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Paris, le 28 octobre 1933

Les Ateliers & Chantiers de la Seine-Maritime ont été édifiés en 1917, au Trait (Seine inférieure), petit village situé dans la vallée de la Seine, entre Rouen et Le Havre et à 25 kilomètres du premier de ces ports.

Conçus en pleine guerre, au moment où sur terre la bataille de Verdun atteignait son point culminant et où, sur mer, la guerre sous-marine exerçait ses plus cruels ravages, ils sont nés de la nécessité dans laquelle le pays allait se trouver de re-constituer, après les hostilités, un tonnage durement éprouvé et c'est sur les instances pressantes du gouvernement d'alors, justement soucieux de réserver l'avenir maritime de la France, que leur construction a été entreprise.

Ces chantiers couvrent 25 hectares, ils possèdent 8 cales de construction sur lesquelles peuvent être construits des navires allant jusqu'à une longueur de 180 mètres.

Ils contiennent de vastes ateliers de traçage, de coque, de chaudières et de machines marines, et sont pourvus de puissants moyens de manutention.

En Seine, un vaste appontement permet aux Chantiers du Trait l'exécution des plus importants travaux de réparation.

Grâce enfin à leurs ateliers de charpente, de menuise rie et de vernissage, ils ont les moyens de terminer entièrement

sur cale les navires qu'ils construisent et ce n'est pas une des moindres particularités du Trait que de pouvoir donner le spectacle d'un navire prenant possession de son élément, complètement gréé et armé, prêt à commencer immédiatement ses essais.

La première unité construite par les Ateliers & Chantiers de la Seine-Maritime a été lancée le 29 septembre 1921 et depuis cette époque, plus de 70 navires de tous types ont été livrés : charbonniers, cargos pétroliers, chalutiers, paquebots, et pour la Marine militaire : un torpilleur "Le Basque", quatre sous-marins : "Antiope", "Amazone", "Oréade" et "Sybille", ainsi que de nombreuses chaudières et machines marines, parmi lesquelles celle du contre-torpilleur "Cassard" détenant le record du monde de vitesse.

Mais tous ces efforts qu'a nécessités la création d'un centre industriel dans une région qui se trouve à l'écart des grandes agglomérations et qui comportait le problème particulièrement difficile d'introduire une main d'oeuvre spécialisée, de la former, de la développer, de la retenir, risquent d'avoir été dépensés en vain, car il ne reste plus aujourd'hui sur cale, en dehors d'un navire commandé par MM. Worms & Cie eux-mêmes beaucoup plus pour retarder un débauchage massif que par besoin réel, un seul sous-marin, dont la livraison est d'ailleurs prochaine.

Cependant, par suite du développement industriel donné à cette région où l'on ne rencontrait jusqu'alors que des prairies et des pâturages, Le Trait, petit hameau de deux ou trois cents habitants, est devenu aujourd'hui une ville comptant plus de deux mille foyers.

C'est ainsi que, parallèlement aux Chantiers, a grandi une cité ouvrière que l'on s'accorde à considérer comme une des plus parfaites réalisations sociales d'après-guerre.

Située au milieu d'un paysage de verdure et s'étageant des bords du fleuve jusqu'aux coteaux boisés où elle s'arrête à la lisière de la forêt, elle offre un aspect des plus attrayants.

Tout, d'ailleurs a été fait pour procurer aux ouvriers le maximum de confort et d'agrément.

Les maisons claires et spacieuses sont entourées de jardins et rompant avec la monotonie des alignements habituels, pour respecter le cadre imposé par la nature, empruntant, chacune, sa physionomie propre à un détail d'architecture ou à une décoration particulière.

Mais, en dehors du logement confortable et du bien-être qu'il y trouve, l'ouvrier du Trait rencontre aussi tout ce qui convient à la vie sociale moderne.

Des oeuvres ont été créées :

- Cours professionnels, école d'apprentissage, Société d'encouragement scolaire, école ménagère, école de jardinage, lui permettent de se perfectionner lui-même et d'assurer l'avenir des siens.

- Centre d'examen médical, Société de secours mutuels lui prêtent leur soutien dans les circonstances hostiles.

- Bibliothèques, sociétés sportive et musicales lui procurent les distractions et la détente nécessaires. Enfin, une Société d'habitations à bon marché, lui donne le moyen de se fixer définitivement, en lui permettant d'accéder, dans les meilleures conditions possibles à la propriété de son "home".