1951.03.00.De Roger Mennevée.Les Documents de l'AIII.Article
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Les Documents de l'Agence indépendante d'informations internationales
Mars 1951
La Banque Worms et Cie
Histoire générale (suite)
IIIe partie
Filiales et participations
Chapitre IV
Fidei-commissaires et agents (suite)
La banque Foulonneau et Pitavino
(Union d'études et de participations financières)
Parmi les organismes gravitant autour de la Banque Worms et Cie, et qui apparaissent comme ses fidéi-commissaires plus ou moins directs, il faut citer la banque G. Foulonneau et M. Pitavino, dite Union d'études et de participations financières, en précisant, d'ailleurs, que c'est M. Pitavino qui semble plus précisément faire la liaison avec Worms et Cie.
Nous trouvons M. Pitavino en relations avec Worms et Cie, pour la première fois, en 1932, au moment où Worms et Cie animait la réorganisation financière de la Compagnie havraise péninsulaire de navigation à vapeur.
M. Pitavino avait été, à l'époque, scrutateur à l'assemblée générale de la Société civile des porteurs d'obligations de la Compagnie havraise péninsulaire du 22 juin 1932, qui avait consenti d'assez lourds sacrifices de la part des dits obligataires pour permettre la réorganisation de la Compagnie, et il avait été nommé, par cette assemblée, pour remplir au nom des obligataires, les fonctions de commissaire à la liquidation de la Compagnie havraise péninsulaire.
M. Pitavino Martial Adrien Jean Baptiste est né à Paris (9e) le 26 juin 1897.
Ancien employé à la Banque de Mulhouse, il sut s'attirer la confiance de certains clients qui le chargèrent de la gestion de leurs intérêts et c'est ainsi qu'il entra peu à peu dans divers milieux financiers internationaux.
L'histoire de la petite banque privée Foulonneau et Pitavino serait certainement une page fort curieuse de certaines tractations financières plus ou moins occultes de l'avant-guerre, et dans lesquelles les ombres de ce qu'on appelle, non sans raison, d'ailleurs, "les Forces secrètes" ne sont pas sans apparaître. Elle nous entraînerait trop loin mais déjà les quelques détails que nous allons donner au cours de cette biographie de M. Pitavino, en seront suggestifs.
Dès 1928, M. Pitavino fut en relations avec certains financiers germano-russes; Dubrowiez, Michel Olian et Georges Freudenstein, spécialisés dans les affaires de change, mais dont il semble que M. Pitavino ait été quelque peu la victime.
Entre-temps, il avait participé, à la fin de 1925, à la constitution de la Société des cognacs Gelas dont il fut appelé au premier conseil. Puis installé déjà au 8, rue Halévy, où sont encore les bureaux de la banque Foulonneau et Pitavino, il s'essaya à diverses négociations boursières comme, par exemple, l'introduction sur le marché de Paris des actions des Établissements Rousseau (juillet 1929) non sans rencontrer, d'ailleurs, à l'égard de cette dernière l'opposition du conseil d'administration.
La société actuelle G. Foulonneau et M. Pitavino a été fondée au début de 1931, avec le sous-titre Union d'études et de participations financières, et bureaux 8, rue Halévy à Paris, les deux associés étant co-gérants.
Puis ce fut l'intervention dans la Compagnie havraise péninsulaire de navigation à vapeur, où, comme nous l'avons dit précédemment, s'établit la liaison Pitavino-Worms, ainsi, d'ailleurs, qu'avec la société des charbonnages d'Ekatherine, dont les tractations dureront jusqu'à la guerre, dont M. Pitavino deviendra par la suite administrateur en même temps que le siège social sera transféré dans les locaux de la banque Foulonneau et Pitavino.
Et nous arrivons maintenant à l'étrange affaire du colonel Norris, et de son "équipe" M. Siefried Wreszynski, Mme Kaplan-Balkin, et dont M. Pitavino se révéla officiellement l'homme de paille en France, comme fondateur, par acte du 3 février 1934, de l'Union bancaire continentale domiciliée dans les bureaux de la banque Foulonneau et Pitavino et avec laquelle le colonel Norris pensait pouvoir mener à bien les opérations internationales spéciales de "dégèlement" des crédits bloqués dont il était l'animateur.
