1929.02.14.Rapport de visite (sans émetteur ni destinataire) à la Safic
NB : Document, dont la copie image n'a pas été conservée, extrait d'un ensemble de notes concernant les sociétés en charge du ravitaillement en charbon de l'Afrique du Nord.
Visite à la Safic
Nous nous sommes rendus ce matin au siège social de cette Société, 6, rue de Pétrograd, et nous avons été reçus aussitôt par M. de la Chevasnerie.
Nous avons immédiatement exposé à ce dernier le but de notre visite qui était de savoir si notre offre pour 1.800 tonnes d'anthracite était acceptée ; nous ne lui avons pas caché que les prix montaient et que ces cotations ne pouvaient, par conséquent, pas être maintenues bien longtemps ; notre interlocuteur nous a répondu que ce point de vue, qu'il ne partageait du reste pas, le laissait indifférent étant donné que la mine Graigola lui avait coté, pour des anthracites rendus en Algérie, des prix inférieurs à ceux que nous avions indiqués caf. Dunkerque et caf. Rouen.
Nous croyons, à ce sujet, que notre maison de Dunkerque ne nous a pas mis en mains tous les éléments nous permettant de faire à la Safic une proposition favorable ; celle que nous avons remise visait des anthracites de première qualité, alors que nous aurions pu obtenir des anthraciteux bien meilleur marché, même si Graigola n'avait pas voulu nous coter pour cette destination. Du reste, cette dernière mine effectuant directement le transport de Swansea sur les ports algériens n'avait aucun frais de transit ni de stockage en cours de route, comme tel était notre cas.
M. de la Chevasnerie, qui connaît fort bien notre Maison et qui a failli en faire partie, s'est ensuite lancé dans les considérations générales et s'est longuement étendu sur le triste état dans lequel se trouvait actuellement le commerce des soutes, nous expliquant, en particulier, dans quelles conditions, généralement frauduleuses, s'opérait le charbonnage des navires dans les ports nord-africains. C'est pour des raisons de cet ordre qu'il a quitté la maison Moxey Savon dont il n'approuvait pas les procédés.
A l'heure actuelle, il est directeur de la Safic et fait aussi partie de la maison Balland-Brugneaux.
Pour conclure cet entretien, M. de la Chevasnerie a exprimé son espoir qu'il pourrait bientôt nous demander d'autres propositions et qu'éventuellement des affaires suivies pourraient s'établir entre notre Maison et sa Société.
Paris, 14 février 1929