1873.11.10.A la Compagnie universelle du canal maritime de Suez.Paris

Origine : Copie de lettres à la presse du 25 octobre 1873 au 18 novembre 1873

10 novembre 1873
Monsieur le Président de la Compagnie universelle du Canal maritime de Suez
Paris

J'ai l'honneur de vous accuser réception de votre estimée en date du 8 courant, relative à l'incident qui s'est produit à Port-Saïd à l'occasion du passage du vapeur "Coromandel".
Je ne désire pas, Monsieur le Président, prolonger cette discussion davantage ni chercher plus longtemps à obtenir de vous une satisfaction que vous paraissez si peu disposé à m'accorder. Mais, malgré cela, je dois, avant que ce débat ne soit considéré comme clos, repousser de la façon la plus formelle les termes " d'agression venue de la part de mes agents " que vous avez cru devoir employer dans votre lettre, alors qu'il n'y a eu de la part de ceux-ci que l'expression d'une juste irritation devant un procédé que ni vous, Monsieur le Président, ni aucun membre de votre administration à Paris, n'auriez pour un instant songé à sanctionner. Les bons rapports que nous avons ici toujours eus ensemble, comme vous le rappelez vous-même, sont là pour en faire foi et pour appuyer ce que je viens aujourd'hui constater, à savoir que, si vos agents avaient été animés envers ma Maison du même esprit dont vous avez toujours fait preuve envers moi, ils n'auraient jamais refusé le 6 au matin un bon de prélèvement imputable au versement qu'ils savaient devoir être fait par moi ici dans la journée avec la régularité dont je ne me suis, je crois, pas encore une seule fois départi, mais, même en supposant que leur responsabilité d'agents ne leur eut pas permis d'aller jusque là, jamais ils n'auraient brusquement retiré le pilote du navire sans en prévenir ma Maison et sans lui accorder les quelques minutes nécessaires pour prendre d'autres mesures, chose qui heureusement ne lui est pas difficile, comme elle l'a prouvé. Il est regrettable, Monsieur le Président, qu'au lieu d'avoir affaire en Égypte à des hommes y reproduisant les disposions toutes bienveillantes dont vous êtes animé ici, ma Maison soit en rapport avec des agents dont, presque sans exception, chacun individuellement et en ce qui est de son ressort, paraît avoir pour seul but de lui faire sentir qu'elle est, dans les petites choses comme dans les grandes, soumise à son caprice et à son arbitraire. C'est là, Monsieur le président, la véritable situation, et si vous n'en avez peut-être pas connaissance ici, mon expérience de chaque jour me permet de vous garantir l'exactitude de ce que j'avance.
Ceci dit, je n'insisterai pas. Je reste, moi, avec l'affront qui m'a été fait et dont heureusement ma position bien établie me permet de ne pas redouter les conséquences ; votre agent, lui, puisque votre Compagnie désire être intéressée dans la question, reste avec la réponse que mes agents ont faite à sa conduite et aussi avec le blâme que votre agent supérieur à Alexandrie, avec son esprit d'équité habituel, n'a pu s'empêcher de lui infliger.
Veuillez...

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