Là encore, il y aurait tout un livre à écrire sur cette célèbre "affaire du colonel Norris", mais ce qui apporte la preuve incontestable que M. Pitavino n'était là, en fait, que l'homme de paille du colonel Norris et de son "équipe", c'est que sur les 2.000 actions de 1.000 F composant le capital social, le groupe Norris en possédait 1.750, et, d'autre part, nous serions bien surpris si les 220 actions portées au nom de la Sté Foulonneau et Pjtavino ne relevaient pas du rôle de fidéi-commissaire que M. Pitavino remplissait à l'égard de Mme Kaplan-Balkin, que, d'ailleurs, les milieux financiers estimaient être la commanditaire de la Société. Le premier conseil d'administration de l'Union bancaire continentale comprenait le colonel Norris, M. Wreszynski, M. Pitavino et M. Foulonneau.
Qu'on nous permette à cette occasion de reproduire une partie d'un des articles que nous avions consacrés, à l'époque, à cette intervention du colonel Norris en France (1)
[Se reporter au PDF.]
A la suite de "l'expulsion" du colonel Norris, l'Union bancaire continentale subsista sans grande activité, M. Siegfried Wreszynski était, lui aussi, passé à l'étranger pour poursuivre ses opérations, et Mme Kaplan-Balkin devenue Madame Norris avait liquidé ses intérêts en France pour suivre son mari.
Au début de 1940, survinrent officiellement diverses modifications à l'Union bancaire continentale, le premier conseil d'administration, composé on l'a vu, du colonel Norris, de M. Wreszynski et de MM. Pitavino et Foulonneau fit place à un administrateur unique, M. Jacques Rigal ; divers autres intérêts étrangers se substituèrent à ceux du groupe Norris, la société quitta les bureaux de MM. Foulonneau et Pitavino, et le titre fut modifié en celui d'Union d'entreprises continentales.
C'est au moment de la liquidation des intérêts français de Mme Norris, 1936-37, qu'il semble bien que la banque Worms et Cie soit devenue la commanditaire plus ou moins officieuse de la société Foulonneau et Pitavino, en remplacement de Mme Kaplan-Balkin.
La liaison Worms-Pitavino s'accentua donc de ce fait, et c'est ainsi qu'on la trouve, en 1939, en action dans la réorganisation financière des Établissements Fournier-Ferrier de Marseille, ex-Stéarinerie Fournier - et dans les relations qui en découlèrent à l'égard des filiales de celle-ci : Société générale des matières grasses, Société normande des corps gras, Société normande d'huilerie, etc., étant précisé que M. Pitavino est devenu président-directeur général des Établissements Fournier-Ferrier et de la Société normande des corps gras et administrateur de la Société générale des matières grasses dont M. Foulonneau est le président-directeur général, en même temps que celui-ci est, en outre, administrateur, depuis 1947, de la Société normande d'huilerie.
Au début de 1941, M. Pitavino était appelé au conseil d'administration de la Société privée d'études et de banque, créée, on l'a vu, en association par les banques Worms et Seligman. M. Pitavino y remplaçait M. Pucheu appelé dans les conseils du gouvernement. La société devint par la suite Société privée d'études. D'après les documents officiels connus, M. Pitavino en serait toujours administrateur.
De même à l'occasion de l'intervention de Worms et Cie dans le groupe minier Recherches minières du Falta-Molybdène.
M. Pitavino devint administrateur de deux sociétés et M. Foulonneau est au conseil de la première.
Citons encore comme société liant Worms et Cie et M. Pitavino, la Compagnie nationale du Cameroun dont celui-ci est président et qui appartient au groupe Havraise Péninsulaire - Société générale d'armement, M. Foulonneau étant administrateur de cette dernière.
En 1947, la société Foulonneau et Pitavino avait participé pour 50.000 actions de 100 F, à la constitution, sous les auspices de Worms et Cie, de la holding France-Estrellas, devenue Union métropolitaine de banque.
Signalons, pour terminer, que M. Pitavino a été fait chevalier de la Légion d'honneur, comme président-directeur général des Établissements Fournier Ferrier au début de février 1951.
Chapitre spécial
Les dernières modifications internes de la Banque Worms & Cie
Dans notre n° de mars 1950, nous avons donné le tableau des dernières modifications sociales de la Banque Worms et Cie : récentes augmentations du capital, modification de la situation de M. Meynial devenu associé et réintégration, comme associé-cogérant de M. Barnaud.
II nous reste à donner maintenant les modifications internes survenues au cours des dernières années, plus exactement depuis le milieu de 1945[1].
I - Succursales actuelles
En France : Dunkerque, Boulogne-sur-Mer, Dieppe, Rouen, Le Havre, Caen, Brest, Lorient, Nantes, Tours, Angoulême, Bordeaux, Bayonne, Marseille, Toulon.
En Afrique du Nord : Casablanca, Alger, Tunis, Sfax.
