1946.00.Note (non datée, sans émetteur ni destinataire)

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NB : Note non datée, classée en 1946 en raison de la référence au dossier d'instruction de MM. Hypolite Worms et Gabriel Le Roy Ladurie, dont la clôture a été prononcée à cette date.

M.M. Worms & Le Roy Ladurie

Répertoire


MM. Worms et Le Roy Ladurie et les milieux politico-économiques franco-allemands
  • A) Rapport sur la Maison Worms                                                                        1
  • B) MM. Worms - Le Roy Ladurie et les Allemands                                               2
    a) déclarations de M. Worms
    b) déclarations de M. Le Roy Ladurie
  • C) M.M. Worms - Le Roy Ladurie et les milieux gouvernementaux français             2
    a) déclarations de M. Worms
    b) déclarations de M. Le Roy Ladurie
L'activité bancaire de la Maison Worms
  • A) Rapports commerciaux avec la Commerzbank                                                 4
  • B) Avances à des fournisseurs de la Kriegsmarine                                                4
  • C ) Ouvertures d'accréditifs                                                                                 4
  • D) Ouverture d'un compte                                                                                   4
  • E) Vente d'un immeuble sis à Dantzig 4
Les chantiers de construction maritime du Trait (S.I.)                                                               5

H. Worms et les livraisons de molybdène
  • A) Rapport de M. Vieille, administrateur judiciaire                                                 7
  • B) Rapport de M. le professeur Bienvenue                                                            7
  • C) Lettre de la Direction des mines à la Direction du blocus                                  7
M. Worms et L'UEFEN
  • A) Rapport de M. le professeur Bienvenu                                                             
  • B) Circulaire en date du 20.9.41                                                                          8
M. Worms et le Consortium maritime tunisien                                                                         8
M. Worms et l'affaire Puzenat                                                                                                9
M. Worms et la Maison Japy                                                                                                 9
M. Worms et la Société tunisien de Réno
  • A) Déposition et note de M. van Cabeke                                                            10
  • B) Note de M. van Cabeke                                                                                11
  • C) Déposition de M. Nelson Pottier                                                                    11
 

