1927.10.29.De Worms et Cie Bayonne
Copie de lettre
Le PDF est consultable à la fin du texte.Bayonne, octobre 1927
Messiers Worms & Cie - Paris
Messieurs,
Port de Bayonne - Nous venons vous donner les précisions que vous nous avez demandées au sujet des conditions d'admission les navires dans le port de Bayonne dans ces derniers temps.
Vous trouverez sous ce pli 3 exemplaires de documents, dont :
1°- le relevé des observations journalières du service du pilotage, pendant l'année 1925 ;
2°- le même relevé pour l'année ;
3°- un tableau, tapé à la machine, des calaisons admises pendant l'année 1927 jusqu'à ce jour, en attendant l'impression, lorsque l'année sera écoulée ;
4°- une liste des principaux bateaux de 3.000 à 5.000 tonnes de portée, entrés en 1927 dans le port de Bayonne, ainsi que le tirant d'eau, en pieds anglais, qu'avaient ces vapeurs à leur arrivée.
En suivant les indications fournies pour chaque jour, on se rendra compte d'une façon précise de ce qui est passé dans ces deux dernières années. Il est certain qu'il y a eu des périodes d'impraticabilité du port, pour cause de tempête ; ces journées étant marquées d'un astérisque dans les tableaux. Mais cela n'a rien de nouveau, et nous n'avons pas gardé souvenir, depuis de longues années, d'un bateau ayant été immobilisé quelque chose comme 25 jours dont on a parlé. Nous avons connu des faits de ce genre il y a une trentaine d'années, avant les travaux de dragage du port de Bayonne.
Il est certain que si I'on envoie un vieux bateau ayant un tirant d'eau considérable, et qu'il tombe dans notre port dans une période de morte-eau, il est exposé à être immobilisé. Mais ce n'est pas à cette époque de l'année que l'on risque de manquer d'eau parce que les dragages sont intensifiés au cours de l'été, et que la situation va s'améliorant progressivement jusqu'à l'entrée de l'hiver. Pendant l'hiver, le mauvais temps ne permet de draguer que d'une façon occasionnelle, et c'est pourquoi les calaisons admissibles sont généralement plus faibles pendant la période de février à mai, que pendant le reste de l'année.
Sauf tempêtes et mauvais temps exceptionnels, nous pouvons dire qu'à cette époque de lancée la question de tirant d'eau des navires pouvant être affrétés pour Bayonne, ne se pose pas ; il n'y aurait qu'une tempête allongée qui pourrait, comme cela arrive une fois ou deux en hiver, provoquer un arrêt des mouvements pendant quelques jours consécutifs.
Ce qui témoigne que dans l'ensemble on exagère les dangers ou risques d'immobilisation dans le port de Bayonne, soit parce qu'on généralise un cas isolé, par ignorance ou par intérêt, c'est que généralement les armateurs de "tramps", dont les bateaux fréquentent Bayonne d'une façon constante et régulière, s'en trouvent bien et s'estiment rémunérés de leurs risques par le supplément de fret qu'ils obtiennent pour notre port. Nous estimons que pour des "tramps" la situation spéciale du port de Bayonne n'est pas un obstacle ; elle ne l'est que pour des services de navigation régulière devant avoir des départs à date fixe et combinés en liaison avec d'autres ligues, comme c'est le cas de nos propres services.
Nous pouvons ajouter une précision rétrospective à ce sujet.
Avant la guerre, on avait dressé, avec le concours des courtiers maritimes, un bilan approximatif des immobilisations de navires à l'entrée et à la sortie du port de Bayonne, pour cause de mauvais temps pendant l'année entière. On avait multiplié le nombre de journées perdues par les bateaux, par le taux d'indemnité fixé pour les surestaries, et, pour un trafic qui portait alors sur un million de tonnes de marchandises, on était arrivé à une somme totale de 300.000 F, ce qui représentait alors le coût d'une prime de 30 centimes par tonne de marchandise transportée. Or, depuis cette époque la situation est restée sensiblement la même ; si l'on multiplie ce chiffre de 0,30 par le coefficient 5, nous arrivons à 1 F 50, soit 3 pence par tonne. Lorsque, donc, nous payons sous ce prétexte 6 ou 9 pence de plus à un armateur, il réalise au point de mathématique un bénéfice supplémentaire.
Nous espérons que ces précisions pourront être utilisées par nos courtiers et affréteurs.
Veuillez agréer, Messieurs, nos sincères salutations.
Worms & Cie