A l'étranger : Hambourg (Allemagne), Alexandrie, Le Caire, Port-Saïd et Suez (Égypte).
II - Fondés de pouvoirs
1°) Au siège social - pouvant agir séparément : MM. Simoni Philippe, Malingre Robert, Mannings William déjà nommés,
Grrédy Pierre, né le 17 octobre 1884 à Bordeaux (Gironde), Français,
Gada Roland, né le 5 octobre 1892 à Paris (XIX), Français,
Detouches Jean, né le 13 juin 1904 à Denain (Nord), Français,
2°) Direction générale des Services maritimes pouvant agir séparément :
MM. Émo Lucien, Bouteloup Henri, Péquignot Louis, Vauclin Lucien, déjà indiqués.
Bonhote Georges, né le 13 janvier 1898 à Paris (XVII), Français,
Darredeau André, né le 8 juillet 1907 à Chenac (Charente-Maritime), Français,
De France Fernand, né le 24 janvier 1901 à Commercy (Meuse), Français,
Quillier Alfred, né le 30 juin 1890 à Rouen, Français,
Rognerud Christian, né le 2 mars 1900 à Dunkerque, Français,
Roussel Georges, né le 23 mai 1909 à Port-Saïd (Égypte), Français,
Tate Georges, né le 16 octobre 1894 à Hillion (Côtes du Nord), Français,
Villecourt Henri, né le 12 juillet 1896 à Paray-le-Monial (Saône et Loire), Français,
Brunel Alfred, né le 18 juillet 1893 à Bergerac, Français.
3°) Direction générale des Services charbons et combustibles liquides (peuvent agir séparément) :
M. Vignet Louis, directeur Général, Leroy Michel, directeur général adjoint, Lecreux Maurice, Dufour Paul, Grédy Gérard (déjà indiqués).
4°) Services bancaires
a) pouvant agir séparément :
Brocard Guy, directeur, Bellenger André, sous-directeur; Desoubry Maurice, sous-directeur; Lefébure Michel, sous-directeur, Ragaine Jean, sous-directeur, Vienney Albert, sous-directeur.
Coquelin Pierre Édouard, né le 14 mai 1907 à Paris (7°), Français, sous-directeur,
De Corgnol Patrice, né le 22 avril 1910 à Angoulême, Français, sous-directeur,
Dameron Pierre, né le 28 mars 1911 à Rosny-sous-Bois, Français,
Guex André, Enquebec Elie, déjà nommés précédemment
b) fondés de pouvoirs agissant conjointement :
1er rang :
De Chastellux Louis, né le 20 janvier 1917 à Paris (XV), Français,
Duchêne Jean, né le 17 novembre 1919 à Paris (XVIII), Français;
Flusin Marcel, né le 30 juillet 1903 à Paris (XII), Français,
De Postel Henry, né le 25 juin 1910 à Louvagny (Calvados), Français,
Rameix Ernest, déjà nommé ;
Taillandier René, né le 9 mai 1917 à Poillieux (Ain), Français,
Taittinger Guy, né le 17 août 1918 à Saintes, Français.
2ème rang
Barthélémy Robert, né le 7 novembre 1911 à Paris (8°), Français,
Des Courtis Christian, né le 14 août 1916 à Cauderan (Gironde), Français,
Joël Rodolphe, né le 8 novembre 1922 à Milan (Italie), Français,
et Vivier Claude, né le 8 octobre 1921 à Évreux, Français.
Par décret du ministre de la Marine marchande, publié au Journal officiel du 12 août 1950, M. Émo, directeur des Services maritimes, a été promu officier de la Légion d'honneur.
Par décret du même ministre, M. Robert Labbé, l'un des associés-gérants de Worms et Cie a été, au début de 1951, nommé chevalier de la Légion d'honneur, comme président de la Société des ateliers et chantiers de la Seine-Maritime au Trait (Seine-Inférieure), département des constructions navales de Worms et Cie.
D'autre part, M. Guy Brocard, directeur des Services bancaires de Worms et Cie a été nommé, à ce titre, au début de février 1951, chevalier de la Légion d'honneur par le ministre de l'Industrie et du Commerce.
Fin du 1er volume de l'histoire générale de la Banque Worms et Cie.
NB - Nous allons faire relier une dizaine de séries complètes des études que nous avons publiées sur la Banque Worms et Cie.
Ceux de nos lecteurs que ce volume serait susceptible d'intéresser sont priés de se mettre en relations avec la direction.
[1] Voir pour les modifications internes précédentes notre fascicule d'août 1948.