M.M. Worms Le Roy Ladurie

Note

1°) MM. Worms - Le Roy Ladurie et les milieux politico-économiques franco-allemands
A) Rapport sur la Maison Worms
P.198 : Depuis l'occupation de Paris, la Banque est pourvue d'un administrateur allemand, qui entretient d'ailleurs des relations excellentes avec les associés et ne gêne en aucune façon les affaires de la Maison.
P.199 : La Banque Worms entretient des amitiés nombreuses dans les milieux politiques. Elle est en outre en rapport avec le groupe Royal Deutsch-Shell.
On indique que la Maison Worms & Cie travaille beaucoup au moyen de relations personnelles. Dans ce domaine, un rôle important est joué par M. Barnaud, qui est d'ailleurs délégué général du gouvernement français pour les relations économiques franco-allemandes et associé-gérant de la Banque Worms & Cie.
P.200 : L'influence de Worms & Cie s'est considérablement développée sous le régime de Vichy, où ils disposaient sous Darlan de presque tous les leviers de commande de l'organisation du nouvel État français, comme de tous ceux de l'industrie et du commerce extérieur.
Dans le gouvernement Darlan, les hommes de la Banque Worms étaient M.M. Barnaud, Berthelot, Pucheu, Marion, et, indirectement, M. Bouthillier, sans parler bien entendu de M. Baudouin, étroitement unis à M. Barnaud.
Dans le gouvernement Laval, les représentants de la Banque Worms sont M.M. J. Barnaud qui continue d'assurer les fonctions d'associé gérant de la Banque Worms, de Guérard, de Jean Le Roy Ladurie (frère de Le Roy Ladurie, directeur de la maison Worms).
Déjà avant la guerre, la Banque Worms cherchait à établir des relations étroites avec certains partis d'extrême droite : M. Pucheu fut ainsi chargé d'entrer en relations avec M. Doriot (PPF) et d'effectuer des versements au parti, ce qui fut fait par l'intermédiaire de M. Marion.
P.201 : Pendant l'occupation la Maison Worms & Cie s'est considérablement étendue. Comment expliquer un si grand développement pour une Banque d'importance moyenne ?
Il y a lieu de penser que la solution devrait être recherchée en se rapportant à l'activité souterraine que l'Allemagne déployait dès avant la guerre en France. On peut supposer et certains faits viennent à l'appui de cette supposition, que la Banque Worms servait de canal en France pour financer l'activité de la 5ème colonne.
Ceci expliquerait la prédilection que certains milieux allemands ont pour cette maison plus ou moins juive, ainsi que leurs désirs de mettre en avant les hommes dépendant soit directement, soit indirectement de cette Banque.
C'est ainsi que plusieurs amis de la Banque ont pu occuper des postes dirigeant dans les gouvernements successifs de Vichy et exercer une influence déterminante sur la politique français.
B) MM. Worms - Le Roy Ladurie et les Allemands
a) M. Worms
P.3 M. Worms déclare : Ne voulant avoir aucun contact avec le Commissaire allemand qui m'avait été imposé, et ne parlant pas la langue allemande, j'ai délégué M. Le Roy Ladurie à l'effet de servir d'intermédiaire entre ma maison et l'administration allemande.
J'ai eu des contacts avec deux ou trois industriels allemands qui de passage à Paris, sont venus me rendre visite mais avec lesquels je n'ai traité aucune affaire.
P.388 : M. Latourette, journaliste, déclare : La campagne contre Worms, du moins dans Paris-Soir a cessé en 1942, à l'instigation des autorités allemandes. Ayant remis les éléments d'un article à un nommé Coston Henri, rédacteur à l'Appel, cet article aurait été refusé par la censure allemande.
b) M. Le Roy Ladurie déclare :
P.7 J'avais été délégué par M. Worms pour centraliser les rapports que la Maison pouvait avoir avec les Allemands.
P.41 : J'ai eu des rapports avec des industriels allemands, j'ai eu des relations avec les milieux de la Wh, de la Gestapo et des SS pour obtenir des libérations et des renseignements.
Pour aboutir à mes fins, j'allais voir les personnes en question dans leur résidence et il m'arriva de les inviter dans divers restaurants.
M. Lepercq confirme (P.50) : J'ai été arrêté en mars 1944 avec Le Roy Ladurie, nous étions dans la même cellule à Fresnes et Le Roy Ladurie fut libéré quelques jours après.
Pour m'aider, il a fait passer mon dossier de la Gestapo au Tribunal militaire, et un ordre de déportation ayant été signé, a fait égarer mon dossier.
Madame de Voguë confirme (P.51) : M. Le Roy Ladurie s'est mis à ma disposition pour entreprendre une démarche dans les milieux allemands.
C) MM. Worms, Le Roy Ladurie et les milieux gouvernementaux français
a) M. Worms déclare :
P.37 : En août et septembre 1940, j'ai fait plusieurs voyages à Vichy. Au cours d'un de ces voyages, ayant entendu dire que M. Laval tenait des propos hostiles à mon égard, je lui ai demande audience. Il se montra violent et me reprocha d'être opposé à sa politique. Je l'ai assuré que je n'avais rien fait contre lui, et que j'avais pour règle de m'abstenir de toute activité politique.
P.38 : En ce qui concerne M. Barnaud, il a été chef de cabinet de M. Belin à la Production industrielle, puis chargé des relations économiques franco-allemandes. Il n'avait pas donné sa démission d'associé gérant de la Banque Worms, et il a repris ses fonctions à ladite banque en 1943, après avoir abandonné ses fonctions officielles en novembre 1942.
M. Pucheu était le directeur général de la société Japy que la Maison Worms a été chargée de réorganiser à la demande de la Banque de France. Il est devenu plus tard ministre de l'Intérieur de Vichy.
M. Jacques Guérard qui fut secrétaire de M. Pierre Laval, avait été jusqu'au 1er septembre 1939, président de la compagnie d'assurances La Préservatrice que la Maison Worms avait été chargée de réorganiser.
P.[335] : M. Bertreux, ouvrier menuisier au Chantier du Trait : Lors de l'inhumation des victimes du bombardement de mars 1942, M. Worms fit un discours dans lequel il disait notamment que la France payait par ces bombardements les erreurs de 1936.
b) M. Le Roy Ladurie déclare :
P.42 : J'ai rencontré Doriot en juin 1936 et j'ai suivi son mouvement à ses débuts avec intérêt et sympathie. J'ai rencontré Doriot à plusieurs reprises avec Pucheu et Popelin. Un de mes collaborateurs était membre actif du parti et s'occupait de son organisation comptable. Il m'est arrivé de transmettre au PPF des contributions personnelles que me remettaient certaines personnes qui connaissaient mes relations avec ses dirigeants.
P.43 : A la demande de M. Paul Reynaud, j'ai hébergé quelques jours chez moi le comte de Paris qui revenait d'une mission officieuse en Italie.
P.43 : J'ai rencontré M. Baudoin à Bordeaux alors qu'il était ministre des Affaires étrangères.
P.44 : J'ai vu Laval à Bordeaux le 20 juin 1940, sur sa demande.
P.44 : M. Jacques Barnaud est un de mes amis intimes.
P.44 : M. Lehideux était un de mes amis personnels.
P.44 : J'entretenais des relations amicales et suivies avec Pierre Pucheu.
P.45 : Mon frère Jacques Le Roy Ladurie a été ministre de l'Agriculture du gouvernement de Vichy de mars à septembre 1942.

