1940.03.29.De la Marine marchande.A Worms et Cie.Paris
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Marine marchande
Le moral des officiers et équipages de la Marine marchande, surtout de ceux qui fréquentent la côte est anglaise, laisse fortement à désirer.
Les causes de ce moral sont relativement faciles à faire disparaître. C'est pourquoi nous avons cru devoir vous en parler, avec l'espoir que votre Maison pourra employer son influence à les faire disparaître et contribuer ainsi à l'uvre collective nécessaire.
Les équipages considèrent que leur rôle actuel est aussi dangereux que celui des soldats de 1ère ligne. Ils ont cependant le sentiment que leurs chefs d'abord, l'opinion publique ensuite, ne leur rendent pas justice à cet égard et qu'ils ne jouissent ni des avantages matériels, ni du prestige moral acquis à ces derniers.
a) Ils font remarquer que l'armée bénéficie de permissions qui leur sont refusées à eux-mêmes.
Des marins et des officiers n'ont pas eu de permission depuis de longs mois. Ils ont au plus quelques heures lors de leurs brèves escales dans les ports.
b) Quand, d'aventure, par suite de réparations à leur navire, leur capitaine prend sur lui de leur accorder 24 heures, ils doivent voyager à plein tarif sur les chemins de fer, quand les troupes des armées de terre et de mer voyagent gratuitement.
Sans prétendre au même régime, puisque leur solde est différente, ils aimeraient bénéficier du quart de place accordé en temps de paix aux soldats et marins permissionnaires. Il nous a été cité que des matelots du s.s "Bourgogne", privés de permission régulière depuis 8 mois, avaient dépensé 600 francs de voyage pour aller passer 24 heures en Bretagne tout récemment, pendant que leur navire était en réparations.
c) Les mouvements de leurs navires n'étant pas connus à l'avance, il leur est impossible de donner leur adresse à leurs familles.
Il en résulte que leur correspondance leur parvient difficilement ou avec de gros retards.
Cette situation est un des sujets de mécontentement des plus aigus.
Ne serait-il pas possible d'y remédier, sans dévoiler les mouvements des navires, par la création de secteurs postaux, qui devraient évidemment fonctionner de telle sorte que les courriers parviendraient aux navires à leurs escales.
Enfin, les hommes, assimilant encore leur rôle à celui des troupes engagées, désirent bénéficier de la franchise postale.
Il semble relativement facile de donner satisfaction à ces desiderata qui ne sont pas injustifiés.
29.3.1940