1940.08.05.De Worms et Cie.Note (01)
Copie de note
Paris, le 5 août 1940
Note
Navires affrétés par le Marine nationale et militarisés.
Rappelons que les navires affrétés par la Marine nationale et militarisés sont les suivants :
"Barsac"
"Léoville"
"Cérons"
"Sauternes"
"Pomerol"
"Pessac"
"Médoc"
"Listrac"
"Margaux".
"Barsac" - S'est perdu le 7 janvier 1940 et l'intendance maritime nous a demandé, en insistant d'ailleurs très vivement, de régler son remplacement sans attendre d'autres délais. Nous avons accepté en principe. Elle a même été assez loin puisque nous avons reçu la lettre un peu pressante, dont copie ci-jointe. [Voir 18 mai 1940.]
Nous croyons d'ailleurs que sa rédaction aurait été atténuée si elle était sortie des bureaux de Paris.
Quoi qu'il en soit, un seul bateau était à ce moment-là disponible : c'était le "Rostok" que nous aurions, à la rigueur, accepté, bien que n'ayant aucune ressemblance avec notre "Barsac" mais la question reste entière maintenant puisque "Rostok", qui était bateau de prise, n'appartiendra plus à la Marine nationale.
"Cérons" - Nous avons la quasi-certitude que ce navire a été coulé le 11 mai devant Veules-les-Roses, après une conduite héroïque.
Mais nous n'en avons pas la confirmation officielle et nous ne pourrions pas, de notre coté, donner d'autre preuve que la déclaration d'un témoin oculaire, il est vrai, mais enfin, d'un seul témoin.
Le capitaine Eve, prisonnier en Allemagne, a écrit à sa femme, mais sans lui donner aucun détail et nous savons que la femme du second capitaine, Mme Bargain a pu faire savoir à la DGSM que son mari était prisonnier en Belgique et qu'il avait pu être sauvé lors du naufrage de "Cérons".
Ceci constitue donc un deuxième témoignage de l'accident. Mais il convient de demander à l'Amirauté une information officielle, de façon que nous puissions faire le nécessaire pour le remplacement du navire.
"Léoville". Le bruit court que ce bateau aurait été perdu mais ni la DGSM ni personne n'a pu avoir la moindre confirmation et, par conséquent, le moindre détail. C'est encore une question à poser à l'Amirauté.
Nous ne sommes d'ailleurs nullement informés de ce que sont devenus les six autres navires, bien qu'aucun bruit fâcheux ne soit parvenu jusqu'à nous à leur sujet.