2°) L'activité bancaire de la Maison Worms
A) Rapports commerciaux avec la Commerzbank
P.6 : M. Worms déclare : sur l'initiative du commissaire allemand, un compte a été ouvert à la Commerzbank.
P.8 : M. Le Roy Ladurie déclare : J'offre au docteur Hettlage, à défaut d'autre chose, d'établir entre nos maisons des rapports normaux de correspondants. Le volume des opérations avec la Commerzbank s'est élevé à 321.000.000 de francs.
P.9 : En présence d'exigences allemandes, j'écris une lettre au commissaire allemand von Falkenhausen, lui disant que si une prise d'intérêt est inévitable, je suis prêt à donner la préférence à la Commerzbank.
P.9 : J'accorde au docteur Hettlage une option de principe sur une participation dans la Société privée d'études et de banques.
B) Avances à des fournisseurs de la Kriegsmarine
P.9 : Le Roy Ladurie : Sous l'injonction des deux commissaires allemands successifs, la maison Worms a consenti à un certain nombre de fournisseurs de la Kriegsmarine des escomptes de factures qui ont en définitive laissé pour 3.000.000 de créances irrécouvrables.
C) Ouvertures d'accréditifs
P.10 : Le Roy Ladurie : Nous avons ouvert un petit nombre d'accréditifs documentaires au profit de la Deutsche Bank.
D) Ouverture d'un compte
P.10 : Le Roy Ladurie : Nous avons ouvert un compte créditeur au profit du Rustung-Comptoir, service d'achats du ministère de l'Armement.
E) Vente d'un immeuble à Dantzig
P.9 : M. Le Roy Ladurie : Nous avons eu de graves difficultés avec les autorités allemandes établies en Hollande au sujet d'une société holding "Le Franconnet", nous appartenant en totalité. Ces difficultés se sont terminées par la vente forcée, à des conditions dérisoires, aux SS, d'un immeuble historique que nous possédions à Dantzig.

