1914.06.06.De Worms et Cie Bordeaux
7, allées de Chartres
Bordeaux, le 6 juin 1914
Messieurs Worms & Cie - Paris
Messieurs,
Grève. Nous vous confirmons notre lettre d'hier et possédons la vôtre de même date.
Ce matin le nombre d'hommes employés aux Appontements de Queyries, était de 255, soit 2 hommes de moins qu'hier. Sur ce nombre, il y avait 63 anciens, 15 hommes de la voie, 137 nouveaux et 40 matelots.
Le recruteur de M. Sursol lui adresse aujourd'hui 16 hommes qu'il a engagés dans la Haute-Garonne et dans l'Ariège et il doit lui en adresser une vingtaine demain. Tous ces hommes sont, paraît-il, solides et sérieux et ont signé le contrat qui leur a été soumis.
Comme vous le remarquerez, il y avait ce matin 137 hommes nouveaux auxquels viendront s'ajouter lundi les 36 hommes ci-dessus.
Nous comptons bien qu'un bon nombre de ces hommes resteront après la fin de la grève et qu'il y aura, de ce fait, une petite amélioration du côté de l'insuffisance de main d'uvre dont nous souffrons à l'état endémique. Il est bien fâcheux, à
ce propos, que l'on se soit réveillé si tard et qu'on ait pas fait depuis des années, ce que la Fédération maritime a essayé de faire sous la pression des événements et dans des conditions très défavorables, c'est-à-dire attirer des ouvriers nouveaux à Bordeaux.
En ce qui concerne la situation actuelle, nous vous avons dit hier que la partie était évidemment perdue : nous regrettons personnellement qu'on ait retardé encore jusqu'à mardi une décision que les importateurs de charbons étaient, au fond, désireux de prendre depuis le début du mouvement, ce dont les grévistes n'ont pas manqué d'avoir connaissance.
Veuillez agréer, Messieurs, nos salutations empressées.
[Signature illisible]