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NB : Note non datée, reprenant en les développant ou en les infirmant, les informations et les chiffres communiqués dans la note du 16 mai 1945 et, pour cette raison, classée à cette date.

Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime
Résultats d'exploitation

Ces chiffres ressortent immédiatement des bilans et comptes de pertes et profits ci-joints pour les exercices de guerre. Pour les deux exercices d'avant-guerre, il y a lieu de tenir compte sur les relevés ci-joints que les amortissements exceptionnels suivant article 33 de la loi du 2 mai 1938 ont été en fait annulés et réintégrés.

I - Le poste "bénéfice brut sur constructions" des comptes PP 1940 - 1941 - 1942 et 1943 ne comprend aucun résultat de travaux allemands. C'est la conséquence de l'inertie que les Chantiers ont délibérément, systématiquement conservée à l'égard des commandes allemandes. S'ils avaient apporté à l'exécution de ces commandes l'activité industrielle ordinaire, ils auraient liquidé dès les exercices 1941 - 1942 - 1943, des comptes de constructions, et enregistré de ce fait des bénéfices.
Au contraire, lesdits exercices 1941 - 1942 - 1943 accusent plus haut une perte d'ensemble 6.826.650,97. Si on élimine les recettes concernant des travaux exécutés dans les années antérieures, c'est à 16.863.766,70 que s'élève la perte subie sur les trois exercices par les Chantiers du fait de leur sabotage des commandes allemandes.
Le "bénéfice brut sur constructions" s'élève sur compte PP 1944 à F 5.627.049,09 dans lesquels les montants suivants proviennent de livraisons à la Marine allemande :

Aussi longtemps toutefois que les règlements définitifs ne seront pas intervenus avec différents sous-traitants et avec la Marine française, les chiffres de résultats dégagés ci-dessus pour "La Favorite" et "La Charente" resteront susceptibles de modifications.
Par ailleurs, pour faire une juste appréciation, il serait nécessaire de ventiler les résultats de la construction de ces deux unités entre la période d'avant l'armistice, où nous avons travaillé pour la Marine française, et la période d'occupation allemande.

2 - Le poste "bénéfices sur réparations et travaux divers" comprend certains travaux allemands. Nous en donnons ci-joint le relevé, aussi complet que possible, qui se totalise, sauf erreurs ou omissions, par un montant de F 1.399.876,91.

3 - Les résultats que nous venons d'indiquer, tant pour les "constructions" que pour les "réparations et travaux divers", ne représentent que des bénéfices bruts.
Pour arriver à des résultats nets il convient :
1°- de faire application des diverses charges qui figurent au débit de nos comptes pertes et profits : amortissements, dépenses de logement du personnel, frais de siège social, provisions diverses ;
2°- de faire entrer en ligne de compte les pertes spéciales figurant au relevé de PP 1944, qui ont leur origine dans les travaux que nous avons dû exécuter pour les Allemands, savoir :

(Il s'agit de travaux impayés distincts des "constructions" proprement dites ;
la liste peut en être fournie)

dont la Marine allemande n'a pu prendre livraison

(Il s'agit des autres commandes allemandes sous-marin "L'Africaine", chalands 106, 107, 108, cargos 111, 112, 113, qui étaient encore en cours à l'époque de la libération. Les conditions financières dans lesquelles les travaux seront poursuivis pour compte français ne sont pas encore réglées par le gouvernement, et les aléas pour nous sont très importants.
D'après un état que nous avons fourni le 14 décembre 1944 à la surveillance de la Marine, pour la période d'occupation allemande, les versements que nous avons reçus étaient inférieurs de F 17.452.532,99 au montant des travaux exécutés).

4 - On peut donc d'ores et déjà conclure :
a) que le bénéfice brut qui apparaît en 1944 en faisant la balance des constructions allemandes correspond en une importante perte nette,
b) et plus généralement, que l'ensemble des travaux exécutés pour les Allemands, et dont nos comptes PP jusqu'au 31 décembre 1944 font état, nous laissent très largement en déficit.

5 - Nous devons encore souligner que les comptes des Chantiers ne comportent pas de provision pour couvrir la part qui restera définitivement à leur charge dans la reconstitution des dommages de guerre qu'ils ont subis de 1941 à 1944. Or, le coût de cette reconstitution, en l'état antérieur des installations sinistrées, était estimé, sur la base des prix pratiqués en septembre 1944, à 258.000.000, et la provision d'ores et déjà autorisée par la réglementation administrative qui se fait jour, malgré qu'elle soit encore très inférieure aux besoins de la réalité dépasse 25.000.000, à ajouter aux charges mentionnées au paragraphe 3 - ci-dessus pour grever à dus proportion le compte des résultats de nos travaux allemands.

6 - Les chiffres ci-dessus confirment que, bien loin de tirer le moindre profit de leurs commandes allemandes, nos Chantiers ont éprouvé des pertes extrêmement importantes du fait des travaux que l'occupant leur a imposés.
N.B. - Nous donnons ci-après le détail des heures dépensées dans nos Chantiers au cours des années 1938-1939 1942-1943-1944 qui fait ressortir nettement que notre activité au cours de l'occupation allemande a été très inférieure à notre activité des années ayant précédé la guerre :