3) Les chantiers de construction maritime du Trait (Seine Inférieure)
P.5 : M. Worms : J'ai livré un sous-marin privé de ses moyens offensifs, un ravitailleur d'escadre et un chaland.
P.106 : Rapport de l'inspecteur Jourde : En ce qui concerne les prisonniers de guerre, les chantiers maritimes ont pu obtenir à la suite de démarches répétées la libération de 144 prisonniers de guerre, d'août 1940 au mois de janvier 1943. Il y avait là de nombreux habitants du Trait qui n'avaient rien à voir avec l'usine.
P.106 : M. Lamoureux, sous-directeur des Chantiers : Les Chantiers ont dû subir la présence permanente non seulement d'un représentant technique de la marine allemande, mais également d'officiers et de soldats en armes, qui exerçaient une surveillance constante sur le personnel.
P.116 : M. Bonnet, secrétaire de direction aux Chantiers : En ce qui concerne les requis, des ouvriers nous avaient été envoyés par ordre de l'autorité allemande et au titre de ST0 pour remplacer ceux pris par la relève. Les agents allemands qui contrôlaient le chantier étaient étroitement au courant de notre effectif présent et absent. A la suite de leurs réclamations, nous avons été amenés, pour sauver les apparences, à écrire des lettres de rappel aux ouvriers. Nous les avons même signalés au STO en lui demandant soit de rechercher ces ouvriers et de les renvoyer au Trait, soit de les radier de notre effectif.
P.119 : M. Avenel, chef d'équipe soudeur aux Chantiers : Si parfois il nous parvenait des notes disciplinaires des services de directions, il y avait à comprendre que c'était une transmission des ordres donnés par les Allemands.
P.120 : M. Adam, contremaître mécanicien aux Chantiers : Si parfois il m'arrivait de recevoir un ordre d'accélération du travail en provenance de la direction, il était motivé par l'exigence des Allemands.
PP.121, 122, 126 : MM. Audoux, Langelle, Bunnel confirment ces deux dernières dépositions.
P.129 : M. Prost, forgeron aux Chantiers : Au mois d'octobre 1940, il fut installé sur les Chantiers, afin de fournir un meilleur rendement, le système dit "planning" : ce système nous a obligés à travailler.
P.320 : M. Prost : Les bombardements de mars 1942 ont bien détruit les Chantiers et ils sont peut être la cause que les Chantiers aient si peu produit.
P.131 : M. Chevalier, ouvrier ajusteur aux Chantiers : En résumé, je déclare qu'à mon avis, la direction n'a rien fait pour freiner la production.
P.132 : M. Auger, ouvrier charpentier aux Chantiers : Pour effectuer les commandes dans les délais prévus, la Direction nous fit travailler les samedis après-midi et dimanches. Quand nous ne venions pas, nous étions arrêtés le lundi par les Allemands.
P.133 : M. Tardif, ouvrier chaudronnier aux Chantiers : Par circulaires, la direction nous prévenait que pour ne pas avoir à subir les sanctions de la part des armées d'occupation, il était préférable de se mettre au travail. S'il n'y a pas eu d'autres livraisons, cela peut être la conséquence des bombardements de mars 1942 qui détériorèrent les Chantiers.
P.134 : M. Bertreux, ouvrier mécanicien aux Chantiers : Au début d'octobre 1940, le travail avait l'air assez poussé sur les Chantiers. Le bombardement de 1942 désorganisa certains ateliers.
Il me parait possible que la maison Worms ait fait l'impossible pour satisfaire les commandes allemandes. Les chantiers Worms n'ont rien fait pour empêcher les ouvriers de partir en Allemagne. La lettre écrite le 16 décembre 1942 à M. Aoustin est à ce sujet édifiante.
P.136 : Lettre à M. Aoustin. Celui-ci s'étant plaint de figurer sur les listes de départ pour l'Allemagne, la direction des Chantiers lui répond : Nous ne pouvons en ce qui nous concerne que maintenir notre point de vue et pour la bonne règle nous vous avisons que nous écrivons dans ce sens aux Chantiers de la Gironde et aux autorités occupantes.
P.137 : M. Salaun, ouvrier traceur aux Chantiers : Les volontés de la Maison Worms n'étaient pas hostiles aux Allemands, mais les conditions matérielles de l'usine et la nonchalance des ouvriers ont empêché en bien des cas la réalisation de leurs projets.
PP.137-138 : M. De Langarie, ingénieur en chef des Chantiers, a fait tout son possible pour que la production de ces Chantiers soit accélérée au profit des Allemands, allant même jusqu'à menacer les ouvriers qui se rendaient à l'abri dès qu'ils entendaient des ronflements d'avions. A fait des déclarations à la presse et à la radio pour vanter les beautés de l'Allemagne nazie.
P.138 : M. Deschamps, chanfreineur aux Chantiers : P.139 : A mon point de vue, la maison Worms a fait l'impossible pour effectuer les commandes passées.
Les ouvriers de l'entreprise Worms ont été appelés à exécuter des travaux de démolition par tronçons sur les docks du Grand Couronne, pour l'acheminement vers l'Allemagne de forts chalands pétroliers et automoteurs.
Sur ordre allemand, la maison Worms & Cie, vers février 1944, à envoyer à Rochefort une quarantaine de ses ouvriers pour effectuer des travaux de réparations sur des dragueurs de mines allemands. Une vingtaine d'autres furent envoyés â Cherbourg pour réparer des vedettes lance-torpilles allemandes.

