1917.03.08.De Worms et Cie Port-Saïd

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Worms & Cie

Port-Saïd (Égypte)
Le 8 mars 1917
Messieurs Worms & Cie - Paris

Messieurs,
Après avoir fermé notre lettre en date d'hier, que nous vous confirmons, nous avons eu le plaisir de recevoir les vôtres des 16 et 23 écoulé, ainsi que votre note du 26 du même mois nous portant réponse à notre compte courant au 31 décembre 1916.
Affrètements. Nous avons bien noté que les chartes-parties du 29 décembre, pour les vapeurs "X" et "Y" du Commonwealth Government of Australia, seront exécutées par les vapeurs "Booral" et "Carawa" aussi que le chiffre d'affrètements de 15.500 tonnes que vous nous aviez télégraphié le 31 écoulé, est en réalité d'environ 17.000 tonnes et se décompose comme suit :
"Austrafield", 6.000 tonnes (c'est probablement ce vapeur qui aura pris la mer le 28 février) "Toromeo" 5.900 tonnes (attendu prêt le 10 mars)
"talawa" 5.300 tonnes (attendu prêt le ler/15 avril)
soit trois bateaux du Commonwealth Government of Australia, affrétés par MM. Burness à 100/-.
Nous vous remercions des chartes-parties de ces vapeurs, lesquels doivent être déchargés à raison de 700 tonnes par jour.
En même temps que vos lettres, nous recevions votre télégramme du 6 ct, nous faisant part de vos craintes de voir tout ou partie de vos vapeurs du Commonwealth of Australia réquisitionnés. Nous nous sommes bornés à vous en accuser réception dans notre dépêche de ce matin, en ajoutant que nous allions voir le représentant de l'amirauté anglaise et que nous vous télégraphierions le résultat de notre entrevue. Nous avons bien vu dans la matinée le consul d'Angleterre, agent de l'autorité britannique, sur qui notre plaidoyer a paru produire de l'impression ; toutefois, il n'était pas bien certain d'être qualifié pour intervenir auprès de son gouvernement en notre faveur, et il doit nous dire plus tard dans la journée, après en avoir conféré avec le Senior Naval Officer, s'il lui est possible d'agir. Nous reviendrons plus en détail sur ce sujet dès que nous l'aurons revu.
Nous avions bien remarqué, à notre grand regret, que votre dépêche mentionnait "Shinsei Maru" dans l'énumération de nos bateaux coulés, et cette fâcheuse nouvelle nous est confirmée par votre dépêche du 5, que nous recevons à l'instant et qui a été retenue depuis hier au bureau de la censure, puisqu'elle porte "6 mars, 11,47 am" comme date d'arrivée à Port-Saïd. Nous vous retournons sous ce pli les documents relatifs à cette cargaison perdue.
Nous sommes très ennuyés d'apprendre que la situation dans les ports de la Méditerranée, loin de s'améliorer, s'aggrave chaque jour, mais nous espérons encore qu'on finira par se rendre compte de l'inanité de la taxation et que cette mesure ne sera pas appliquée à Port-Saïd.
Nous notons que "Eggesford" est arrivé en Angleterre et qu'il a pour 2 ou 3 mois de réparations.
Croix rouge britannique. Nous vous remercions de nous avoir fait suivre l'original de la lettre de cette société, relative à notre versement de février.
Coaling ss"Pegu". Vous aurez vu par notre lettre d'hier que nous étions déjà au courant, par MM. Burness, de la demande que MM. P. Henderson & C°, vous ont faite de leur réserver ici de 1.200 à 1.300 tonnes de charbon pour leur ss"Pegu", vers la mi-avril.
Chargeurs réunis ss."Panaghi Vagliano". Nous allons nous entendre avec l'agent des Messageries maritimes, qui aura à s'occuper de ce vapeur affrété, au sujet de la fourniture de charbon pour savoir si elle doit être facturée à la compagnie des Messageries, qui a la gérance du navire, ou au consulat de France.
M. Croisier. Nous rappelons à Suez que l'adresse de ce Monsieur n'est plus à Riom, mais 44, quai de Jemmapes à Paris.
Vapeurs neutres arrêtés au Canal. Le "Prinses Juliana" et le "Timpor" attendent toujours à Suez des ordres de départ qui n'arrivent guère, et il faut vraiment que les craintes de la Nederland soient excessivement sérieuses pour immobiliser ainsi un paquebot poste comme le "Prinses Juliana", plein de passagers, pendant voilà déjà un mois.
Liste noire. Nous vous remercions de votre nouvelle liste, à jour au 1er février dernier.
Votre dépêche de mercredi. Nous notons que vous n'avez rien affrété ou expédié depuis le 28 écoulé.
9 mars matin
Amirauté anglaise. Hier dans la soirée nous avons eu une note du consul d'Angleterre, dans laquelle il nous dit que le Resident Naval Officer, qui a été mis au courant de notre démarche, est tout disposé à soumettre notre cas à son amiral, pourvu que nous lui donnions par écrit tous les détails voulus concernant nos stocks disponibles, prochains arrivages, importance de nos livraisons, les charbonniers que nous avons récemment perdus par torpillage ou réquisition, etc. Le Resident Naval Officer nous invite en même temps à consulter préalablement le commandant Mc Michan, Coal Officer, (que nous connaissons personnellement), qui sera à même de nous indiquer la meilleure forme à donner à l'exposé écrit de notre cas. Nous n'avons pu rencontrer cet officier hier soir, mais nous avons laissé chez lui une note le priant de vouloir passer chez nous dans la matinée, et dès que nous l'aurons vu nous rédigerons immédiatement un exposé aussi détaillé que possible des circonstances qui nous obligent à faire appel à l'intervention de l'amirauté anglaise. Nous insisterons tout particulièrement sur l'urgence et l'importance des besoins en charbon de la Compagnie du canal, des Messageries, Chargeurs réunis et affrétés de l'État et espérons pouvoir convaincre l'amirauté que notre demande d'intervention est pleinement justifiée.
Veuillez agréer, Messieurs, nos bien sincères salutations.


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