1944.00.De (la Nouvelle Compagnie havraise péninsulaire).Note (non datée)

Copie de lettre

Le PDF est consultable à la fin du texte.
NB : Ce document, non daté, est joint à la note du 7 novembre 1944, raison pour laquelle il est classé à cette date.

Note pour Messieurs Worms & Cie - DGSM

"Château-Pavie"

Le "Château-Pavie" assure son service d'annexe à Madagascar depuis le 14 décembre 1943 dans des conditions qui sont très satisfaisantes.
Le capitaine Z. s'est acquis une notoriété exceptionnelle et il jouit dans tous les ports auprès des agents, des chargeurs et des passagers d'une très grosse réputation.
Le navire transporte à chaque voyage environ 500 passagers de pont et il semble que son exploitation donne d'excellents résultats. Malheureusement, nos gérants d'Alger et M. Pignet à Madagascar se sont heurtés à une opposition très vive de la part de M. Deville, directeur des Transports maritimes et en même temps agent général des Messageries maritimes à Madagascar.
Cette opposition s'est manifestée tout d'abord pour essayer d'empêcher que le "Château-Pavie" soit envoyé d'Algérie vers l'océan Indien. La décision ayant été maintenue, M. Deville a réclamé la gérance du navire pour les Messageries maritimes, en vertu d'une convention passée le 2 août 1943 entre le gouverneur général de Madagascar, le directeur des Transports maritimes et l'agent général des Messageries maritimes, c'est-à-dire M. Deville lui-même à ces deux titres, cette convention stipulant que la gérance de tous navires français mis au service de la colonie serait confiée aux Messageries maritimes. Une discussion assez longue a été engagée télégraphiquement entre Alger et Tananarive. Elle a abouti à l'arrangement suivant :
La gérance technique du navire est laissée à M. Pignet, agent général de la Nochap à Tananarive par contre, la gérance commerciale et la consignation du navire dans les ports appartiennent aux Messageries maritimes. Toutefois, sous la pression personnelle de M. Dhorne et à la suite d'une explication très vive entre lui et M. Deville, venu spécialement pour cette affaire à Alger, l'agent général des Messageries maritimes a laissé à la Nochap la sous-consignation du navire dans toutes les agences de l'Île ainsi qu'à La Réunion. Il en résulte que des commissions sont allouées à la Nochap, sous-consignataire, et que toute la comptabilité recettes et dépenses passe par les mains de M. Pignet qui en rond compte à M. Deville, lequel traite directement avec le gouvernement général de l'Algérie.
Nous avons donc obtenu partiellement satisfaction. M. Dhorne a tenu néanmoins à réserver la discussion du fond de la question entre les directions générales à Paris des trois armements intéressés, c'est-à-dire : MM. Worms & Cie, MM, Nochap.
L'indemnité d'affrètement de base et les majorations représentent 501.925 F par mois. Seule l'indemnité de base est encaissée par M. Pignet à Tananarive pour 351.675 F. Les majorations ne sont pas payées par le gouvernement général de Madagascar ; la question reste à régler par nos agents d'Alger avec la direction des Transports maritimes dans ce port.
Néanmoins, l'indemnité de base perçue par M. Pignet assure l'aisance de la trésorerie.
Voici quelles sont les conditions de rémunération de la gérance : aux conditions du contrat des Messageries maritimes avec le gouvernement général de Madagascar dont vous trouverez ci-inclus la copie :
- Commission sur frets de sortie : 5%.
Sur cette commission 4% sont rétrocédés à l'agent général de la Nochap et 1% est conservé par l'agent général des Messageries maritimes.
- Commission aux frets d'entrée : 1%
à l'entrée des ports secondaires seulement cette commission est entièrement rétrocédée à l'agent général de la Nochap.
M. Pichet, de son côté, reverse aux agents dans les ports : 2,50% à la sortie et 1% à l'entrée.
Il reste donc net à l'agent général de la Nochap à Tananarive 1,50% sur les frets de sortie qui peut être considéré comme rémunération de la gérance technique du navire.
En outre, une indemnité de gérance mensuelle de 9.900 F est entièrement conservée par les Messageries maritimes.
Sur ces bases, les résultats du premier voyage effectué du 14 décembre 1943 au 7 février 1944 ont assuré les rémunérations suivantes au titre de la gérance :
Nochap : F 59.197
MM : F 66.084
dont 1% - F 29.442 à l'agence générale des Messageries maritimes, le reste étant représenté par les commissions sur frets versées aux agences de la Havraise entre les mains des Messageries maritimes à Majunga, Diego et Tamatave.
Il n'a pas encore été possible à Alger de connaître le taux de l'indemnité de nourriture accordé par le gouverneur général de Madagascar pour les passagers. Tout ce que nous savons, c'est que le gouverneur a formellement refusé d'allouer à "Château-Pavie" les taux de nourriture fixés par la direction de la Marine marchande. Les allocations à la colonie seront certainement sensiblement plus réduites, mais nous pensons qu'elles demeureront avantageuses pour les armateurs, étant donné que le capitaine du "Château-Pavie" assure la nourriture de son équipage et de ses passagers à un taux qui ressort en moyenne à 18/20 F par jour, indice certain de la prospérité de l'Île.
Ajoutons, enfin, qu'actuellement une nouvelle campagne est entreprise par M. Deville pour que "Château-Pavie" soit remplacé par un autre navire appartenant aux Messageries maritimes ou susceptible d'être exploité aux conditions de la Convention du 28 octobre 1926 avec la colonie pour les services des annexes. Cette convention prévoit, en effet, au profit des Messageries maritimes.
1°- une subvention journalière comprenant une partie correspondant aux frais généraux et autres frais d'armement, une partie destinée à assurer l'amortissement à raison de 11,603% l'an sur la base de la valeur admise de l'unité. Cette convention était, en septembre 1943, pour le "Maréchal-Galliéni", de 2.750 F par mois (avenant du 8 mars 1928) ;
2°- une subvention au mille parcouru considérée comme prime à la navigation. Cette subvention serait de F 60 par mille (acte de transaction du 31 décembre 1935).
On comprend que, dans ces conditions, l'agent général des Messageries maritimes à Madagascar cherche à se débarrasser de "Château-Pavie".


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