4°) M. Worms et les livraisons de molybdène
A) Rapport de M. Vieille, administrateur judiciaire :
P.152 : (II s'agit de la livraison de 25 tonnes de concentré de molybdène aux Allemands.)
Il résulte du compte-rendu que la société Le Molybdène s'est mise en rapport direct avec le groupe allemand Otto Wolf pour une livraison de concentré de molybdène. Or, la société Le Molybdène est contrôlée par le groupe Worms. A la suite de ces faits, les mesures suivantes ont été prises par la direction du blocus en Afrique du Nord :
a) mise sous contrôle de surveillance des établis. Worms,
b) mise sous contrôle de surveillance de la société Le Molybdène au Maroc,
c) inscription sur la liste des suspects du président de la société Le Molybdène.
B) Rapport de M. le professeur de la faculté de Droit, Bienvenu, contrôleur surveillant des Établissements Worms
P.207 : La société Worms est l'élément prépondérant dans l'affaire Le Molybdène. Son représentant dans cette société est M. Meynial, directeur général adjoint.
En ce qui concerne la livraison en deux marchés de quantités importantes de molybdène la responsabilité que la société Le Molybdène et la Maison Worms ont encourue du fait de ces deux initiatives de commerce avec l'ennemi, ne comporte donc aucune excuse et aucune atténuation.
On peut remarquer que les tractations de la société Le Molybdène avec des maisons allemandes, concordent avec le voyage en Afrique du Nord en mai 1941 de M. Meynial, directeur des Services bancaires de Worms à Paris et représentant de cette société dans le conseil d'administration du Molybdène.
C) Lettre du ministre de la Production industrielle, Direction des mines, à la Direction du blocus
P.212 : II y a lieu de noter à l'origine de cette affaire l'empressement répréhensible manifesté par le président de la société Le Molybdène qui présenta un contrat à Otto Wolf sans avoir l'accord ni du Comité d'organisation, ni de l'administration.

5°) M. Worms et l'UEFEN
A) P.208 : Rapport de M. Bienvenu : Il précise que l'Union des exportateurs français pour l'Europe du Nord est une filiale du groupe Worms. Elle sert de trait d'union entre la France et l'empire d'une part et les états du Nord, notamment la Suède, d'autre part.
Ces exportations deviennent des opérations critiquables du moment que la France cesse d'avoir la certitude que les marchandises exportées ne s'arrêteront pas chez les neutres et passeront chez l'ennemi, et c'est cette hypothèse qui se réalisa.
B) P.209 : Circulaires en date du 20.9.41 de l'UEFEN. Cette circulaire supprime l'interdiction de réexportation et se félicite que soit assurée ainsi la reprise d'un courant d'exportation vers la Suède.
Si l'Allemagne a levé cette interdiction, c'est évidemment à son profit.
C'est à la société Worms qu'il faut imputer ces activités orientées vers un état neutre avec une possibilité de réexportation vers l'Allemagne.

6°) M. Worms et le Consortium maritime tunisien
P.210 : Rapport de M. le professeur Bienvenu De 1936 à la libération de la Tunisie, le Consortium maritime tunisien fonctionna comme une société ARL, avec deux associés : Worms d'une part, et un Italien d'autre part qui se partageaient le capital social. L'administration en était remise à un Français pour le groupe Worms et à un Italien pour l'autre moitié.
Ce n'est qu'à la libération de la Tunisie que M. Worms se transféra purement et simplement la totalité des droits.

7°) M. Worms et l'affaire Puzenat
P.242 : M. Verdier, directeur général de Puzenat : Nous avons opposé une fin de non recevoir aux demandes de machines agricoles. Nous avons eu à exécuter deux importantes commandes allemandes imposées par le ministère de l'Agriculture allemande.
P.245-246 : M. Grouillet, ingénieur en chef Puzenat : Il ne fut pas toujours possible de décliner a priori les demandes de matériel de guerre faites par les services allemands au cours de leurs nombreuses visites d'inspection, surtout lorsqu'elles entraient visiblement dans nos possibilités de fabrication.
En ce qui concerne les machines agricoles, les commandes furent extrêmement faibles et ne dépassèrent pas 6% de notre chiffre d'affaires.

8°) M. Worms et la maison Japy
P.275 : M. Rigoulot, comptable chez Japy :
Pendant l'occupation, l'usine a travaillé presque exclusivement pour les Allemands. On peut évaluer à environ 75% la proportion des commandes allemandes.
P.276 ; Les tours furent détruits par le personnel à l'insu de la direction.
P.276-277 : On ne peut pas dire que pour la relève et le STO, la direction ait freiné ces départs, sauf peut-être pour quelques spécialistes. Le chef de service de la main d'œuvre, Duval, a donné toutes indications voulues aux Allemands.
D'une façon générale, on peut dire que la direction des Établissements Japy, avant 1943 a eu une attitude collaborationniste, mais après cette date, elle a tout fait pour les ouvriers.
P.278 : M. Wittmer, finisseur de machines à écrire : Pendant l'occupation, l'usine a dû travailler en majeure partie par les Allemands. A mon avis, nous leur avons livré 75% des machines à écrire.
P.302 : M. Japy : Dès 1940, nous avons dû accepter des commandes allemandes.
En 1940-41, le pourcentage était faible, il s'est accru en 1942-43. En 1943, les commandes allemandes figuraient pour 49% par rapport aux commandes françaises. Elles figuraient pour 60% dans les bilans présentés aux Allemands. Voici nos chiffres d'affaires :

1940

206.000.000

1941

229.000.000

1942

228.000.000

1943

321.000.000

mais les prix avaient doublé.

