1917.11.13.De M. Gaudé, capitaine du Margaux.Southampton
Southampton, 13 novembre 1917
Messieurs,
J'ai le regret de vous annoncer que j'ai eu un abordage avec un transport anglais "Basil", je connais son nom maintenant, on me l'a appris à l'Amirauté britannique. Je suis en plein dans mon droit.
Je n'ai pas eu un moment, depuis que je suis ici, aussitôt mouillé sur rade de Sainte-Hélène, une chaloupe de l'Amirauté est venue me prendre et ne m'a renvoyé à bord qu'à 16 heures ; à 17 heures le pilote venait à bord pour me monter à Southampton et ce matin une vedette est venue me prendre pour me renvoyer aux bureaux de l'Amirauté.
J'ai fait mon rapport hier soir. Mais comme j'ai reçu une dépêche de Cardiff me disant de ne rien faire avant d'avoir vu Monsieur Thomas Cooper, je ne l'ai pas déposé au consul avant de lui avoir fait voir, je l'attends maintenant chez le courtier demain, je vous enverrai une copie de mon rapport, la plus grande partie de la manoeuvre a été exécutée par mon lieutenant car je venais de m'allonger tout habillé dans la chambre de veille et n'ai sauté dehors que lorsque j'ai entendu le sifflet.
Nous étions à ce moment-là à 6 m 5 dans le S 38 E des Owers et je faisais route au S 75 Ot vrai pour passer à 2 ou 3 milles dans le Sud Sainte-Catherine comme me le disaient mes instructions, ce navire nous coupait la route venant du large et je l'ai abordé par tribord.
"Margaux" a tout l'avant défoncé et renvoyé sur tribord j'ai eu envie un moment de continuer sur Cardiff mais après réflexion si nous avions eu un peu de mauvais temps pendant la
traversée, la cloison étanche aurait pu céder et j'aurais perdu mon navire, c'est pourquoi, Messieurs, je me suis décidé à rentrer ici.
Recevez, Messieurs, mes respectueuses salutations.
E. Gaudé