 juillet 1943, la Compagnie industrielle et minière du Nord et des Alpes décida, un an plus tard, de porter son capital de 24 à 36 millions de francs.
L'insertion légale, faite au Bulletin des annonces légales du 3 juillet 1944, précisait que cette opération serait réalisée par l'émission à 550 F de 24.000 actions nouvelles de 500 F, créées jouissance du 1er juillet 1944, et réservées par préférence, aux anciens actionnaires, à raison d'une action nouvelle pour deux anciennes.
Les événements qui suivirent ne permirent pas une facile réalisation de cette opération, à tel point que la société se trouvait dans l'obligation de proroger à plusieurs reprises le délai de souscription, dont la date définitive de clôture fut, par avis inséré au Bulletin des annonces légales du 13 novembre 1944, fixée au 20 novembre.

Également en juillet 1944, la banque Worms et Cie participa au placement des obligations de la :

Société chimiques des Bouches du Rhône

filiale de la Société minière et électrique des Landes dont M. René Rouille était directeur général en même temps que président du conseil d'administration de la Société chimique des Bouches du Rhône.
L'emprunt de cette dernière société, annoncé par une insertion au Bulletin des annonces légales du 3 juillet 1944, devait porter sur un montant maximum de 100 millions de francs en 20.000 obligations de 5.000 F 4% amortissables en 15 ans à partir du 15 juillet 1949 et émises à 4.950 F.
Cet emprunt, entrant dans le cadre des dispositions de la loi du 23 mars 1941 relative au financement de la fabrication des produits nécessaires au pays, était garanti par l'État français dans les conditions prévues au contrat intervenu le 1er juillet 1944 entre le Crédit national, agissant au nom de l'État français, et la Société chimique des Bouches du Rhône et dont les grandes lignes figurent à l'insertion légale du 3 juillet 1944. Cette garantie était donnée, jusqu'au remboursement intégral de l'emprunt qui devait être terminé au plus tard le 15 juillet 1964.
En rémunération de la garantie obligataire accordée par le Crédit national, il fut remis à celui-ci 10.000 parts bénéficiaires dont contrairement aux dispositions légales, le pourcentage dans les bénéfices et les produits de la liquidation éventuelle, n'a pas été précisé aux insertions faites au Balo.
Mais, après la Libération, les conditions dans lesquelles cette émission était intervenue et surtout le caractère de la garantie de l'ex-État français ne furent pas sans soulever divers commentaires, que l'Écho de la finance dans son n° du 14 septembre 1945 exposait en ces termes :
« Quant à la garantie dont ces titres sont assortis, elle est de premier ordre (suivaient les détails que nous avons donnés plus haut).
Tout cela est parfait, mais à condition de dissiper toute équivoque et d'être bien d'accord sur le garant. Si on se réfère aux dates ci-dessus invoquées : 23 mars 1941, 16 septembre 1943, 1er juillet 1944, l'État français garant dont il s'agit alors paraît être (celui de Vichy). Mais, sans cette hypothèse, le financement de la fabrication des produits nécessaires au pays qui a motivé l'émission, prend alors un sens singulièrement précis, surtout si on le rapproche de l'objet social statutaire : le traitement de tous combustibles, notamment par gazéification, en vue de la fabrication, par tous procédés, notamment par synthèse, de tous produits chimiques, carburants, lubrifiants, produits connexes et sous-produits divers.
Ces mauvais desseins supposés n'ont pu, toutefois, être conduits jusqu'à leur terme. L'émission date, en effet, de juillet 1944. A cette époque, le grondement des canons alliés couvrait déjà l'ensemble du territoire national.
Gagnés de vitesse par nos libérateurs, les 100 millions n'auront pas eu le temps de financer la production ennemie. De fait, on les retrouve intacts au bilan de fin décembre dernier.
II ne s'agit en l'espèce que d'hypothèse, nous avons à cœur de le répéter, auxquelles, il faut le convenir, les dates invoquées viennent conférer une vraisemblance, une consistance troublante. S'il en était bien ainsi, on pourrait à bon droit s'étonner, voire s'indigner, que l'État français, le vrai, endosse ainsi sans plus de façon les engagements de son prédécesseur, le faux.
Si pourtant il a cru devoir le faire en toute connaissance de cause, il serait plus convenable, nous semble-t-il, que sa garantie fût confirmée par une convention nouvelle et authentique celle-là ! »
Nous n'avons pas trouvé alors de mise au point de la question mais, après que conformément à la décision de l'assemblée générale extraordinaire du 7 juillet 1949, la Société chimique des Bouches du Rhône eut fait, à titre de fusion, apport de tout son actif à la Compagnie centrale d'hydrogénation et de synthèse à charge par celle-ci d'acquitter le passif de la première, et en particulier de satisfaire au service des intérêts et au remboursement de la dette obligataire de 1944 les obligations qui avaient été admises à la cote du Marché de Paris le 24 septembre 1945, furent frappées de l'estampille suivante : « Obligation prise en charge par la Compagnie centrale d'hydrogénation et de synthèse, société anonyme au capital de 300 millions de francs. Siège social : 126, boul. Haussmann à Paris (8°) par suite de l'absorption de la société émettrice (assemblées des 7 - 8 et 18 juillet 1949) - garantie de l'État maintenue.
La question est donc résolue.
Les obligations 4% de la Société chimique des Bouches du Rhône furent introduites au Marché de Paris au début d'octobre 1945. L'insertion préalable avait été faite au Bulletin des annonces légales du 14 septembre 1945.

Puis vint la Libération !

(A suivre.)

R. Mennevée

(1) Voir les années 1948 à 1951, puis le n° de janvier 1952 et spécialement pour l'activité de la banque Worms et Cie pendant les premières années de l'occupation 1940-1941 nos n°s d'avril et juin 1952.

 

 

 

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