9°) M. Worms et la Société tunisienne des hyperphospates de Réno
A) Déposition et note de M. van Cabeke
P.336 : Le groupe Worms s'assure dans mon affaire, la Compagnie sétoise des produits chimiques, une position majoritaire et se fait représenter au conseil d'administration. Je reste, pour ma part, administrateur délégué et directeur technique.
A partir de ce moment on fait tout pour m'évincer de l'affaire jusqu'à des dépôts de plainte déposés contre moi par l'intermédiaire de mandataires salariés de M. Worms. La Cour d'Appel de Montpellier fit justice de ces plaintes.
Au lendemain de l'arrêt, je reçois la visite de M. Nelson Pottier qui se disant mandaté par M. Worms, me dit : Nous n'avons pas de reproches à vous faire, mais nous ne suivons pas la même politique. Actuellement nous pratiquons une politique de collaboration qui n'est pas conforme à vos idées. Le ménage ne va plus, il faut partir.
Et je dus partir. La Compagnie sétoise produisait du sulfate de cuivre et avait une raffinerie de cuivre qui pouvait être très utile pour les Allemands (p.337).
P.337 : La Société tunisienne ayant définitivement absorbé ma compagnie, il y eut des expéditions importantes de phosphates à destination de l'Allemagne (environ 1.000 tonnes) malgré des engagements antérieurs pris à l'égard de la Suisse.
Au début de 1944, 15.000 sacs furent enlevés par des camions de l'organisation Todt.
Ils livrèrent enfin 3 wagons d'alfa destinés à la confection de filets de camouflages.
P.337-338 : Expulsion de M. van Cabeke
Comme je continuais à habiter un immeuble sis sur les terrains de la Compagnie sétoise, et que ma présence était indésirable aux nouveaux venus, une mesure d'expulsion fut ordonnée par le préfet de l'Hérault le 18 avril 1942, alors que Pucheu était ministre de l'Intérieur.
J'obtiens un sursis à cet arrêté, mais des démarches furenf faites sur les instructions de la maison Worms par M. Jean Roubie, directeur général de la Compagnie sétoise, auprès de la Kommandantur locale qui m'a fait donner l'ordre de quitter Sète avant le 1er avril 1944.
Mais Jean Roubie est détenu pour collaboration à Béziers.
J'ai vu à plusieurs reprises M. Le Roy Ladurie, notamment fin 1940 et j'ai eu l'impression très nette alors qu'il entrait dans la voie de la collaboration.
B) Note de M. van Cabeke sur les représentants de M. Worms, dans l'affaire de la Compagnie sétoise.
P.339 : M. Arrighy est le président du conseil d'administration de la Société tunisienne des hyperphosphates Réno. Il a été un collaborateur notaire, membre influent du PPF, homme lige de Jacques Doriot, et ami intime de Paul Marion dont il a suivi toute la carrière. Il est chez Worms & Cie qui finance le PPF, le trait d'union avec ce parti. Au surplus, il tire vanité et profit de ses relations tant avec les Allemands qu'avec Vichy. Pétain apprécie ses services et en janvier 1941, un homme membre du Conseil de propagande, du Comité de rassemblement pour la Révolution nationale où se trouve également Pierre Pucheu. D'après un témoignage enregistré par le journal L'Aurore du 1er décembre, il aurait été l'auteur de l'arrestation du général Weygand, dont il moucharde l'attitude de résistant à Alger.
P.339 : M. Jean Nelson Pottier, autre représentant de Worms dans l'affaire est un collaborateur notoire.
P.342 : Jean Roudie, autre satellite de Worms & Cie, sera placé en juin 1942 à la direction générale de la Compagnie sétoise de produits chimiques. II va y pratiquer une politique de collaborations : Dénonciations à la Kommandantur, déportations d'ouvriers pour le STO, conférences de propagande pro-allemande auprès du personnel, établissement d'un cours d'allemand pour le personnel des bureaux.
Jean Roudie a été arrêté le 10 novembre 1944 et incarcéré à Béziers.
C) Déposition de M. Nelson Pottier, administrateur de sociétés
P.347 : Il m'a été rendu compte que la société avait dû après l'occupation de la zone non occupée, livrer aux Allemands un certain nombre de tonnes de phosphates.

 

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