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Note

Anvers, le 3 janvier 1948

Messieurs,
Lors de son récent passage, notre Sieur Labbé nous avait demandé de préparer une petite note sur la création et l'activité de notre succursale et sur les motifs justifiant la transformation de cette succursale en société anonyme de droit belge.
Nous avons l'honneur de vous remettre sous ce pli la note que nous avons rédigée et sommes à votre disposition pour en modifier éventuellement le texte, au cas où celui-ci ne vous semblerait pas répondre à votre demande.
La note analogue sur la succursale de Rotterdam suivra par prochain courrier.
Veuillez agréer, Messieurs, nos salutations distinguées.

P. Pon Worms & Cie
[Signature illisible]

La succursale d'Anvers de la Maison Worms & Cie a été ouverte en août 1919.
Avant la première guerre mondiale, l'armement Worms n'avait qu'un seul navire en ligne sur le trafic Anvers-Bordeaux et vice-versa dont la consignation était assurée à Anvers par l'armement Deppe. Immédiatement après la guerre, les intérêts de la Maison Worms furent confiés à l'agence anversoise de la Maison Daher, mais il fut jugé préférable de nous occuper nous-mêmes de nos propres affaires, d'autant plus que l'avenir a prouvé que ces affaires avaient apporté des bénéfices quelquefois intéressants. Au surplus, la guerre avait complètement modifié les relations économiques possibles entre la Belgique et la France en éliminant en particulier, l'influence allemande prépondérante jusque-là.
Le but initial du siège d'activité ainsi créé a été d'assurer l'agence des navires Worms et le transit des marchandises embarquées ou débarquées. Par la suite la succursale s'est occupée de la manutention et du transit des charbons allemands de réparation, ce qui lui a peu à peu amené l'agence de la plupart des armements charbonniers français, lui a permis de créer un département d'affrètements et enfin l'a conduite à ouvrir une succursale propre à Gand.
Parallèlement le transit lui-même s'est développé, en particulier par l'agence d'usines métallurgiques françaises telles que l'UCPMI.
Enfin, à la consignation des navires réguliers Worms est venue s'ajouter celle de la Nouvelle Compagnie havraise péninsulaire pour Madagascar et de l'armement Schiaffino pour l'Afrique du Nord.
Mise en sommeil en 1940, la succursale a été rouverte dès la libération d'Anvers, c'est-à-dire en septembre 1944 et a peu à peu repris son activité avec toutefois certaines modifications entraînées par l'absence quasi complète de services réguliers tant Worms que Schiaffino et Nochap. (La Nochap semble toutefois devoir reprendre son service, un premier départ ayant eu lieu au mois de novembre et un 2ème étant prévu vers le 25 janvier.)
A l'heure actuelle, tant à Anvers qu'à Gand, l'activité est assurée par l'agence de navires charbonniers, l'agence de tramps et de pétroliers, tant français qu'étrangers, le transit général et le transit des marchandises embarquées ou débarquées sur les navires réguliers et enfin le contrôle pour certains clients des réexpéditions via Anvers de charbons allemands et de charbons américains.
A l'heure actuelle la succursale de la Maison Worms Anvers représente les armements suivants :

C'est sous forme d'une succursale directe que ce siège d'activité a été créé et il n'a pas été jugé utile à l'époque de fonder une société de droit belge. Il faut vraisemblablement en trouver la raison dans les facilités d'alors pour, en particulier, les transferts de fonds entre la Belgique et la France et vice-versa et ensuite dans l'idée des dirigeants de la Maison de centraliser à Paris les activités diverses des Maisons Worms à l'étranger.
Depuis cette date et surtout à la suite de la dernière guerre, les conditions économiques se sont complètement modifiées, les transferts de fonds sont devenus pratiquement impossibles et il se produit qu'en fin de compte la succursale d'Anvers et son agence de Gand doivent vivre en vase clos.
Si on regarde, d'autre part, ce qu'ont fait d'autres sociétés françaises, on s'aperçoit que la Compagnie générale transatlantique, vers 1925, a créé pour son activité en Belgique une société de droit belge, que la Maison Daher en a fait autant, qu'enfin la Compagnie Delmas Vieljeux s'y est décidée en 1939.
Au surplus, plusieurs lois belges sont intervenues qui obligent les sociétés étrangères ayant un siège d'activité dans le royaume, à publier leurs statuts et à verser de ce fait au fisc belge des droits d'enregistrement proportionnels au capital social entier et non pas seulement au capital pouvant être considéré nécessaire pour l'activité belge.
Enfin la loi sur les assurances sociales du 28 décembre 1944 oblige les gérants de la Maison Worms à Paris à être affiliés aux assurances sociales belges.
Cet ensemble de faits amène à considérer qu'il n'y aurait qu'avantage à ce que le siège d'activité de la Maison Worms en Belgique soit transformé en société anonyme de droit belge. Ceci sera au surplus de nature à faciliter les rapports de ce siège d'activité avec les autorités belges qui auront devant elles une société nationale.