1939.12.23.De Joseph Denis.Paris.A Hypolite Worms.Londres
Note pour Monsieur H. Worms.
La situation à Sète est la suivante. Vous savez que notre agent habituel est Nicoulet, qui n'est pas très débrouillard, mais à qui nous n'avons rien à reprocher, je crois, bien que le département charbons n'ait pas eu à s'en louer : mais, à l'heure actuelle, et dans l'état de la question, on ne peut rien reprocher à Nicoulet.
D'autre part, il y a Domerc, le président de la Chambre de commerce de Sète, dont le frère réclame la consignation des navires qui appartiennent à France Navigation, dont il était l'agent.
Nous avons répondu d'une façon assez vague, en donnant comme argument qu'il nous était bien difficile de quitter sans raison un agent.
Il nous fait savoir que, quelle que soit notre décision, il se mettait à la disposition du département charbons pour lui faire obtenir l'emplacement qu'il désirerait et il le dit de façon que nous comprenions bien.
J'ai essayé d'arranger les choses en lui suggérant d'aider son frère à nous amener le trafic des oranges de Valence sur la Suisse et si le succès couronnait ses efforts, nous aurions alors beau jeu pour quitter Nicoulet au profit de Domerc, ce que le département charbon verrait avec beaucoup de plaisir.
Quant à Delom, qui est sous-officier du train des équipages, je l'avais rencontré à la Marine marchande, tout à fait au début de la guerre et il m'avait fait part de son désir de nous donner son bateau en gérance.
Je lui avais répondu de nous écrire : il a mis trois mois pour le faire ; c'est qu'entre-temps il a réfléchi et, évidemment, la combinaison qu'il propose serait assez avantageuse pour lui, mais, je crois qu'il n'y a absolument aucune espèce de raison pour examiner cette offre et à moins d'instructions contraires de votre part, nous allons lui écrire que nous sommes déjà engagés à Sète.